À seulement 29 ans, Alexandre Blain affiche déjà une carrière impressionnante dans l’animation. Depuis une décennie, il enchaîne les expériences des deux côtés de l’Atlantique, travaillant pour une trentaine de studios. Diplômé de l’École Supérieure des Métiers Artistiques (ESMA) de Montpellier, il débute chez le studio belge Nwave avant de s’envoler pour Montréal. Là-bas, il occupe des postes de directeur artistique et contribue à plusieurs longs métrages, dont Bob l’Éponge et Vaillante.
Créativité débordante
« À l’étranger, les employeurs semblent moins frileux qu’en France pour donner leur chance aux jeunes sans expérience », observe-t-il. Mais cette dynamique a aussi son revers : la précarité. « Dès qu’un projet se terminait, j’avais dix jours pour retrouver du travail, sinon je devais quitter le Canada. C’était une situation stressante, l’un des aspects les plus anxiogènes du métier ».
Retour en France
La pandémie de Covid-19 marque un tournant. De retour en France, il peine à retrouver du travail et passe six mois à démarcher les studios sans succès. C’est finalement sa créativité débordante qui lui permet de rebondir. « J’aime imaginer des histoires et créer des univers ». Il se lance dans l’édition jeunesse et publie Fais attention à toi Grenouillette et Le grand voyage d’Alphonse, le petit nuage. Parallèlement, il compose de la musique, réalise des boucles d’animation pour des chaînes LoFi et développe ses propres projets.
Un virage vers la bande dessinée
Depuis longtemps, Alexandre Blain est passionné par les mangas, une influence visible dans son style graphique. Séduite par son univers, Kuma, une maison d’édition située dans l’Isère, l’encourage à lui soumettre une histoire. « Il nous a rapidement envoyé un projet très abouti. Malgré son jeune âge, il possède un imaginaire foisonnant et un sens du détail impressionnant », s’enthousiasme Hélène Bitauld, pour qui son poulain à l’étoffe d’un Miyazaki.
Une campagne participative
Le Royaume du Roisson est prévu en quatre tomes. « L’histoire suit deux adolescents partis sur une île isolée avec leur mère, une ornithologue, qui se fait enlever par une mystérieuse créature », résume l’auteur. Financé via une campagne participative sur Ulule, le projet verra le jour à l’automne. «La collecte vise à financer l’existence du Royaume du Roisson ! En atteignant 100 % de l’objectif, elle garantira l’impression d’un manga de qualité au format A5. De plus, elle offrira à Alexandre la possibilité de travailler sereinement. En cas de dépassement, cela permettra une meilleure rémunération de l’auteur», précise l'éditrice.
De Prades-le-Lez à Saint-Georges-d’Orques
C’est sur Instagram, son principal canal de diffusion, qu’Alexandre Blain a été repéré par Kuma. Très actif sur ce réseau, cela lui a permis de décrocher la plupart de ses contrats depuis son retour en France.
Installé à Saint-Georges-d’Orques, le jeune marié savoure le calme de la nature environnante. « En revenant du Canada, j’avais besoin de retrouver ma famille. J’ai grandi à Prades-le-Lez, dans un environnement familial très ouvert aux arts graphiques. C’est là que j’ai rencontré le sculpteur Sylvain Corentin, qui m’a beaucoup influencé. Dès l’âge de 6 ou 7 ans, je savais que ma vie serait consacrée au dessin », raconte ce fils de médecins passionnés de bandes dessinées.
Adolescent, son initiation à la calligraphie chinoise l’a profondément marqué : « C’est un apprentissage exigeant. Il fallait suivre un ordre précis, parfois passer des heures à reproduire un bambou. Cela demandait patience, minutie et créativité. » À travers ses souvenirs, c’est un véritable autoportrait qu’il dessine : celui d’un artiste talentueux et déterminé, toujours guidé par sa passion pour la création.
