Plusieurs jours déjà que l’agitation s’est emparée des sous-sols de la Tour des Pins. Bien rangées dans leurs boîtes étiquetées, les figurines et décors de la crèche de la Garriga qui y sont entreposés à l’année s’apprêtent à être transportés à quelques centaines de mètres, jusqu’à la salle Pétrarque de l’Hôtel de Varenne. C’est dans ce magnifique écrin, voûté de pierres, que du 24 décembre au 6 janvier, petits et grands vont pouvoir venir feuilleter un véritable livre d’histoire sur la vie d’autrefois dans un village languedocien. Soit près de 200 figurines sur un plateau de 40 m² et qui ne cesse d'augmenter chaque année.
Un an de travail pour 15 jours d’exposition
L’association La Garriga Lengadociana, créée en 1957, perpétue depuis ses origines les traditions et les coutumes du Pays de Montpellier. La crèche traditionnelle fait l’objet d’une section à part dans l’association, placée depuis 2001 sous la responsabilité de Mireille Tournaire, assistée du préposé aux décors Guy Bernard. Pour quelques jours de présentation, c’est un bataillon de petites mains qui œuvrent en coulisses pendant une année entière pour concevoir les décors, réaliser des costumes, des accessoires. Mille petits détails savoureux que les curieux et amoureux de cette crèche célèbre, se plaisent à revisiter.
À la découverte des petits métiers d’autrefois
Parmi les figurines les plus appréciées : les nombreux petits métiers aujourd’hui disparus : rémouleur, matelassier, vitrier, rempailleur de chaises. Sans oublier le célèbre « peillarot », chiffonnier ambulant qui traversait les rues en criant et auquel les enfants désobéissants étaient menacés d’être livrés. Et même une « réveilleuse » qui dans les années 1850, armée d’une longue perche, venait toquer aux volets.
De "Blanchette" à la "Folle des Beaux-Arts"
Parmi les figures célèbres, Émilien Fleriac, plus connu sous le nom de « Blanchette ». Un Martiniquais, né en 1888, qui après la première guerre mondiale, pauvre et démuni, trouva refuge près du pont au bord du Lez. Muni de sa trompette, il soufflait l’alerte les jours d’orage pour prévenir la population en cas de crue. Jusqu’à une nuit de 1955 où le fleuve emporta Blanchette et son clairon. Autres figures, non moins originales : Gabriel, le vendeur de bonbons ; Madame Cissé qui vendait des dentelles et des colifichets ; Farinette, surnommée aussi « la folle des Beaux-Arts » parce qu’elle se promenait toujours avec un carton à dessins sous le bras…
Un vrai livre d’histoire
Pendant toute la durée de la crèche, les membres de la Garriga se tiennent à disposition pour expliquer figures et éléments de décors, détails d’architecture, danses, sports traditionnels. Panneaux explicatifs, petite carterie et objets souvenirs complètent la visite.
Crèche de La Garriga – du 24 décembre au 6 janvier – Salle Pétrarque (Hôtel de Varenne) 2, place Pétrarque – de 14h30 à 18h – Entrée libre
+ d'informations : lagarriga.fr
Les plus anciens santons de la crèche remontent aux années 50. Ils sont tous en argile et faits par des santonniers spécialisés de Provence. Mais beaucoup ont subi les affres du temps. Il a fallu réparer tout ça. S’il nous arrive d’en acheter, depuis quelques années nous faisons aussi un appel pour en récupérer. Nous les restaurons et les rhabillons aux costumes de la région. Avec un nouveau bras, une nouvelle jambe, certains changent même d’occupation ou de métier. Un chasseur devient vendangeur ou s’habille en tenue de bord de mer..."