Été 1969. La torpeur estivale est secouée par deux drames successifs. 19 enfants d’un centre aéré meurent noyés dans la Loire. Un mois plus tard, 24 personnes dont 14 fillettes périssent dans le naufrage d’un bateau sur le lac Léman, à Thonon. La majorité des victimes ne savait pas nager. La faute en incombe au nombre dérisoire de piscines sur le territoire national. Le gouvernement lance alors un appel à projets hors norme pour la construction d’un millier de piscines à déployer dans les communes françaises. Il s’agit de les construire rapidement et de façon industrialisée. L’État en assure le financement et les livre, clé en main.
Un côté futuriste
Parmi les lauréats, l’architecte Bernard Schoeller propose son concept de piscine Tournesol : une piscine recouverte d'une coupole en plastique percée de hublots ovoïdes. C'est moderne, peu cher et on peut décapoter le toit électriquement d'1/4 de sa circonférence pour l'été. Son côté futuriste lui donne des airs de soucoupe volante. Il s'agit à la fois d'une prouesse technique et d'un aboutissement conceptuel qui ne manquèrent pas d’être salués à l’époque.
Des piscines payées par l'Etat
Plus de 170 piscines de ce type écloront en France. « Le maire de Montpellier, François Delmas, n’était pas du tout intéressé par la natation. Il a accepté les piscines Tournesol car cela ne coûtait rien à la ville. C’est grâce à cela que nous en avons eu trois », se souvient Yves Jarousse, ancien président du M.U.C. Natation.
Les travaux de la première piscine Tournesol débutent à l’automne 1976. L’emplacement choisi (l’extrême fin de l’avenue de Maurin) était un lieu en pleine expansion du quartier Croix d’Argent. « Ces piscines ont marqué l'histoire de la ville, estime Hervé Marjoux, architecte de l’agence Coste. Leur arrivée a permis la démocratisation de la pratique et de l'apprentissage de la natation. Elles ont rempli leurs missions tout en devenant un patrimoine de tous les Montpelliérains. Ce système français de piscine publique est assez unique en Europe. Cela conduit à des prix modiques, ce qui n’est pas le cas ailleurs ».
Label Patrimoine du XXe siècle
C’est Georges Frêche, élu depuis peu, qui inaugure la piscine de Maurin durant l’été 1977. Elle est baptisée assez étrangement du nom de Jean Vivès, un patineur artistique décédé en 1999. Elle sera suivie de la piscine Taris (Pompignane) et Berlioux (Prés d’Arènes) dans les années 80.
Bénéficiant désormais du label Patrimoine du XXe siècle, la piscine Tournesol est à la fois le symbole d’une politique de programmation territoriale inédite pour l’époque, l’emblème architectural des années pop et l’icône de toute une génération de bébés nageurs nostalgiques.
La piscine Jean Vivès organise des manifestations lors des Journées du Patrimoine.
- Dimanche 17 septembre - 10h
Visite guidée et atelier dessin et d'observation sur l'ouverture des portes. L’atelier se terminera par un plongeon pour apprécier pleinement le projet piscine Tournesol toujours bien vivant. Les visiteurs doivent venir équipés comme des nageurs (maillot et bonnet de bain). Le reste du matériel nécessaire à la visite (tablettes pour dessiner, crayons, maquettes) sera fourni.
Il est nécessaire de réserver sur montpellier3m.fr