Vous avez participé au Tour de France en 1981 (90e du classement général). À quel point cette épreuve cycliste est difficile ?
Patrick Hosotte : Tout d’abord, il faut être sélectionné par son équipe pour participer au Tour. Ce n’est déjà pas facile. Puis, il faut aussi être très bien préparé. Ce sont des années d’efforts et d’abnégation pour atteindre ce niveau-là. Le Tour, c’est très fatigant… mais c’est faisable ! Pour un jeune coureur comme moi à l’époque, c’était impressionnant. Tous les jours, on a mal aux jambes en début d’étape et puis ça se met en route… L’ambiance du Tour donne de la motivation. Le public pousse aussi. Quand on est dedans, on est un peu dans notre bulle. Mais on voit bien que le public nous considère presque comme des héros, et ses encouragements font chaud au cœur !
Quels sont vos souvenirs les plus marquants ?
P.H. : Cette année-là, on partait de Nice. La Promenade des Anglais, c’est magnifique et prestigieux ! Ensuite, je me souviens d’une étape dans le Nord, avec des pavés. J’étais dans le groupe de tête et en super forme. Mais mon leader, le champion de France Serge Beucherie, a crevé. J’ai donc dû lui donner ma roue et j’ai été distancé… C’est le rôle de l’équipier sur le Tour. Il faut s’oublier et tout donner pour l’équipe et son leader. Enfin, je me souviens aussi de l’étape de Nantes. Il y avait eu une grosse chute à 30 km de l’arrivée. J'ai été pris dedans en compagnie du maillot vert Freddy Maertens. Genoux en sang et compagnie… Mon frère, qui était mon coéquipier chez la Sem - France Loire - Campagnolo, m’avait attendu pour me ramener sur le peloton. Il a reçu le prix du meilleur coéquipier ce jour-là. Nous avions eu les honneurs de la presse le lendemain. C’était la belle histoire de l’étape : deux frères, français, qui se battent ensemble contre le mauvais sort…


Votre pire et votre meilleur moment sur le Tour ?
P.H. : Le pire… Peut-être l’étape de l’Alpe d’Huez… Elle était très longue, plus de 250 km je crois… Cela correspond à plus de huit heures sur le vélo ! C’était très dur, j’étais épuisé… notamment pendant la montée de l’Alpe d’Huez. Mais je me souviens aussi du soutien du public pendant l’ascension. Sinon, j’avais réussi un très bon sprint sur les Champs Elysées (11e) et j’étais très content de finir le Tour sur cette petite performance.
Suivez-vous le Tour en tant que spectateur ?
P.H. : Oui, bien sûr ! À la télévision ou bien à Montpellier, où j’ai pu suivre plusieurs belles arrivées au sprint et un contre-la-montre par équipe. On se rend mieux compte de l’ambiance sur le bord de la route que quand on est en plein effort sur le vélo. C’est super que cette année ils passent à Montmartre, comme pour la course des JO. J’y étais et j'ai vécu un moment incroyable l’an dernier. La ferveur et le murmure de la foule qui montent petit à petit… Comme une bulle de son qui gonfle et se propage… D’abord, l’hélico passe. Puis les voitures arrivent. Et ensuite... les coureurs ! On les voit plus grands que nature, c’est étrange. Il y a un petit côté « chevalier lancé à pleine vitesse » ! C’est presque du théâtre. Ça donne des frissons. Qu’on soit fan de vélo ou pas du tout, je pense que ça fait toujours quelque chose…
Le Tour de France à Montpellier, qu’est-ce que cela représente ?
P.H. : Montpellier est une collectivité très engagée pour le vélo, et elle mérite d’accueillir le Tour de France. C’est aussi une ville traditionnelle de passage du Tour, entre Pyrénées et Ventoux. Cela participe incontestablement au rayonnement de la ville. Et en étant ville départ, nous aurons de belles images aériennes de Montpellier et des paysages alentour, avec notre belle lumière méditerranéenne ! Il y aura une belle ambiance, de beaux moments à partager. Sur le plan sportif, je pense que cela va être une étape importante pour le classement général. Et puis, ce sera un peu particulier pour moi : je serais présent sur le départ de l’étape et je partirai ensuite en retraite le lendemain. Le symbole est marrant. La boucle est bouclée avec la Grande Boucle !


Le Tour à Montpellier, Montferrier-sur-Lez et Prades-le-Lez
- 21 juillet : jour de repos
- 22 juillet : départ de l'étape Montpellier - Mont Ventoux vers midi depuis la place de l'Europe.
- À ne pas manquer : l’exposition gratuite Collection Tour de France de Louis Nicollin à l'hôtel de Ville et l’écran géant du Fan Park (en accès libre), installé à Antigone.
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