Fermé pendant plusieurs mois pour travaux de rénovation, l’espace Bagouet a rouvert ses portes, avec l’exposition de la jeune artiste d’origine sud-coréenne, Mona Young-eun Kim : La prophétie est une mémoire, la croyance est synthétique.
Produite par la Ville de Montpellier, en collaboration avec l’Université, la faculté de Médecine et les archives départementales de l’Hérault, cette exposition s’inscrit dans la thématique « Art et Sciences », qui avait invité l’an dernier l’artiste Ursula Caruel à dialoguer avec l’Herbier de l’université de Montpellier. Elle s’inscrit dans la démarche de candidature de la Ville au registre Mémoire du Monde de l’UNESCO.
Pour ce nouveau rendez-vous, Mona Young-eun Kim, diplômée de l’École des Beaux-Arts de Montpellier, a fait acte d’imagination et de virtuosité. Formée à différentes techniques – de l’art du vitrail à celui du verre soufflé, en passant par l’usage de l’imprimante 3D ou la maîtrise des prompts en IA générative - elle propose un récit dystopique : celui de Plasticus. L’humanité, empoisonnée par les microplastiques ingérés quotidiennement, accomplit une mutation, physique et psychique. Où la matière plastique, devenue source principale d’alimentation, devient également sujet de culte et matière sacralisée. Plasticus humanimalia est né.
Invitée à puiser et à dialoguer avec différents fonds d’archives - des collections des archives départementales à celles de la bibliothèque historique de médecine de l’université de Montpellier – l’artiste déroule son étonnante fiction. L’espace Bagouet, devenu une sorte de cabinet de curiosités, rassemble ainsi plusieurs éléments précieux ou insolites. Certains évoquant les fouilles archéologiques, d’autres les récits d’anticipation. Les uns répondant aux autres. Ici, le fac-similé d’un ouvrage de Gui de Chauliac, rédigé en 1363 et représentant une scène de dissection, semble avoir laissé échapper d’entre ses pages, un squelette en résine doté d’un iPhone collé à l’emplacement du cerveau. De même qu’un organe indéfinissable, voisine avec la planche botanique représentant une fleur de bananier, qui semble l’avoir inspiré. On croisera aussi au passage, des vitraux célébrant la « sainte-famille » des molécules : polypropylene, polystyrene, polycarbonate... toutes devenues sujets d’adoration et d’inspiration artistique. Sans oublier deux reliquaires, inspirés de la tradition bouddhiste des sarira, ici renfermant les restes synthétiques de moines d’une ère post-humaine. L’un reproduisant fidèlement l’architecture de l’amphithéâtre Saint-Côme, l’autre de la cathédrale Saint-Pierre de Montpellier, tous deux liés à l’histoire de la médecine de Montpellier.
Un univers à la fois beau, drôle, poétique, inquiétant ou monstrueux, qui pose autant la question de la mémoire que celle de l’avenir. Mémoire du passé, manuscrite et tangible, et mémoire du futur, algorithmique et spéculative. L’artiste préférant se saisir de toutes les possibilités offertes pour nourrir sa création.
Étape essentielle de la visite : la projection murale de La croyance est synthétique, qui donne son titre à l’exposition. Une vidéo de 25 minutes, constituée à 80 % par IA et intégrant l’essentiel des archives qui ont servi de support au projet. Et accompagnée de l’œuvre sonore La prophétie est une mémoire, réalisée avec le musicien/compositeur ilia Osokin. Une œuvre qui intègre des échos de sons et musiques captés dans l’environnement hospitalier, mêlés à des extraits du Chansonnier de Montpellier, recueil de musique du XIIIe siècle.
Espace Dominique Bagouet - Esplanade Charles de Gaulle - Entrée libre - Horaires : du mardi au dimanche, de 10h à 13h et de 14h à 18h - Tel 04 67 63 42 78.
>>> montpellier.fr/espace-dominique-bagouet
Mona Young-eum Kim
Née en Corée du Sud, Mona Young-eum Kim n’est pas une inconnue à Montpellier. Artiste plasticienne, professeure à l’ESAD de Reims, elle avait imaginé en 2017, alors qu’elle était encore étudiante à l’École Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier, l’habillage en toile tendue, évoquant une peau de melon, qui recouvre le plafond des halles Laissac. Plusieurs fois exposée à Montpellier, notamment à l’espace Saint-Ravy et à la galerie AL/MA, elle présentera son travail au public au MO.CO en 2026.
En savoir + - fr.monayoungeunkim.com – Instagram @monayoungeunkim
L’espace Dominique Bagouet, lieu d’art et de patrimoine
Baptisé en mémoire du danseur et chorégraphe Dominique Bagouet (1951-1992), l’espace Dominique Bagouet va pouvoir poursuivre, dans un cadre rénové, sa vocation de lieu d’exposition d’arts plastiques. Sa rénovation, dans le cadre du vaste programme de réaménagement Comédie Esplanade, a permis l’aménagement d’un espace d’accueil, fonctionnel et convivial permettant l’accueil de tous les publics, y compris les personnes déficientes auditives et visuelles. La grande salle a bénéficié d’une restauration minutieuse, pour un meilleur confort et une performance énergétique accrue. Raccordé à la fibre, il va ouvrir la voie à de nouvelles formes d’expositions numériques et interactives.