En 1927, tandis que Paris accueillait Les Nymphéas de Claude Monet au musée de l’Orangerie, Montpellier inaugurait de son côté, sur l’Esplanade, le kiosque à musique voulu par le compositeurs Auguste Bosc et réalisé par l’architecte Élie-Marcel Bernard, Montpelliérains l’un comme l’autre. Presque un siècle plus tard, dans un cœur de ville en pleine transformation, le kiosque Bosc – qui avait souffert des avaries du temps qui passe et de promesses de rénovation repoussées - a aujourd’hui retrouvé sa beauté de jeunesse, un label de prestige d’Architecture contemporaine remarquable et de beaux atours, comme cette fontaine d’angle que l’on ne lui connaissait plus. Et quel cadre plus adéquat que celui de la Fête de la musique pour célébrer cet édifice appelé à une seconde vie musicale. Face à lui, les nouveaux bancs ombragés libéraient la parole en public et les nouveaux kiosques en goguette (Chef Jean, Les 3 gaufres et Le bistrot) épanchaient les soifs caniculaires.
Un kiosque familier
« Le patrimoine, c’est la mémoire. C’est ce qui fixe notre imaginaire et dit notre passé. Il est de notre responsabilité d’en prendre soin. Bosc, c’était le nom d’un grand compositeur qui a financé ce projet car il participait à l’activité musicale de notre ville dans l’Opéra Comédie. Ce kiosque était familier des lycéens de Joffre, des visiteurs de notre ville et des usagers de la ligne 2 regagnant le cœur de ville, rappelle Michaël Delafosse, maire de Montpellier, en s’exprimant depuis la scène du kiosque entouré par le conseil municipal. Et puis la végétation s’en est emparée, les lumières avaient disparu et il menaçait de s’effondrer car la corrosion était à l’œuvre. »
Fontaine avec dauphins
Hommage fut ensuite rendu à Marylin Gobin, architecte du patrimoine, « pour ce travail de rénovation mené avec passion et dans les moindres détails » ainsi qu’aux ouvriers, aux techniciens et aux maîtres d’études. Le maire de Montpellier a reconnu que lorsqu’il a passé son baccalauréat au lycée Joffre, il ne savait pas qu’il y avait une fontaine au kiosque Bosc. Aussi, « nous avons fait le choix de la remettre en eau pour qu’elle dialogue avec les autres fontaines tout comme les céramiques en formes de dauphins inspirées de l’œuvre d’origine de Joseph Llorens Artiga, céramiste proche de Picasso ». Le coût des travaux du kiosque Bosc s’élève à 1,5 million d’euros. Les allées centrales de l’Esplanade sont désormais achevées et les travaux se poursuivent au pied du Pavillon populaire et seront terminés pour le 11 novembre avec la livraison du Monument aux Morts réhabilité.
La chorale des aînés
Et la musique dans tout cela ? « Nous avons besoin de beau pour notre espace public et pour la culture », estime Michaël Delafosse qui s’est souvenu avec émotion que Jean-Paul Montanari avait programmé pour Montpellier Danse le chorégraphe Merce Cunningham au kiosque Bosc. « Ici, il y aura toute l’année une programmation artistique, plutôt à 12h et à 17h. Cela va commencer avec radio Campus puis quatre dates durant le festival Radio France avec du jazz, du funk, du swing et du classique et l’Orchestre de Montpellier le 19 septembre. » Mais la Ville de Montpellier avait tenu à ce que les premières en scène soient des chorales du cru. Ainsi, toute de blanc vêtue, c’est la chorale des clubs de l’âge d’Or de Frida Kahlo et de Jeanne Galzy qui officia sous l’autorité d’Henri Pérez avant de céder la place aux CM1 et CM2 de la Cité des Arts, parfaits dans leur interprétation de chants de la Renaissance.
