MUSIQUE

Le chef américain Roderick Cox, nouveau maestro de l’Opéra Orchestre National Montpellier Occitanie

24-04-24 - 16:05
24-04-24 - 17:32
Étoile montante de la scène musicale internationale, le jeune chef d’orchestre américain, Roderick Cox a fait le choix de Montpellier où il vient d’être nommé directeur musical de l’Opéra Orchestre National Montpellier Occitanie. Avec pour principaux objectifs, la découverte de nouveaux répertoires, la diversification des publics, mais aussi le rayonnement de Montpellier et de son orchestre.
Roderick Cox, le nouveau directeur musical de l'opéra orchestre national Montpellier dirigeant au dessus des toits de la ville
© Guilhem Canal
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En février dernier, son remplacement au pied levé du chef Ryan Bancroft, porté malade, avait fait se soulever d’enthousiasme toute la salle du Symphony Hall d’Atlanta (États-Unis). On savait le jeune Roderick Cox, 36 ans à peine, solide et expérimenté. Titulaire de deux récompenses parmi les plus estimées dans le monde de la direction d’orchestre : le prix Sir Georg Solti et le prix Robert J. Harth du Festival de musique d’Aspen (Colorado). Et ayant dirigé les formations les plus prestigieuses, de New-York à Londres, en passant par Berlin ou Los Angeles. Avant ses récents débuts avec le Boston Symphony ou l’Orchestre de Paris. La critique était en droit de se demander s’il tiendrait le choc. On le découvrit magistral. Doué d’un sens musical extrême, en communion quasi « télépathique » avec son orchestre.

Les formations les plus prestigieuses du monde

C’est dire l’importance de l’arrivée à la tête de l’Opéra Orchestre National Montpellier Occitanie, dans un poste de directeur musical, spécialement taillé à sa mesure, d’un chef de cette envergure – certes encore en phase ascendante de carrière – mais déjà acclamé par le public et la critique internationale, comme l’un des plus talentueux de la nouvelle génération.

Roderick Cox sur le balcon de l'Opéra Comédie le jour de sa nomination entouré du président de la Métropole, Michaël Delafosse
© C. Marson

Aux côtés de Michaël Delafosse, président de la Métropole de Montpellier et Roderick Cox, nouveau directeur musical de l'Opéra Orchestre National de Montpellier : de g. à d. : Valérie Chevalier, directrice générale de l'Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie ; Christian Assaf, vice-président de Montpellier Méditerranée Métropole, conseiller régional ; Éric Penso, vice-président de Montpellier Méditerranée Métropole, délégué à la culture ; Bernard Serrou, président de l'Opéra Orchestre National Montpellier Occitanie ;  Michel Roussel, directeur de la DRAC Occitanie. 

Un enfant du Sud de l'Amérique

Enfant du Sud profond de l’Amérique, né à Macon, en Géorgie, il a confié dans le documentaire Conducting Life, que lui a consacré la réalisatrice Diane Moore en 2020, l’envers de cette légende un peu dorée, d’une ascension rapide et linéaire. Rappelant sa découverte de la musique sur les bancs de l’église, en écoutant sa mère chanter parmi les chœurs. Avant ses études à la Schwob School of Music, suivies d’un cursus à la Northwestern University, où il obtient son diplôme en direction d’orchestre en 2011. Mais sans rien cacher des années douloureuses et difficiles, sauvé par l’énergie d’une mère enchaînant les emplois pour maintenir la famille à flot. Avant le parcours incessant des voyages et des auditions, valise à roulettes en main. Baltimore. Détroit. Salt Lake City. Les refus, les doutes, les déceptions. Se rappelant sans doute les mots de Mallory Thompson, enseignante à la Northwester University : « Le métier de chef est une profession brutale, avec beaucoup d’aspirants et peu de postes ». Jusqu’à ce jour d’avril 2016 et son audition parfaite sur une symphonie de Brahms qui lui ouvre son premier poste de chef associé du Minnesota Orchestra.

« Le pari de la jeunesse et de l’ouverture sur le monde »

Dès la rentrée de septembre, Roderick Cox va concilier son poste de directeur musical de l’Opéra orchestre national de Montpellier, avec sa carrière internationale de chef invité. « L’occasion, pour le maire de Montpellier et président de la Métropole, Michaël Delafosse, de faire rayonner notre ville dans le monde entier, de créer des coopérations, d’être fidèle à la tradition d’accueil, de jeunesse, d’ouverture de Montpellier ». Avec un premier rendez-vous pour les Montpelliérains, les 22, 24 et 26 mai au Corum, lors des représentations de l’opéra de Puccini, La Bohème. Une représentation qui sera enregistrée et retransmise sur écran géant dimanche 2 juin à 20 h, au Peyrou, lors d’un événement gratuit pour porter la découverte de l’opéra au plus grand nombre. 

Opéra Orchestre National Montpellier Occitanie/Pyrénées-Méditerranée – 04 67 60 19 99 

opera-orchestre-montpellier.fr

The Roderick Cox Music Initiative (RCMI)

C’est en 2019, pour ouvrir la voie vers la musique à toute une nouvelle génération de jeunes musiciens noirs-américains, qu’a été mis en place le projet éducatif « Roderick Cox Music Initiative ». Les fonds attribués permettent de financer l’achat et réparation d’instruments, les programmes d’enseignements, cours privés, mentorats, universités d’été. roderickcox.com

Portrait de Roderick Cox à l'intérieur de l'opéra Comédie
Roderick Cox à l'Opéra Comédie - © Guilhem Canal

Entretien avec Roderick Cox

Montpellier : un grand honneur et « un rêve »

Roderick Cox : C’est un grand honneur pour moi d’être ici à Montpellier. D’avoir été choisi pour assurer le poste de directeur musical d’un orchestre aussi fantastique que celui de l’Opéra Orchestre National de Montpellier Occitanie… La première fois que je suis venu ici, j’avais peine à croire qu’il était possible de réunir sur un même territoire autant d’atouts. Un orchestre si passionné et sensible, mais aussi la gastronomie, les bons vins… C’était pour moi comme un rêve !

Une sonorité d’orchestre exceptionnelle

Quand un chef travaille avec un orchestre, vous savez, c’est comme un peu un rendez-vous amoureux. Dès les premières minutes, vous savez si les choses vont bien se passer ou pas. Avec l’orchestre de Montpellier, j’ai tout de suite été impressionné par cette sonorité très particulière, personnelle. Son lyrisme, son expressivité. Avec un vrai sens du leadership qui permet des collaborations passionnantes. Un chef d’orchestre ne produit pas le son, il ne peut que l’inspirer. J’ai très envie de faire entendre ce travail fait à Montpellier, dans des projets d’enregistrements qui sont toujours importants pour la vie d’un orchestre, mais aussi par des tournées, pour amener d’autres villes en France à découvrir l’orchestre fantastique qui est ici.

S’ouvrir à de nouveaux publics

La période que nous avons traversée, avec le COVID, nous a tous placés dans un espace d’isolement. J’ai envie de renouer avec ce partenaire essentiel, le public. Le mettre au cœur de nos préoccupations pour qu’il nous accompagne dans toutes nos décisions, notre projet artistique. La culture fait face aujourd’hui à de nombreux challenges, mais je suis optimiste quant au futur que nous allons bâtir ensemble… Quant au répertoire que je compte explorer ? De la musique américaine, bien sûr. À commencer par celle de Samuel Barber (1910-1981) trop peu jouée en Europe. Mais aussi William Dowson (1899-1990) auteur du magnifique Negro Folk Symphony, Jennifer Higdon (1962-), John Adams (1947-) ou le tout jeune Carlos Simon (1986 -)… Mais j’ai aussi très hâte d’explorer la musique française et ses grands maîtres, Debussy, Ravel, Berlioz. Présenter une palette différente, d’autres couleurs à chaque saison.