Pour éviter une reproduction non contrôlée des pigeons et des plaintes liées à leurs déjections, la Ville de Montpellier a décidé d’agir. Un pigeonnier contraceptif installé depuis février dans le parc Tastavin (quartier Croix d'Argent) a été inauguré le 23 juillet, par Michaël Delafosse, en présence de Stéphane Jouault, adjoint au maire, délégué à la Nature en ville et à la Biodiversité, Nicole Marin-Khoury, adjointe au maire déléguée aux quartiers Croix-d'Argent, Près d'Arènes et aux séniors, et Eddine Ariztegui, adjoint au maire délégué au Bien-être animal. Cette installation permet la régulation de la population de pigeons de manière respectueuse.
Des solutions éthiques et durables
« La place des animaux dans une ville est un sujet qui n’a pas toujours fait l’objet de questionnements. Il y a des façons de faire qui pouvaient poser question et nous affirmons la nécessité d’être plus respectueux de la nature, à l’aune de la disparition des espèces. En effet, les politiques de régulation des populations de pigeons ont évolué. Aujourd’hui, nous optons pour des solutions éthiques et durables, a rappelé Michaël Delafosse, maire de Montpellier.
Trois pigeonniers et des méthodes complémentaires à l'étude
Ce pigeonnier, qui peut abriter jusqu'à 200 pigeons, permet de stériliser ces oiseaux par une méthode efficace et étique, sans souffrance animale (voir les explications de Eddine Ariztegui ci-dessous).
La Ville dispose aujourd'hui de trois pigeonniers : celui installé depuis 2003 sur l'esplanade Charles-de-Gaulle, celui du parc Tastavin et un dernier dans le parc Édouard André à Celleneuve, depuis février. D'autres pigeonniers devraient bientôt suivre dans différents quartiers. Une étude de la régulation par graines contraceptives est également en cours afin de définir si cette méthode utilisée à l’étranger (Bénélux, Espagne notamment) pourrait compléter l’action des pigeonniers contraceptifs tout en garantissant un protocole sécurisé. Cette action volontariste et engagée fait partie de la politique de la ville en matière de condition animale et a été récompensée d'un second rang national au palmarès 2023 « Une ville pour les animaux » établi par l'association L214. Cette démarche s'inscrit dans le cadre plus large de la délibération votée en conseil municipal jeudi 11 juillet 2024, rappelant l’engagement de Montpellier en matière de bien-être animal. Les deux nouveaux pigeonniers ont coûté 38 000 euros, soit 19 000 euros l’unité.
Montpellier, un exemple
Dans le cadre de la campagne de Projet Animaux Zoopolis faisant la promotion de méthodes éthiques de régulation des pigeons, Montpellier a été filmée et prise en exemple pour sa méthode non létale et indolore de régulation de pigeons (avril 2024).
L’installation des pigeonniers s’inscrit dans une série de mesures prises par le conseil municipal du 11 juillet qui permettent une reconnaissance nationale de Montpellier, ville éthique au niveau du bien-être animal. Le fonctionnement des pigeonniers contraceptifs est simple. Les pigeons ont des graines à volonté, de l’eau et un abri. C’est un véritable hôtel quatre étoiles pour eux ! Un technicien vient toutes les deux semaines pour stériliser l’œuf, en le secouant. L’œuf se désagrège avant éclosion, et n’arrive pas à maturité. On agit sur l'œuf directement pour éviter que les pigeons ne pondent de nouveau. L’eau et la nourriture permet de fidéliser les pigeons, pour qu’ils reviennent au pigeonnier. L’intérêt est de pérenniser et de réguler la population, mais aussi de centraliser les pigeons qui font leurs déjections dans le pigeonnier. Ce système présente de nombreux avantages, il permet de contrôler la population sans recourir à des méthodes létales, tout en concentrant les déjections dans une zone spécifique facilitant le nettoyage. Nous sommes attentifs à d’autres méthodes contraceptives, notamment des graines déjà testées en Espagne et dans les pays du Benelux, c’est intéressant, mais il convient de mieux étudier ce procédé et définir un protocole sécurisé. D’autres communes gazent les pigeons, ce que je regrette. Ma boussole est d’avoir une politique publique sans souffrance pour les animaux. Il faut apprendre à cohabiter avec les animaux de façon responsable et éthique, c’est ce que nous faisons avec ce type de régulation par pigeonnier contraceptif.
Je coordonne la cellule écologie urbaine à la Ville de Montpellier, une équipe de trois personnes. Nous nous occupons essentiellement de la gestion des espèces animales à enjeux sanitaires telles que les rats, les insectes, les blattes, les frelons et les guêpes... Les pigeonniers installés dans la ville ont été conçus par la société, Sogépi Servibois fabricant de pigeonnier contraceptif en bois. Elle a élaboré le concept. Ces pigeonniers de 5,4 mètres de haut peuvent accueillir 80 couples, soit 160 pigeons Biset. L'idée, c'est de fidéliser les pigeons au pigeonnier grâce à des appelants, des pigeons élevés par la société. Enfermés pour un temps dans le pigeonnier et une fois bien à l’aise, ils attirent leurs congénères présents sur le quartier. Ces trois pigeonniers sont plutôt bien accueillis par les pigeons, le taux d’occupation est assez élevé, leur ponte est le signe qu’ils s’y sentent bien. Un technicien assure le nettoyage des pigeonniers toutes les deux semaines. Il est équipé d’une combinaison et d’un masque car la concentration de déjections à l’intérieur peut représenter un risque sanitaire ; après le nettoyage complet du pigeonnier, il secoue les œufs, met de l’eau et des graines de céréales à disposition. Un peu dérangés par l’opération, les pigeons, ressortent, s’envolent mais reviennent rapidement. Les agents n’ont jamais été attaqués par ces animaux pacifiques, la vraie nuisance provient de leurs fientes. Nous recevons des signalements et des plaintes constantes de désagréments liés aux pigeons, mais pas d’explosion des mécontentements. Le véritable problématique est souvent liée aux personnes qui les nourrissent.