Votre plus grand souvenir de carrière ?
Philippe Walter : J’ai rejoint le service architecture de la Ville de Montpellier au début des années 90. Les projets ne manquaient pas. La Ville s’équipait sous l’impulsion de son maire, Georges Frêche. Médiathèques, piscines, zoo, maisons pour tous, écoles, gymnases… Moi ce qui m’intéressait c’était le bâtiment sportif. Je suis originaire de Nancy. Très tôt, j’ai développé un goût naturel pour le sport. J’ai un peu pratiqué, le foot, le rugby, l’athlétisme, mais sans jamais accéder au haut niveau. Alors en 1994, alors que se profilait l’accueil à Montpellier de plusieurs matches de la Coupe du Monde de Football prévue quatre ans plus tard, j’ai postulé pour suivre le chantier de rénovation et d’agrandissement du stade de la Mosson. Et vivre ainsi de l'intérieur un événement sportif de cette ampleur.
Dès le début des travaux, vous avez pensé à documenter chaque étape de votre travail ?
P.W. : Oui, c’est un peu un trait de famille. Un goût de l’histoire, de la collection, pour conserver et transmettre. Aujourd’hui encore je fais partie d’un cercle généalogiste… Alors, dans mon travail, j’ai appliqué cette méthode personnelle, de tout collecter, conserver, classer, archiver. Avec la ferme conviction, que de la place qui était la mienne, au cœur de l’événement et de la « machine », il me serait possible de faire acte de témoignage pour les générations futures. Et c’est ainsi que pendant toute la durée du chantier, puis de l’événement, j’ai tout conservé.
Avez-vous une idée du nombre de documents que vous avez confiés aux Archives ?
P.W. : Plusieurs centaines. Souvenirs personnels de toute la période préparatoire aux travaux, études, plans, dossiers, photos… Mais aussi de l’événement, des objets promotionnels, pins, casquettes, écussons, cartes téléphoniques. France-Télécom avait même sorti un téléphone fixe décoré de la mascotte Footix, avec une antenne surmontée d'un petit ballon de football.
Des souvenirs d’une vie… Pourquoi les donner aujourd’hui ?
P.W. : J’ai appris par la presse que les Archives de Montpellier lançaient une grande collecte sur le thème du sport. Je me suis dit que c’était le moment. Pourquoi garder chez soi tous ces souvenirs dans des cartons. Alors que dès le départ j’avais pour idée de les préserver et de les transmettre. Quoi de mieux que les confier aux Archives, puisque c’est la garantie de les voir pour toujours conservés, protégés, valorisés… J’ai une collection importante de photos. J’ai tout fait numériser et donné les originaux.
Y-a-t-il des moments forts que vous retenez de cette période ?
P.W. : Plusieurs. Mon premier jour en arrivant dans mon bureau au service des sports, dans la pièce qui m’était destinée, vide, avec juste un téléphone, un tableau blanc. Nous étions à quatre ans de l’événement, tout était à construire. Autre temps fort, le premier coup de sifflet sur la pelouse, pour le match Maroc/Norvège, le 10 juin 1998, à 21h… J’ai retrouvé aussi Michel Platini, qui coprésidait l’organisation du Mondial. Nous étions tous deux originaires de Nancy. J’avais travaillé là-bas pour le District avant de venir à Montpellier et je m’étais occupé de travaux sur le stade de football Marcel-Picot. Il m’avait amené plusieurs fois au stade dans sa R5. Nous nous sommes retrouvés à Montpellier. Il venait surveiller l’avancement des travaux. Et lorsque nous allions à la buvette j’en profitais pour découper des papiers et lui faire signer les autographes que tout le monde me réclamait…
S’il fallait n’en garder qu’un ?
P.W. : Étrangement, la plus grande émotion est venue lorsque tout s’est terminé. Je me souviens très bien de cette journée, en septembre 1999 où je suis allé au stade. Tout avait été démonté. On entendait juste chanter les oiseaux dans les arbres. Après tous ces longs mois vécus dans l’agitation du chantier et le bruit, tout d’un coup c’était le silence.
Archives de Montpellier – Grande collecte des archives du sport
Photos, affiches, programmes, cartes de licenciés, films, cassettes vidéo… Pendant plus d’un an, jusqu’au 9 juin dernier, les Archives de Montpellier se sont associées à la grande collecte nationale démarrée à l’approche des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. L’appel à participation lancé à tous les habitants de Montpellier, sportifs amateurs ou professionnels, supporters et passionnés, a permis d’enrichir les collections patrimoniales et la connaissance de l’histoire de notre ville.
Archives de Montpellier, 1 place Georges Frêche – 04 67 34 87 50 – archives.montpellier.fr