Quel est votre parcours ?
Je suis né à Montpellier en 1985, mais j’ai grandi près d’Alès. Je suis parti à Grenoble pour faire mes études de Sciences Po et j’ai travaillé à Paris. Depuis trois ans, je suis revenu m’installer à Montpellier avec ma compagne et ma petite fille pour retrouver ma famille, mes amis d’enfance, la nature… Et aussi parce que je commençais à entendre dire qu’il se passait des choses dans l’audiovisuel à Montpellier.
Comment avez-vous débuté dans le métier ?
Sur le tard en 2013, un peu par hasard, sans formation. J’ai passé deux ans en Bolivie dans le cadre de mon master de Coopération internationale. Je suis arrivé dans l’audiovisuel en me demandant, comment je pouvais transmettre tout ce que j’avais découvert pendant ces deux années si riches et intenses. Avec un ami, on s’est dit qu’un documentaire serait la meilleure façon de le faire. On l’a monté avec un très bon ami d’Alès, Vincent Tricon. On avait plus de 50 heures de rush, il nous a bien aidés à défricher… Ce documentaire Made in Bolivia a été sélectionné dans plusieurs festivals. C’étaient mes débuts !
« Faire découvrir au grand public des lieux pas connus et qui ne les intéresseraient pas de prime abord. »
Vous vous êtes alors lancé dans d’autres projets ?
De la fiction pédagogique pour commencer, avec L@-KOLOK.com, une espèce de Friends qui parlait d’écogestes et doXa sur les instituts de sondage, pour faire découvrir ce milieu très obscur sur le ton de la comédie. Puis j’ai eu envie d’aller à la rencontre de nouveaux mondes en réalisant des documentaires. J’ai écrit Survivre, une série sur les survivalistes, puis Trolls…
Quel est le point commun de ces documentaires ?
Le fil rouge de tous mes projets de documentaires, c’est l’idée de faire découvrir au grand public des lieux pas connus et qui ne les intéresseraient pas de prime abord. Un des rôles de l’audiovisuel et du cinéma est d’essayer de mettre les gens à la place de personnes où ils ne se mettraient jamais. Sortir des archétypes pour essayer de réfléchir. Pour arriver à mieux appréhender ces phénomènes, il faut comprendre la complexité qu’il y a derrière. J’aime traiter de ce qui parle de notre époque, des phénomènes concrets qui témoignent de notre évolution.
Comment est arrivé le projet de votre série sur League of Legend ?
C’était en 2023, je sortais d’une période professionnelle très calme, quand tout d’un coup, quatre projets ont été validés le même mois, dont celui-là ! De janvier 2024 à mi-avril 2025, je n’ai pas arrêté de tourner.
C’était votre idée ?
Non, pour la première fois, un producteur, Mathieu Ageron de Nolita, est venu me chercher. Au début, je n’étais pas intéressé car je ne connaissais pas ce milieu. Il m’a invité à une compétition et j’ai été bluffé. Je ne m’attendais pas à un tel engouement et à de telles infrastructures économiques. Je me suis pris une claque.
« À partir du moment où il y a de la passion, il y a des choses intéressantes à filmer ! »
Qu’est-ce qui vous a plu dans ce milieu des gamers ?
À partir du moment où il y a de la passion, il y a des choses intéressantes à filmer ! J’aime faire découvrir des mondes cachés avec leurs codes, leurs univers… Les gamers sont des passionnés qui développent une mine d’intelligence et de calculs pour arriver à l'emporter à la fin.
Comment s’est passé le tournage ?
C’est un très gros projet à plus d’un million d’euros, avec beaucoup d’équipes, de déplacements, plus de 40 jours de tournage dans toute l’Europe dans une compétition sportive où on ne sait jamais en avance ce qu’il va se passer… C’était très difficile de tourner avec des joueurs, des coachs, des directeurs sportifs, des patrons de club, la ligue… qui n’ont pas tous l'envie ou le temps d’être filmés. J’ai dû me battre pour décrocher des séquences intéressantes sans rompre la communication. On a marché sur des œufs !
Rendez-vous mercredi 28 mai à la médiathèque Émile Zola
Projection et rencontre avec Alexandre Pierrin, réalisateur de la série-documentaire Dans la légende, 2025, 1h30
Mercredi 28 mai à 15h – Médiathèque Émile Zola, salle Cinéma et Rencontres - Montpellier
Quel accueil a reçu votre série ?
Dans la légende est sortie en janvier 2025. Ce sont six épisodes de 30 minutes produits par Nolita pour Paramount +, également diffusés sur MyCanal et Amazon. On a eu de très bonnes critiques de la presse, beaucoup de retours positifs de spectateurs, de streamers et de la communauté gamers en général.
Quel est son public ?
À mon avis, elle s’adresse en priorité aux 15-25 ans. J’ai fait des projections à Paris, mais pas à Montpellier. J’avais envie de le montrer aussi chez moi, parler de mon travail, échanger… C’est ce qui donne du sens à ce que je fais, voir les gens, poser des questions, c’est génial. C'est ce que je vais faire à la médiathèque Émile Zola mercredi 28 mai. J’espère qu’il y aura du monde !
« Ma volonté est de travailler là où je vis. Je ne veux pas être un nomade numérique. »
Où travaillez-vous à Montpellier ?
Je travaille notamment à l'openspace de la halle Tropisme. Ça me permet de rencontrer des gens dans l’audiovisuel, comme la boîte de production La belle affaire ou le graphiste Valentin Nouvelle avec qui j’ai travaillé sur plusieurs projets. Ma volonté est de travailler là où je vis, d’avoir un ancrage local. Je ne veux pas être un nomade numérique ! Je suis attaché à la culture locale, du fait de mes racines gardoises, notamment à l’occitan. Par exemple, le thème principal du long métrage en cours de développement, écrit avec Vincent Tricon, est une chanson en occitan Es libertat. C’est l’histoire d’un berger dans les Cévennes...
Vous tournez à Montpellier ?
Quand c’est possible. Mon premier court métrage La Voix de son maître, sorti en août dernier, a été tourné et monté à Montpellier. J’ai également été aidé pour trouver des techniciens, relayer les castings, j’ai eu des élèves d’écoles de cinéma en tant qu’assistants… Pour le montage de mes projets, c’est toujours un petit combat de ramener les projets ici car les boites parisiennes n’ont pas l’habitude de délocaliser des post–productions.
« Faire exister "Montpellywood" »
Vous profitez des infrastructures locales comme celles de France TV à Vendargues ?
Non, je ne me situe pas à la même échelle. Je suis auteur-réalisateur de mes projets, je travaille avec un réseau de création indépendante à échelle moyenne et avec de plus petits budgets. L’écosystème montpelliérain est très axé autour des séries quotidiennes, celui de la création indépendante cinéma est encore balbutiant. Mais il y a déjà des croisements, des synergies se mettent en place petit à petit. J’essaye de promouvoir Montpellier dès que je peux dans le secteur, pour faire émerger une scène locale côté cinéma… Je rêve à un petit « Montpellywood » !
Quels sont vos prochains projets ?
Je suis actuellement en post-production de deux documentaires pour France Télévision, j’en développe deux nouveaux. Côté fiction, des scénaristes m’ont proposé de réaliser une série de fiction sur le e-sport, et un autre, un long métrage sur le narcotrafic sur lequel je planche… Côté sortie, la série Nomades pour France TV Slash sortira probablement cet été, puis le documentaire Curiosité morbide, également pour France TV Slash, qui étudie notre fascination pour les faits divers morbides, et qui sortira cet automne.
