Stefania Gioda : Venant de Rome, je suis arrivée la première fois à Montpellier en 1987. C’est l’amour qui m’a fait venir ! Pour être précise, ce n'est qu'en 2009 que, mon mari et moi, nous nous y sommes installés définitivement. Je suis professeure de langue et de littérature italienne au lycée international Jules Guesde. C'est le seul établissement de l'Académie à délivrer l’Esabac, le double baccalauréat français et italien. Avec ce diplôme, il est possible de s'inscrire dans toute université italienne, sans devoir passer un test linguistique attestant de la maîtrise de la langue. En France, il y a 68 lycées Esabac contre 319 en Italie.
La communauté italienne est-elle importante dans la métropole ?
Stefania Gioda : Il y a environ 9 000 ressortissants. Beaucoup ont une double nationalité. Nombreux ont ouvert un commerce, surtout dans la restauration et le négoce de détail. Il y a également des professions extrêmement qualifiées tels que médecins, chercheurs et architectes.
Je note une recrudescence d’installations depuis 30 ans. Quand je suis arrivée dans les années 1980, nous étions seulement 200. Cet apport important s’explique par la crise économique qui a touché l’Italie dans les années 2000.
Pourquoi avoir accepté d’être vice consule honoraire ?
Stefania Gioda : J’ai été nommée en 2021. J’exerce cette fonction à titre bénévole. Je me rends utile à l’Italie et cela me permet d’être en contact avec les gens. Je tente de faire du lien avec les collectivités mais aussi avec les associations italiennes. Elles sont très actives à Montpellier. Chaque année, le 2 juin, nous nous réunissons à la Maison des Relations Internationales, à l’occasion de la fête nationale italienne. C’est à la même adresse que se trouve ma permanence. Je reçois le mercredi matin, sur rendez-vous.
Qu’est-ce qu’il y a d’italien à Montpellier ?
Stefania Gioda : Les paysages et la douceur de vivre font penser à la Toscane. Les rues de Montpellier rappellent la présence italienne attestée dès le Moyen-âge, notamment avec Placentin, le juriste natif de Plaisance. La place Pétrarque rend hommage au grand poète toscan, venu faire ses études à Montpellier. La reine Hélène d’Italie s’est éteinte ici en 1953 et jusqu’en 2017, sa dépouille reposait au cimetière Saint-Lazare. L'Italie et Montpellier sont beaucoup plus liées que l'on ne le croit.
LES JUMELLES D'ITALIE
Cinq villes italiennes sont jumelées avec des communes de la métropole de Montpellier. Diverses, ces città sorelle se répartissent du nord au sud de la péninsule.
Volpiano
Cette commune résidentielle de 15 000 habitants bénéficie de sa proximité avec Turin, centre économique majeur du nord de l’Italie. Elle est également proche des parcs du Piémont et des montagnes alpines qui attirent les randonneurs.
Le jumelage avec Castries date de 2010. Il est l’œuvre de l’ancien maire, Gilbert Pastor. Très apprécié à Volpiano, l’annonce de son décès en 2023 a suscité de l’émotion. En mai, une délégation castriote se rendra à Volpiano avec un camion frigorifique rempli de 300 kg de moules pour faire découvrir la brasucade aux Volpianese !
Argenta
Au nord-est de l’Italie, dans la région Émilie-Romagne, Argenta est une commune rurale de 20 000 habitants, extrêmement étendue (311 km²). Partie intégrante de la Réserve naturelle des Valli di Argenta, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, le territoire attire les amateurs d’ornithologie, les cyclistes et les randonneurs.
Jumelée avec Castelnau-le Lez depuis 2003, les deux communes ont la particularité d'avoir la même ville jumelle allemande, Plankstadt.
Monteroni d’Arbia
Fondée au IXe siècle, la commune de 8 000 habitants est typique de la Toscane rurale. Non loin de Sienne, elle se trouve au cœur des Crete Senesi, une région connue pour ses collines ondulantes et ses spectaculaires paysages lunaires argileux. Bien connue des randonneurs et des pèlerins (elle est sur la Via Francigena), la commune développe le secteur de l'agrotourisme depuis quelques années.
Un moment distendus, les liens avec Le Crès ont repris de la vigueur. En juillet 2024, les deux maires ont fêté ensemble les 20 ans du jumelage.
San Giovanni Incarico
Loin des foules touristiques, ce village de 3 000 habitants, perché à 200 mètres, est l’exemple typique de l’architecture médiévale du Latium. Entre Rome et Naples, il est habité depuis le IIe siècle avant JC. L’élevage de moutons sur son territoire contribue à la production de fromages artisanaux, comme le pecorino Romano, protégé au niveau européen par une appellation d'origine protégée (AOP). Dynamique, le village est l'objet de podcasts (en italien) ici et ici.
La commune est jumelée depuis 2004 avec Vendargues.
Palerme
La capitale de la Sicile compte 650 000 habitants et un patrimoine culturel fabuleux, combinant influences arabes, normandes, espagnoles et italiennes. Ses sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO attirent des millions de visiteurs chaque année. Le dynamisme culturel de la ville, notamment à travers le Teatro Massimo, le plus grand opéra d’Italie, enrichit son économie. Port de commerce actif, Palerme mise aussi sur son université orientée vers les technologies vertes et l’agriculture durable.
Le jumelage avec Montpellier s'est renforcé en 2021, quand les deux villes ont rejoint le réseau "From the Sea to the City", promouvant les droits humains et une vision européenne renouvelée sur les migrations.