Lorsqu’un patient est admis au CHU de Montpellier pour un accident vasculaire cérébral (AVC), la gestion du temps est une problématique de tous les instants. Du temps gagné, ce sont des neurones sauvés. Chaque minute écoulée est égale à deux millions de neurones perdus.
Aussi, le service de neuroradiologie, installé à l’hôpital Gui de Chauliac (qui accueille aussi les urgences tête et cou) vient de se doter d’un plateau technique de pointe. Il est composé de trois salles biplan avec un plateau IRM entièrement dédié pour les pathologies cérébrales. « Nous avons mis en place une nouvelle organisation à la suite d’un vrai travail collectif et interservices afin d’être plus rapide dans le parcours intra-hospitalier. Le temps gagné est au bénéfice de la santé du patient. Aujourd’hui, entre la prise en charge du patient et le diagnostic, le délai est seulement de 9 minutes. Pour traiter un AVC complexe, il faut une équipe multidisciplinaire et entrainée de 14 personnes », détaille le professeur Vincent Costalat, responsable du service de neuroradiologie interventionnelle et clinique. Auparavant, suivant les moyennes nationales, ce temps était de l’ordre de 35 minutes. Ce dispositif peut être déployé H24.
Mini-invasif
Le 30 août, lors d’un exercice présenté à la presse et avec Anne Ferrer, la directrice générale du CHU comme « assistante », le docteur Grégory Gascou, responsable de l’équipe médicale Imagerie ORL diagnostique et interventionnelle, a simulé une thrombectomie. En l’espèce, il s’agit, sous rayons X, de réaliser un stent dans l’artère occluse pour extraire les caillots de sang coincés dans la circulation cérébrale. Cette technique s’est considérablement développée durant la dernière décennie et a souvent permis aux patients de retrouver une meilleure autonomie. « Il y a 20 ans, poursuit le professeur Costalat, nous traitions 80 AVC par an. On est maintenant entre 400 et 450. On fait 400 thrombectomies et 2 500 interventions sur le crâne. Ces chiffres illustrent le côté exponentiel du traitement mini-invasif cérébral. Avant, il fallait toujours ouvrir le crâne. Plus on va, moins on ouvre et plus on passe par les vaisseaux et on augmente les indications. On est un peu comme la cardiologie d’il y a 30 ans qui ne faisait que les coronaires et qui maintenant met des valves dans le cœur. » Pour les AVC, la technique de base employée est celle de la thrombolyse qui consiste à injecter un médicament pour dissoudre le caillot, si sa taille le permet.
Demain, autre prouesse, cette technique mini-invasive devrait être élargie à l’oncologie. « On va percuter le crane pour aller dans les tumeurs et faire des glaçons pour détruire les tumeurs », projette le professeur Costala.
Par simulation
« Pour moi, cette visite n’est que du bonheur, a réagi à chaud Anne Ferrer. C’est une organisation performante d’équipes pluridisciplinaires pour soigner mieux et le CHU de Montpellier est référent dans cette discipline. Nous accueillons des gens du monde entier qui viennent ici pour se former. » En effet, l’apprentissage par simulation, tel qu’il est pratiqué au service de neuroradiologie, a été un élément central pour réorganiser la prise en charge sur le territoire. La thrombectomie est aussi pratiquée à Perpignan et à Nîmes alors qu’auparavant il fallait déplacer une équipe depuis Montpellier. De même, le CHU de Montpellier a formé plus de 1 000 médecins de toutes nationalités à ce type de procédures. Avec 150 000 cas recensés chaque année en France, l’AVC est aujourd’hui la troisième cause de mortalité.