Série : Ils font la ligne 5 de tramway / épisode 7

Ligne 5 : une passerelle vers l’emploi durable via les clauses sociales

05-10-25 - 06:30
Les clauses sociales sont aujourd'hui incontournables dans l'attribution des marchés publics. Les obligations légales qui en découlent pour les entreprises représentent des leviers importants d’insertion sociale et professionnelle. Sur le chantier de la ligne 5 de tramway, de nombreuses personnes éloignées de l’emploi ont pu ainsi retrouver une activité grâce à ce dispositif.
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Plus de 400 bénéficiaires des clauses sociales ont retrouvé une activité dans le cadre de la construction de la ligne 5 - © L. Séverac
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Le dispositif des clauses sociales porté par la Métropole de Montpellier s’inscrit dans une démarche volontariste de lutte contre l’exclusion par l’emploi. Coordonné par la Plateforme Clause Sociale, il mobilise un large réseau de partenaires, notamment les Structures d’Insertion par l’Activité Économique (SIAE), qui garantissent sa mise en œuvre. Les entreprises remportant les marchés publics doivent assurer un quota « d’heures de travail en insertion sociale » (NDLR : fixé à 5 % pour le territoire métropolitain) en embauchant des profils peu expérimentés ou en situation de précarité. 

Plus de 400 bénéficiaires dans le cadre de la construction de la ligne 5 

Ainsi, le grand chantier de la ligne 5 de tramway, piloté par la TaM, a permis à 419 personnes de retrouver une activité professionnelle (NDLR : chiffres de la Plateforme Clause Sociale de la Métropole arrêtés au 30/06/25). Parmi elles, 160 résidents des Quartiers Prioritaires de la Ville et 168 jeunes de moins de 26 ans. 

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De nombreux métiers peuvent être concernés par ces clauses sociales : manœuvres, ouvriers, techniciens, personnel administratif… - © C. Marson

Dynamiser des parcours précaires 

« Des agences d’intérim spécialisées comme la nôtre, appelées ETTi (Entreprise de Travail Temporaire d’Insertion), mettent à disposition des entreprises des profils de personnel répondant aux critères des clauses sociales. Ceux-ci sont précis : chômeurs de longue durée, bénéficiaires du RSA ou de l'aide sociale, travailleurs précaires ou en situation de handicap, jeunes de moins de 26 ans sans qualification et issus des quartiers prioritaires… Une partie des CV est présélectionnée par France Travail ou la Mission locale », explique Céline Ladet, responsable d’une équipe de chargés d’insertion au sein de l’agence Ergos. Les personnes sélectionnées dans ce cadre percevront une rémunération au moins égale au SMIC. Dans leur suivi individuel renforcé des candidats retenus, les ETTi prennent également en compte les différents freins à l'emploi : mobilité, problèmes de logement, de santé… 

Former du personnel qualifié 

Ce dispositif a pour but de favoriser la création d’emplois et de dynamiser des parcours professionnels difficiles. Il se veut profitable pour tous. « C’est du gagnant-gagnant. Les entreprises peuvent former du personnel selon leurs besoins spécifiques et valoriser leur image grâce aux « heures sociales ». Pour les bénéficiaires du dispositif, cette expérience permet d’avoir une activité, et un accès à des formations qualifiantes. Cela peut ensuite déboucher sur une embauche, en CDD ou CDI », détaille Céline Ladet. De nombreux métiers peuvent être concernés par ces clauses sociales : manœuvres, ouvriers, techniciens, personnel administratif…

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Grâce aux clauses sociales, Saïd et Falikou travaillent depuis près de deux ans sur le chantier de la ligne 5 - © 3M

Témoignages : insertion professionnelle par le chantier de la ligne 5

Saïd Alaoui (43 ans) a commencé par de l’intérim avant d’être embauché en CDI comme manœuvre polyvalent : « J’ai débuté sur le chantier de la ligne 5 en mai 2023, grâce à l’agence Ergos, qui s’est bien occupée de l’accompagnement de mon dossier. Avant, je faisais surtout des missions irrégulières, dans des conditions difficiles. Comme j’étais motivé, on m’a donné plusieurs tâches différentes : poser des bordures, faire de la petite maçonnerie et les finitions comme les joints, conduire le camion, nettoyer le chantier… Puis, j’ai signé un CDI chez NGE-Guintoli. Je suis vraiment content. En plus, j’ai pu faire différentes formations : AIPR – sécurité, tronçonneuse, électricité, conduite d’engins… Pour moi, c’est bien. C’est bon pour le moral, c’est bon pour la stabilité ». 

Novice dans le secteur des travaux publics, Falikou Sidibé (24 ans) travaille régulièrement sur le chantier de la ligne 5 depuis 2023 : « Avec l’agence Ergos, j’ai trouvé ce travail sur le chantier du tramway. Cela fait presque deux ans que je travaille sur la construction de la ligne 5. J’ai pu faire des formations, comme celle pour utiliser la tronçonneuse. Je me suis aussi formé au métier grâce aux conseils de mes collègues. Avant, je faisais de l’intérim dans l’étanchéité des bâtiments, mais c’était beaucoup moins régulier et plus dur. C’est mieux organisé ici, ça me va bien ».  

Les acteurs du dispositif des clauses sociales 

Sous la coordination de la Plateforme Clause Sociale de la Métropole, cheville ouvrière garante du bon fonctionnement de ces clauses sociales, de nombreux acteurs interviennent dans le dispositif.

Sur le territoire montpelliérain, l’articulation entre Associations Intermédiaires (AI), comme l’Apije ou Ouverture, Entreprises d’Insertion (EI) et ETTi (Entreprises de Travail Temporaire d'Insertion), comme Ergos ou Pil’Emploi, s’étoffe et permet de construire plus efficacement des parcours d’insertion. Dans un contexte économique difficile, les clauses sociales permettent à ces acteurs de trouver des ressources humaines tout en garantissant un accompagnement socio-professionnel adapté. 

Ainsi, en 2024, un total de 753 808 heures d’insertion ont été réalisées et plus de 1 600 personnes ont été accompagnées vers l’emploi. 

>>> Retrouvez la série d'encommun.montpellier.fr sur les femmes et les hommes qui font la ligne 5 de tramway.