Un vent glacial balaie le square Planchon, à Montpellier, ce 8 janvier. Le froid n’entame pas la détermination de la trentaine de personnes impliquées dans le tournage du court-métrage intitulé Enfances d’Elias, qui débute le jour même. Réalisé par Mandana Ferdos, le film retrace le séjour d’un jeune clandestin afghan, en attente à Montpellier d’un passeur qui pourrait l’amener à Calais et rejoindre le Royaume-Uni. Un sujet d’actualité que la jeune femme, d’origine iranienne, porte en elle depuis longtemps.
Un sujet brûlant
Pour financer son projet, elle s’est adressée à deux sociétés de production montpelliéraines. La première, Films d’Ici Méditerranée est une structure de poids dans le paysage cinématographique régional. La seconde, Marnie Production s’est longtemps spécialisée dans le service de post-production (montage, mixage, étalonnage). C’est la première fois que les deux entreprises s’associent autour d’un film de fiction. « Nous suivions Mandana depuis longtemps, explique Sophie Cabon, productrice déléguée des Films d’Ici. Elle a besoin de tourner un court-métrage qui lui servira de carte de visite pour financer son futur long-métrage. » « Elle a une écriture visuelle très particulière, renchérit David Thiers, fondateur de Marnie Production. Et son sujet a du sens ».
Le soutien de la Métropole de Montpellier
Les producteurs ont fait leurs comptes : le projet devrait coûter au minimum 75 000 euros. Une coquette somme obtenue notamment grâce aux apports de la Région Occitanie et du Fonds d’aide à la création des industries culturelles et créatives mis en place par la Métropole de Montpellier. Ce dispositif, créé en 2022, sert à soutenir des projets culturels exigeants (documentaires, courts-métrages de fiction, mais aussi œuvres d’animation ou jeux vidéos). Pour être éligible et passer la sélection d’un comité de lecture, plusieurs critères sont exigés dont celui de faire travailler l’écosystème local. Enfances d’Elias traite aussi d’un sujet que connaît le territoire (à savoir le problème des mineurs migrants non accompagnés), la réalisatrice ayant fait des recherche auprès d’organismes locaux.
« Je ne travaille qu’à Montpellier »
La production n’a eu aucun mal à satisfaire ce dernier critère. « Il y a une dizaine d’années, il était compliqué de trouver des professionnels de qualité dans la région. Si nous voulions tourner à Montpellier, il fallait les faire descendre de Paris. Les choses ont considérablement évolué », explique David Thiers. Sophie Bernard, la cheffe électro sur le plateau, s’est lancée dans le métier il y a quelques d’années. « Je ne travaille que sur Montpellier et la région. La multitude des tournages me permet de gagner ma vie dans la ville que j’habite et je n’ai quasiment jamais travaillé ailleurs. »
Un écosystème de qualité
La quasi-totalité de l’équipe est dans ce cas. Cela facilite grandement la mise en place des projets car les producteurs savent qu’ils peuvent s’appuyer sur un écosystème de qualité. L’arrivée au milieu des années 2010 des studios de tournage de séries télévisées a déclenché une dynamique considérable. Le climat, la qualité des sites extérieurs, des écoles de formation aux différents métiers et des entreprises de postproduction, sont des facteurs importants pour monter des projets audiovisuels. L’appui politique, présent dès le début, ne s’est jamais démenti. Le Bureau des tournages, instauré par la Ville de Montpellier, a prouvé son efficacité. Les productions qui veulent tourner sur l’espace public s’adressent à ce service afin de faciliter les autorisations. C’est ainsi que le tournage d’Enfances d’Elias, durant toute la semaine de prises de vues, pourra investir l’Écusson et le site de l’ancien Évêché. Viendront ensuite deux mois de post-production, exécutés à Montpellier. Une fois le film complètement achevé, les producteurs partiront en quête de distributeurs et de festivals susceptibles de le diffuser. Une autre aventure commencera alors…