La Bulle Bleue, un ESAT pas comme les autres
Les établissements et services d’accompagnement par le travail, anciennement appelés CAT jusqu’en 2005 (centres d’aide par le travail), jouent un rôle clé dans l’accès à l’emploi des personnes en situation de handicap, à qui ils proposent une activité professionnelle ainsi qu’un soutien médico-social et éducatif en milieu protégé.
La Bulle Bleue installée aux Bouisses, dans le quartier de La Martelle, est un ESAT, mais un ESAT pas comme les autres. La particularité de cette structure est d’être un ESAT Théâtre, une fabrique artistique innovante et inclusive. Né il y a douze ans, l’ESAT La Bulle Bleue est une expérience inédite au niveau national : il n’existe que six ESAT théâtre parmi les 1 400 établissements de France. La Bulle Bleue est un lieu animé par une équipe composée de comédiens et de techniciens du spectacle vivant, ainsi que de jardiniers, de cuisiniers et de chargés d'accueil en situation de handicap. « Dans cette troupe permanente, les comédiens et comédiennes entrent pour plusieurs années. La plupart accomplissent au sein de La Bulle Bleue la majeure partie de leur formation d’acteur », précise Stéphanie Teillais-Blandamour, chargée de communication à la Bulle Bleue.
La Bulle Bleue honorée au travers de sa directrice
À la tête de La Bulle Bleue, Delphine Maurel, la directrice qui en octobre 2023, a été décorée et promue au grade de Chevalier, dans l'ordre des Arts et des Lettres. Cet ordre récompense les personnes qui se sont distinguées par leurs créations dans le domaine artistique ou littéraire ou par la contribution au rayonnement qu'elles ont apportée au rayonnement des Arts et des Lettres en France et dans le monde. Depuis toujours animée par les soins et la culture, Delphine Maurel se réjouit d’une médaille qui : « boucle un cycle décennal, qui est un cycle d’émergence du projet. Cette reconnaissance officielle du travail accompli avec toute l’équipe nous engage et nous encourage à poursuivre notre mission. »
D’octobre à juin une offre culturelle inédite
Depuis 2012, la compagnie La Bulle Bleue créée, avec des artistes associés, des spectacles et vit au rythme de temps forts pluridisciplinaires où se rencontrent artistes et spectateurs. Le collectif d'artistes associés à La Bulle Bleue réunit Paola Stella Minni, Konstantinos Rizos (Futur Immoral) et Nicolas Heredia (La Vaste Entreprise), proposent une offre culturelle diversifiée. « D’octobre à juin, nous créons des spectacles, et accueillons des artistes, auteurs, dont le travail interroge les normes. Cette saison, nous donne encore beaucoup d’occasions de voir ou de découvrir, la troupe des comédiens de la Bulle Bleue sur scène, lors d’une dizaine de reprises dans plusieurs propositions, nouvelles ou anciennes, explique Stéphanie Teillais-Blandamour, chargée de communication à La Bulle Bleue. Dès le 2 octobre, rendez-vous pour trois soirées de performance chorégraphique et sonore dans Tout droit et de Dos #Vouar, puis, dans une exploration libre du Sacre du Printemps, Tout droit et de Dos #Euphoria à partager en trois soirées, les 20 décembre, 21 mars et 20 juin. La Bulle Bleue redonnera également Le bal, le 14 novembre, joyeuse invitation à danser avec nos corps tels qu’ils sont. Et à ne surtout pas rater, Julien, Solo de l’un des comédiens de La Bulle Bleue avec Maguelone Vidal, le 5 mars à la Scène Nationale de Sète, puis les 6 et 7 mai au théâtre Jean Vilar à Montpellier. »
>>> Plus d’infos sur : labullebleue.fr/saison
La Bulle Bleue centre de formation, création de la première session en mars 2025
Idée Innovante, La Bulle Bleue lance une session de formation de quatre semaines en mars 2025 au métier de comédien, ouverte à tout adulte, en situation de handicap ou pas, qui souhaite se professionnaliser. « Nous tenions à ce que ce soit une formation non limitée en âge, non réservée à des personnes en situation de handicap, réunissant des stagiaires qui souhaitent approfondir leur pratique du théâtre avec des professionnels, dans un vrai esprit inclusif où la singularité des uns et des autres est valorisée et vient nourrir le travail théâtral, annonce la directrice de la Bulle Bleue. Nous mettons notre expérience, nos espaces de travail, et associations des professionnels et artistes aguerris à cette nouvelle formation qui accueillera une douzaine de stagiaires. Une deuxième session, sera organisée, dans le même esprit, en novembre 2025. »
Je suis directrice d’établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux, diplômée de l’EHESP (École des Hautes Études en Santé Publique) à Rennes après des études en économétrie et économie de la santé, à Montpellier puis Paris Université Dauphine. J’ai dirigé un Foyer Départemental de l’Enfance, ainsi qu’un Centre Maternel. En février 2012, j’organise l’ouverture de la Bulle Bleue, structure que je dirige depuis et en assure la direction artistique en lien avec l’artiste associé. J’avais auparavant eu un parcours de comédienne. Je suis également directrice des Ateliers Kennedy, ESAT partenaire de La Bulle Bleue. Ces deux structures sont des établissements de l’Association Départementale des Pupilles de l’Enseignement Public 34 (ADPEP 34). Notre particularité, et même notre rareté, est que la Bulle Bleue soit un lieu de travail et de formation dédié aux professionnels du spectacle (comédiens et techniciens), une fabrique artistique pour chercher, expérimenter et faire se rencontrer ceux qui ne se rencontrent pas toujours dans la société. Concernant la visibilité des personnes en situation de handicap, les Jeux paralympiques que nous venons de vivre m’ont questionnée. Ils ne doivent être qu’une euphorie éphémère. J’espère un effet bénéfique. Les personnes en situation de handicap ont besoin d’une place dans la société et non pas de compassion. C’est un enjeu sociétal inclusif. J’ai apprécié lors de ces jeux paralympiques, le regard énergique et enthousiaste du public, sur la différence et la visibilité des corps assumés, moi qui suis coutumière de les voir au quotidien. Que ce soit sur un plateau sportif, un théâtre, dans une salle d’exposition ou dans une salle de concert, gagner sa place d’artiste ou de sportif, c’est dans un monde ordinaire pour une personne en situation de handicap, de ne pas toujours être dans l’hyper performance d’un corps parfait. L’exposition médiatique et la visibilité ont vraiment été bien organisées par la France Télévision. La référence sont les jeux paralympiques de Londres 2012. Dans cet élan, a été créé Unlimited, le plus grand festival du Royaume-Uni qui célèbre la créativité des artistes en situation de handicap. J’espère que Paris s’en inspirera. Je me dis que ces jeux vont peut -être donner un peu d’élan, vu les millions de personnes qui ont regardé les jeux à la TV et qui se sont déplacées pour applaudir les athlètes. Je pense que cette valorisation est positive car les personnes en situation de handicap ont tendance à se positionner en seconde zone à travers le regard qu’elles ont l’habitude de voir porté sur elles. J’ai encore de l’émotion. J’ai éprouvé de l’orgueil pour elles, moi qui les côtoie chaque jour. Elles sont pleinement citoyennes et ont beaucoup de choses à défendre. Il faut que l’impact soit réel et ne reste pas dans l’événementiel. La bonne volonté n’est pas suffisante, la société doit leur donner les moyens d’adaptation avec de vrais choix politiques et budgétaires. École inclusive, personne en fauteuil, personne déficiente intellectuelle, qui a besoin d’un éducateur... D’où l’importance des moyens... Beaucoup de personnes en situation de handicap ne veulent pas d’allocations, mais avoir un métier, une rémunération, une activité. Si ces jeux paralympiques pouvaient donner de l’élan aux entreprises, aux lieux culturels et aux acteurs du milieu culturel ou sportif... Si les théâtres et toutes les entreprises pouvaient ouvrir leur porte aux personnes en situation de handicap ce serait vraiment une excellente chose, d’autant que si on les valorise, le public répond présent avec enthousiasme.