Le 7 mars à Clapiers : « Max Rouquette et l’occitanisme », parcours d’un engagement

06-03-25 - 12:00
06-03-25 - 12:12
Poète, écrivain, Max Rouquette (1908-2005) s’est aussi engagé très tôt dans le mouvement occitan. Philippe Martel, historien, professeur émérite à l’Université Paul-Valéry, revient sur ce parcours militant, dans le cadre d’une conférence vendredi 7 mars, à 19h à l’espace culturel Jean Penso de Clapiers.
Photo de Max Rouquette sur un chemin forestier
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« Max Rouquette et l’occitanisme ». Derrière la figure de l’écrivain, c’est une autre facette de l’homme que vous invitez le public à découvrir dans le cadre de votre conférence ? 

Philippe Martel : Pour les gens de sa génération, je pense qu’on ne peut pas se prétendre écrivain d’Oc sans se poser la question de tout le reste, c’est-à-dire du pays tel qu’il est, des gens qui y habitent… Et donc, il faut à un moment se poser aussi la question du passage à une action collective. C’est vrai au 19e siècle avec le Félibrige de Frédéric Mistral (1830-1914). Ça l’est aussi au 20e siècle avec l’Occitanisme, qui est à la fois un mouvement culturel mais aussi un mouvement de militantisme pour la langue, qui peut éventuellement prendre une dimension politique. Avec pour revendication minimale, un pouvoir décentralisé. Et dans le cas le plus radical, un modèle fédéraliste mis en place à l’échelle européenne. Et il se trouve que dès les années 30 Max Rouquette est lié directement à un mouvement qui milite pour ce modèle fédéraliste, à travers le Parti Occitaniste et la Revue Occitania, pour laquelle il écrit de nombreux articles. 

 

Deux photos de Max Rouquette jeune, dont une où il tient un chien dans ses bras
Max Rouquette : les jeunes années - ©D.R.

Comment va évoluer cet engagement ?

Il a une vingtaine d’années lors de ses premiers engagements. Il fait ses débuts au Nouveau Languedoc, une association d’étudiants. Il y rencontre d’autres militants qui le suivront pratiquement toute sa vie. Il est très actif à ce moment-là, se rapproche d’autres mouvements étudiants, à Toulouse, en Provence… C’est ce mouvement qui va amener la création du Parti Occitaniste dans les années 1934-1935. Après la guerre, avec ses camarades, comme Charles Camproux (1908-1994), il participe à la fondation de l’Institut des Etudes Occitanes (IEO) dont il assure la présidence jusque dans les années 1950. Mais progressivement, en raison de l’arrivée d’une plus jeune génération, représentée par des militants comme Robert Lafont (1923-2009), Yves Rouquette (1936-2015) ou Joan Larzac (1938 -), et dont l’engagement, surtout dans les années 60 et 70, va prendre une tournure véritablement politique, il s’écarte progressivement du mouvement. Il se recentre alors sur sa carrière professionnelle (ndlr : il est médecin) et surtout sur son œuvre littéraire. Il reste un militant dans l’âme, comme le prouvent les textes de ces années-là, dont je lirai des extraits lors de la conférence. Mais son engagement dépasse alors le cadre de l’occitanisme et de ses revendications, pour s’étendre à un mouvement plus large, humaniste, contre l’aliénation, le despotisme en général.

Les mains de Max Rouquette écrivant

Quelles sources avez-vous utilisées pour cette conférence ?

Je m’appuie sur les nombreux articles qu’il a publiés, sur plusieurs études qui ont été faites, mais aussi sur les entretiens que j’ai pu avoir avec lui, notamment sur les origines de l’Institut des Études Occitanes. Après, c'est aussi une conférence grand public, et je pense qu'il est important de resituer tout cet engagement dans le contexte général de l’histoire française et occitane du moment, afin d'offrir tous les repères et les clés de compréhension nécessaires. 

Vous l’avez rencontré, quel souvenir gardez-vous de Max Rouquette ?

C’est l’un des personnages – avec l’historienne Mona Ozouf – qui m’a le plus impressionné professionnellement parlant. La première fois que je l’ai rencontré, c’était dans le cadre d’un colloque consacré à son œuvre et où je devais justement parler des derniers textes politiques des années 60 et 70. Et parler devant Max Rouquette, je peux vous dire que j’étais plutôt verdâtre… Après, chaque fois que je l’ai rencontré, c’était un homme cordial, avec un humour à froid extraordinaire dont certains pouvaient être les victimes. Quelqu’un qui, humainement, valait vraiment le détour… Je regrette évidemment, que comme tous écrivains d’Oc, il n’ait pas été pris davantage en compte par le milieu littéraire et culturel français. Qu’il ait fallu attendre une initiative venue d’universitaires allemands et autrichiens pour le voir proposé au Prix Nobel… Et il est donc important – à travers toutes les manifestations organisées dans le cadre du 50e anniversaire de sa mort – de faire émerger sa mémoire, notamment dans les lieux où il a vécu et agi. 

MAX ROUQUETTE ET L'OCCITANISME

Visuel année Max Rouquette