Installée sur la table de son salon, Anabelle Langlais déplie ses livres comme un éventail. « Il y en a six et le septième est en cours d'impression », explique-t-elle les yeux pétillants et les mains tachées d’encre et de terre. « Je suis très manuelle, je passe du dessin à la poterie, ce qui laisse des traces ».
Le livre jeunesse support pour la parole
Elle a créé sa maison d’édition À ti(t)re d’elles, il y a trois ans, pour éditer son premier livre écrit par une amie et illustré par ses soins. À l’époque, une maladie chronique inflammatoire la terrasse. « Je ne pouvais presque plus marcher et le dessin est venu en même temps que la maladie. Ça a été pour moi un moyen de m’aider. J'ai alors cherché un support pour parler de la maladie à ma fille. Étant éducatrice de jeunes enfants, j'utilisais déjà beaucoup le support livre, je trouvais que c'était pertinent. Mais il n'y avait rien dans les rayons des librairies.»
Parler de tout sans tabou
Elle décide avec une amie, Gaëlle Gill, d’écrire Krrronik, la mystérieuse Mal-à-Partout de ma Maman, pour parler des maux et des douleurs chroniques aux enfants.
Puis, suivent Grrromik, la pas discrète Mal-à-Partout de Tom, un livre qui aborde les émotions et les vécus liés à la maladie chronique des enfants ; Fichues Mousfaches, qui lève le voile sur le tabou des violences intrafamiliales ; La charge de l’Emmental, sur la charge mentale des membres d’une famille ; Brouill’Noir – le carnaval des idées noires, sur les troubles psychiques avec les enfants ou encore de Pâté z’oignons, un album sur la thématique des particularités alimentaires, suivant les pathologies, les choix ou les convictions de chacun (allergies, végétarisme, régime sans porc…).
Le petit dernier
Le dernier est en précommande sur le site de la maison d’édition. Il s’agit du Gros Robert, un monstre tout vert qui traite du manque d’estime de soi et de la manière de s’en libérer. Anabelle souhaite ensuite traiter de l'éco-anxiété ou des familles toxiques, mais elle n'a pas encore fait son choix. Elle se laissera porter par l'inspiration.
Tous les livres sont écrits sur un ton léger, avec beaucoup de poésie, dans le but de déculpabiliser les enfants qui se trouvent face à ces situations difficiles. Ils sont tous conçus avec des associations de victimes ou de professionnels et de psychologues afin d’éviter des erreurs. Ils sont d’ailleurs un support pour certains travailleurs sociaux, psychologues ou policiers confrontés à des violences faites aux enfants.
100% local et durable
Anabelle Langlais indique avoir fait le choix du local, "C'est une aventure de bout en bout". Le papier vient de forêts durablement gérées, les encres sont végétales et les livres, imprimés à Nîmes, sont reliés à la main. Ils peuvent être commandés en librairies ou directement sur le site de À ti(t)re d’elles. Très active sur les réseaux sociaux, elle se fait une joie de communiquer avec sa communauté sur Instagram et Facebook.