Quelle est la spécificité de cette classe ?
La nouveauté est d’accueillir des élèves sourds mélangés avec des élèves entendants, mais que ce soit un vrai groupe de sourds. C’est-à-dire que nous ne sommes plus sur de l’inclusion avec un ou deux élèves sourds, mais avec six élèves sourds et des entendants dans une classe de 21 élèves. Il fallait surtout une enseignante qui pratique la langue des signes. C’est mon cas, car j’ai fait mes études en LSF pour devenir un jour enseignante pour des sourds. C’était mon objectif professionnel.
Qu’en est-il de l’encadrement à vos côtés ?
Aujourd’hui, la classe est composée d’une enseignante qui signe, moi-même, et une accompagnante des élèves en situation de handicap (AESH collective) qui a été mise à disposition de cette classe. Naomie est malentendante et elle pratique la LSF depuis toujours. Et nous avons aussi Sandrine, comme agent territorial spécialisé des écoles maternelles (Atsem). Le dispositif du pôle d’enseignement des jeunes sourds (PEJS) (1) existe depuis 2017 et a ouvert dans plusieurs endroits en France, mais nous n’en avions toujours pas dans l’Hérault. C’est désormais chose faite !
Comment les apprentissages s’organisent ?
Ce PEJS démarre avec six élèves et les apprentissages sont communs. Si ce n’est que les élèves sourds seront pris parfois par un professeur sourd qui travaille pour le centre d’éducation spécialisée pour les déficients auditifs (CESDA) et va les sortir de la classe. Il va les prendre pour des cours particuliers pour qu’ils aient un bon niveau de langue des signes.
Comment les élèves entendants profitent de la LSF ?
Ils vont emmagasiner, car de 3 à 6 ans, c’est l’âge où l’on absorbe tout. Je l’ai vu dès la première matinée, ils ont déjà attrapé des signes. Comme ils vont me voir signer beaucoup, ils vont saisir ce que je signe. Parfois, je parle et Naomie signe donc ils entendent et voient les signes en même temps. Forcément, ils vont attraper plein de choses. Un petit effectif est obligatoire. Six élèves sourds, c’est le nombre idéal pour l’accueil, car on voudrait que cela soit bénéfique pour tout le monde. Au-delà, on a peur que je sois plus disponible pour les sourds et moins pour les entendants. C’est une première année en forme de test.
(1) : Les PEJS permettent aux jeunes sourds ou malentendants de recevoir un enseignement bilingue LSF (langue des signes française) / français écrit, ou en langue française, écrite et orale, avec ou sans un soutien en LFPC (langue française parlée complétée) ou LSF.