Bandes dessinées

Fabrice Erre : « Je me suis formé à la lecture de Gotlib »

16-08-23 - 01:00
01-03-24 - 14:56
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Fabrice Erre publie son dernier album Réseau-Boulot-Dodo, chez Fluide Glacial. Le dessinateur, installé à Beaulieu, jette un regard ironique sur nos vies connectées en permanence.
Portrait de Fabrice Erre
©Cécile Gabriel
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Après un premier tome en 2022, vous ne vous étiez pas assez moqué de nos travers quotidiens ? 

Je ne me moque pas. Je pointe du doigt l’importance qu’ont pris les portables, les réseaux sociaux, dans nos comportements. C’est, je pense, un regard mordant, mais jamais méchant. J’examine comment nous réagissons dans ce monde numérisé en permanence mais qui ne modifie pas forcément nos comportements humains. C’est une prise de distance qui permet d’observer avec humour. Je suis suffisamment vieux pour avoir connu l’ancien monde, non numérique. Les gens étaient rustres et brusques. Ils n’ont pas changé, à la différence qu’ils sont désormais connectés. C’est ce que résume la dernière planche de l’album. 

Réseau-Boulot-Dodo est le 3e album que vous publiez cette année. Vous êtes prolifique ! 

J’ai cessé d’être professeur d’histoire-géographie il y a quatre ans. Je me concentre désormais sur les BD. J’ai collaboré cette année avec Rochier pour Les Trois Mousquetaires et j’ai scénarisé La drôle de guerre de Papi et Lucien, avec Téhem aux dessins. Je termine d’autres albums pour l’an prochain. Notamment un nouveau tome de la série le Fil de l’Histoire, chez Dupuis. 

D’où provient ce lien fort que vous avez avec Fluide Glacial ? Vous avez débuté chez eux ? 

Adolescent, je me suis formé à sa lecture. Gotlib, Edika ont été mes modèles. Je suis très heureux de collaborer depuis longtemps à ce magazine qui symbolise l’humour et la dérision. Mais mon premier album a été édité en 2006 par 6 Pieds sous terre, à Montpellier. C’est là que j’ai rencontré Fabcaro avec qui par la suite, j’ai commis quelques albums. On s’entend bien, on a la même culture. J’admire son talent d’humour absurde qu’il manie d’une façon très efficace. 

Vous avez écrit un essai, au nom étrange, Le Règne de la poire.  Un ouvrage humoristique ? 

Pas du tout. C’est une partie de la thèse que j’ai soutenue et qui traitait des journaux satiriques au XIXe siècle. J’ai approfondi un thème, à savoir la représentation dessinée du roi Louis-Philippe. Les caricaturistes lui trouvaient un visage en forme de poire. Je trouve cela très intéressant d’étudier la représentation satirique du pouvoir, à travers les époques. 

Dans un album, Coluche Président !, réalisé avec votre frère, vous envoyez un satiriste à l’Élysée ! Cela aurait marché, selon vous ? 

Au début, cette uchronie nous faisait bien marrer. On a décrété que sa première mesure serait l’instauration d'un apéro général et continu. Mais au fur et à mesure des grèves et des manifestations réclamant que l'apéro soit inclus dans le temps de travail, dans la Constitution ou soit remboursé par la Sécu, on s’est rendu compte qu’il était difficile de gouverner un pays.  

Pourquoi vous êtes-vous installé à Beaulieu ?

Je suis né à Perpignan et comme tout jeune prof, j’ai débuté à Paris... Mais le désir du sud a été le plus fort. Je cherchais un endroit calme, à la campagne, pas trop loin d’une grande ville pour les études de mes enfants. Beaulieu est l’endroit parfait, au milieu des vignes. 

 

Réseau-Boulot-Dodo, tome 2 - Fluide Galcial - sort le 16 août.

 

 

Planche de BD
©F.Erre
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