Série "60 ans d’intercommunalité" // épisode 7

Intercommunalité : la vision de Renaud Calvat et de Cyril Meunier

15-03-25 - 12:30
Alors que le District de Montpellier fête ses 60 ans et la Métropole ses 10 ans, maires et élus partagent leur vision de l'avenir de notre intercommunalité. Interview de Renaud Calvat, maire de Jacou et 1er vice-président délégué aux Finances, aux Politiques contractuelles et à la Coopération avec les communes, et Cyril Meunier, maire de Lattes et vice-président délégué au Tourisme, à l'Attractivité et aux Congrès.
salle du conseil de métropole
La salle du conseil de métropole, février 2025 - © C. Marson
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Renaud Calvat, maire de Jacou, 1er vice-président délégué aux Finances, aux Politiques contractuelles et à la Coopération avec les communes, et président de la TaM insiste sur le défi de la transition écologique et la coopération avec les intercommunalités voisines. 

Cyril Meunier, maire de Lattes et vice-président délégué au Tourisme, à l'Attractivité et aux Congrès, revient lui sur les réalisations accomplies et plaide pour un élargissement du périmètre de l'intercommunalité. 

"Intensifier nos efforts en faveur de la transition écologique"
Portrait de Renaud Calvat, maire de Jacou et 1er vice-président de la Métropole délégué aux Finances

Quels sont les avantages de l’intercommunalité pour votre commune ?

Renaud Calvat : Mise en place afin de mutualiser des ressources et des compétences, l’intercommunalité nous a permis de développer de nouveaux services publics et d'améliorer la qualité de vie à Jacou. C’est le cas par exemple de la piscine Alex Jany : construite par le district en 1993 avec pour objectif principal l’accueil des groupes scolaires dans le cadre de l’apprentissage de la natation. Cet équipement a également participé au développement d’activités sportives, de santé et de loisirs. Un autre exemple très significatif pour les Jacoumardes et les Jacoumards est la création de la ligne 2 du tramway en 2006, qui a encouragé de nombreuses personnes à se déplacer en transports en commun plutôt qu’en voiture, contribuant ainsi à l’apaisement de la circulation routière et donc de notre cadre de vie.


Quels sont, selon vous, les nouveaux défis de l’intercommunalité ?

R. C. : Le premier défi est celui de la transition écologique, qui s’impose à nous tant pour des raisons environnementales que pour des raisons budgétaires. Nous devrons intensifier nos efforts collectifs afin de développer une économie plus verte, de favoriser les mobilités douces, de réduire nos déchets et de gérer durablement nos ressources naturelles, telles que l’eau ou les terres agricoles. Cela nécessitera un grand sens des responsabilités et une coopération encore plus poussée entre tous les acteurs de la Métropole. Un autre défi majeur sera de renforcer les relations et les synergies avec les intercommunalités voisines, telle que la Communauté de Communes du Grand Pic Saint Loup, qui est voisine de la commune de Jacou. De telles dynamiques permettront de créer un réseau plus cohérent et plus efficace pour la gestion des services publics et des infrastructures.

Renaud Calvat
Maire de Jacou et 1er vice-président de la Métropole, délégué aux Finances
Tramwau ligne 2
La ligne 2 du tramway, entrée en service en 2006, dessert Jacou - © C. Marson
"Lattes est un pilier de l'intercommunalité"
Portrait Cyril Meunier, maire de Lattes et vice-président de la Métropole délégué au Tourisme et à l'Attractivité

Maire de Lattes depuis 2001, vous avez connu le District, l’Agglomération, puis la Métropole… Quel est votre « retour sur expérience » à propos de la construction de notre intercommunalité  ?

Cyril Meunier : L’histoire de l’intercommunalité est une belle histoire. Le District de Montpellier fut parmi les premiers du pays. Et Lattes en fait partie depuis le début. À la fin des années 70 et dans les années 80, cela a permis de soutenir le développement de Montpellier. Les lois de décentralisation nous ont ensuite amenés vers l’Agglo, une structure bien plus importante, avec beaucoup plus de communes et plus de poids pour porter des projets importants sur un territoire plus conséquent. Il était logique et nécessaire de pouvoir travailler sur un bassin de vie élargi. 

Certaines communes, pour des raisons de rivalité politique ou des raisons personnelles, ont choisi de se détacher de l’intercommunalité en 2005. Elles ont quitté l’Agglo grâce à une loi « kleenex » portée par Nicolas Sarkozy, qui permettait de quitter une intercommunalité si on en rejoignait une autre. C’est la vie… La politique n’est pas toujours logique… En 2015, la Métropole poursuit ce mouvement de décentralisation, mais déjà l’État se désintéresse de l’aménagement du territoire, alors même que le gouvernement Hollande bénéficie de tous les leviers. Je pense qu’il y a eu un manque de cohérence globale à ce moment-là... 

La Métropole a donc aujourd’hui les mêmes limites que l’Agglo… J’estime que c’est trop petit. Les statuts ont changé, de nouvelles compétences ont été acquises… mais nous restons sur le même périmètre restreint ! Nous avions fait une tentative de rapprochement avec les communautés de Sète et du Bassin de Thau, qui a été bloquée par le Département, le préfet de Région et certaines des communes concernées. Depuis, il y a eu diverses stratégies pour assurer l’entente cordiale avec nos voisins. 

Quel est l’intérêt pour votre commune d’appartenir à la Métropole ? 

Cyril Meunier : Lattes est un pilier de l’intercommunalité, avec notamment la station Maera, en cours d’agrandissement, et auparavant la décharge du Thôt. Mais aussi avec le bassin versant du Lez et le site naturel protégé du Méjean, le site archéologique Lattara -musée Henri Prades ou nos zones d’activités. Sans oublier le passage de la ligne TGV et de l’autoroute. Participer à l’intercommunalité a permis à Lattes de grandir en bonne entente avec ses voisines. Cela a également permis de financer les travaux de protection contre les inondations pour mettre en sécurité les habitants. Les ressources techniques et financières sont alors venues de l’Agglo et de la Métropole.

D’un autre côté, Lattes apporte une participation financière importante et s’implique sérieusement dans la gouvernance intercommunale. Je dirais même que Lattes est le meilleur élève de la Métropole. Elle est aussi utile à la Métropole que l’inverse. Et j’ajouterais que notre équipe de basket féminin, les Gazelles du BLMA, fait régulièrement briller le territoire, et ce, jusqu’à la finale des JO l’été dernier ! 

Quels sont les défis à venir pour l’intercommunalité ? 

Cyril Meunier : Pour ma part, j’estime que nous nous affaiblirons si nous ne devenons pas plus grands. Il s’agit de trouver des moyens pour améliorer les capacités de la Métropole. Il faut atteindre une taille critique plus importante, car de nombreuses communes autour de Montpellier sont finalement modestes, avec parfois moins de 3 000 habitants. Alors qu’à Lille, il y a Villeneuve-d’Ascq. À Lyon, ils ont Villeurbanne. À Toulouse, Blagnac. À Bordeaux, Talence… Ici, nous sommes un peu faibles, un peu trop à l'étroit. Il faut changer d’échelle. Un rapprochement avec Sète, Lunel et le Pays de l’Or, ainsi que le Grand Pic Saint Loup, me paraît incontournable. 

Les communes et les territoires autour de Montpellier profitent de son attractivité, et des infrastructures financées par la Métropole, mais sans véritable contrepartie. De nombreuses richesses restent aux portes du périmètre métropolitain, sans que nous ayons notre mot à dire… Je pense à l’aéroport international bien sûr, mais aussi à l’accès et à la continuité du littoral… C’est un handicap certain pour notre développement. D’une manière générale, nous devons mieux travailler avec nos voisins. Et ce d’autant plus que le Département va désormais devoir se concentrer essentiellement sur l’aide sociale.

Cyril Meunier
Maire de Lattes et vice-président de la Métropole délégué au Tourisme et à l'Attractivité
 site archéologique Lattara - Musée Henri Prades de Lattes salle des origines avec amphores et reconstitution
Le site archéologique Lattara - Musée Henri Prades de Lattes retrace l'histoire antique des lieux et propose aussi des expositions contemporaines - © C. Ruiz