Série "Quand amour, art et Europe ne font qu'un" // Épisode 5

« En France, on communique plus facilement »

13-12-23 - 10:33
13-12-23 - 11:17
Montpellier 2028. Valérie Sajdik et Kay Vygen habitent en France depuis 20 ans. La chanteuse autrichienne et le sculpteur allemand ont pris racine dans un village, près de Lodève, où ils poursuivent leurs carrières respectives, loin de l’agitation des grandes villes européennes.
Valerie Sajdik et Kay Vygen
©D.R.
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C’est dans le petit village de Saint –Privat, dans le Lodévois, que Valérie Sajdik et Kay Vygen se sont rencontrés en 2002. Il venait de terminer ses études de droit en Allemagne, s’était réfugié dans la maison de ses parents et pensait sérieusement à se consacrer à la sculpture. Elle cherchait une bâtisse pour y implanter un studio d’enregistrement et poursuivre sa carrière de chanteuse en Autriche. 20 ans et deux enfants plus tard, le couple y habite toujours.  « Kay ne parlait pas français à l’époque mais peu importe. Nous communiquions en allemand, notre langue maternelle. Pour ma part, mon père étant diplomate, j’ai eu la chance de pratiquer l’anglais, le français et un peu le russe », explique Valérie. Le couple est très attaché à son village. « C’est un endroit paisible, un peu hors du temps, où règne une grande bienveillance. » 

Des récompenses musicales

Valérie est une artiste reconnue en Autriche. Elle a 20 ans quand elle déboule dans les charts autrichiens et allemands et remporte immédiatement du succès. Ses textes humoristiques, poétiques et réfléchis sont souvent des critiques sociales assénées de manière ludique. Plus tard, en 2004, avec le musicien électronique Klaus Waldeck, elle crée le projet musical Saint Privat (clin d’œil à son village) qui remporte plusieurs Amadeus Awards, l’équivalent des Victoires de la musique. Le succès est international. Leur dernier album, sorti en juillet dernier, est remarqué outre-Atlantique. La chanson Boom, Boom Click est d’ailleurs utilisée dans la troisième saison d'Emily in Paris, la série à succès de Netflix. 

Laisser une trace sur le sol français 

Kay a longtemps vécu à Hambourg, ville portuaire du nord de l’Allemagne, réputée pour son côté festif.  « C’est un endroit magnifique, bouillonnant de créativité, avec une architecture unique et d'innombrables canaux. Il y a davantage de ponts qu’à Venise », indique le sculpteur enraciné désormais sur les contreforts du Larzac. Quelques une de ses œuvres sont ancrées sur le territoire, telle la statue monumentale en pierre qui orne le chemin viticole de Montagnac. Valérie, pour sa part, estime que Vienne est la meilleure ville du monde. Et si parfois, elle a la tentation d’y retourner vivre, elle se sent bien dans son village. « J’aime la France, j’aime la lumière du sud. Les français ont une façon de communiquer plus directe et plus franche que dans les pays germaniques ».

Attentifs à la politique 

« Kay est extrêmement consciencieux. C’est son côté allemand ! », s’amuse Valérie qui revendique sa différence culturelle. « Même si les autrichiens ont parfois un complexe d’infériorité par rapport à l’Allemagne, il y a une volonté de se montrer à la hauteur. Mais nous sommes moins rigides que les allemands. Nous avons un humour qui s’appuie sur l’autodérision, un héritage de l’humour juif viennois ». L’éloignement de leurs patries d’origines ne les empêche pas de se tenir informés de la situation politique. Les prochaines élections législatives en Autriche font craindre une énorme percée de l’extrême droite tandis qu’en Allemagne, l’ascension de l’AFD, parti nationaliste et europhobe, sidère Kay. « C’est incroyable que ces thèses deviennent populaires. À croire que mes compatriotes ont oublié leur passé ».    

Sculpture
© Kay Vygen

Montpellier, candidate pour être Capitale européenne de la culture 

Montpellier et toutes les collectivités partenaires à ses côtés ont été présélectionnées parmi les 4 finalistes pour devenir Capitale européenne de la culture en 2028. Elles poursuivent ainsi leur travail de coopération et portent un véritable projet de territoire ambitieux, intégrateur, tourné vers l’avenir. 154 communes s’associent ainsi pour penser les défis contemporains et y apporter une série de réponses concrètes grâce au levier de la culture. Depuis 2022, cet élan partagé s’illustre sur le territoire de la candidature par 85 projets culturels qui développent de nouveaux partenariats européens. La ville lauréate sera désignée le 13 décembre. 

+ d’infos : montpellier2028.eu

>>Lire aussi : Tous unis pour la candidature