« Il fait beau, allons au cimetière », s’exclamait, les jours de ciel bleu, la grand-mère de l’écrivain Emmanuel Berl. Ils sont nombreux en France et dans le monde à partager cette « taphophilie » inoffensive, parfois déployée jusqu’à donner naissance à une forme de tourisme spécialisé. À Paris, le cimetière du Père Lachaise attire près de 3 millions de visiteurs chaque année. À Montpellier, l’office de Tourisme propose de temps à autre quelques visites guidées à la découverte de nos défunts les plus remarquables.
Tombeau pour une reine
Le cimetière Saint-Lazare a ainsi hébergé pendant 65 ans, l’une de ces figures les plus illustres : Hélène, reine d’Italie, morte à Montpellier en 1952. Fille du roi Nicolas 1er de Monténégro, veuve de Victor Emmanuel III aux côtés de qui elle régna pendant un demi-siècle, elle était venue directement d’Egypte pour se faire soigner à Montpellier. Elle y occupa un étage entier de l’hôtel Métropole où elle s’était installée avec chauffeur, majordome et suivantes, avant de jeter son dévolu sur une vaste maison campagnarde située dans le quartier de la Chamberte, le Mas du Rouel. En 2017, à la demande de sa famille, la dépouille de la reine a été transférée au sanctuaire de Vicoforte dans le Piémont pour reposer aux côtés de son époux. La tombe de la reine est cependant toujours visible au cimetière Saint-Lazare, ainsi que son buste, placé à l’extérieur du cimetière, à l’exact opposé de sa tombe, regardant en direction de la ville qu’elle avait tant aimé.
Aux côtés d’Anna Pavlova
Autre reine, mais de la scène cette fois, à dormir non loin de là : Angèle Davin. De son vrai nom, Juliette Uyterhoven, née en Belgique en 1902, elle commença sa carrière aux côtés de la grande ballerine russe Anna Pavlova. Devenue maître de ballet, elle participa au renouveau de la danse à Montpellier, avec sa comparse Marie-Jeanne Langlois, enterrée avec elle dans le même caveau et qui fit les beaux jours du Casino de Paris.
Au rayon des inventeurs, à signaler la présence à Montpellier du tombeau de Paul Baron. Chirurgien-dentiste, né en 1854, il mit au point le sous-marin à double propulsion (thermique-électrique). Jugé irréalisable, son projet sera pourtant repris sans son autorisation. Il faudra une campagne de presse pour que le Ministère accepte de rétablir sa paternité. Il meurt en 1916 d’une explosion causée par sa dernière invention : un nouveau type de grenade. Louis Mazas (1843-1926), s’attribue quant à lui, par un petit médaillon en forme de cœur, l’invention de la bicyclette (en réalité il s’agirait du pédalier). Ce que lui conteste l’histoire officielle qui aura retenu les noms de Pierre Lallement ou d’Ernest Michaux. Qui faut-il croire ?
Le fils d’une esclave libre
Le destin le plus romanesque reste sans doute celui de Jean-Louis Michel (1785-1865). Né en Haïti de père inconnu et d’une esclave libre, il s’enrôle à 10 ans dans l’armée Napoléonienne, participe à la campagne d’Égypte et deviendra l’un des plus grands escrimeurs de tous les temps. La salle d’armes qu’il ouvre à Montpellier est fréquentée par une clientèle internationale. Il y enseigne jusqu’à 80 ans. Devenu aveugle, il poursuivait à l’oreille son enseignement, pouvant distinguer au seul bruit des lames la position bonne ou mauvaise de l’élève.
Autre destin remarquable, celui d’Étienne Blanc (1857-1933), plus connu sous son nom d’artiste, D’Jelmako. Descendant d’une famille de trappeurs sioux du Canada, il connaîtra la gloire internationale par ses dons de funambule. Attirant jusqu’à 125 000 personnes lors de l’exposition coloniale de Marseille. Revêtu de son costume d’indien, il franchit rades et montagnes sur son fil tendu, tout en tirant des ballons à la carabine ou en se faisant cuire un œuf… Il meurt à 79 ans en pleine cascade, chutant de son fil avec la « torpille aérienne » à moteur qu’il avait inventée. Dans son édition du 1eraoût 1933, Le Petit Méridional dont l’un des fondateurs, Jules François Gariel (1851-1913) dispose d’un magnifique mausolée à l’entrée du cimetière, lui rend un hommage mérité.
SPÉCIAL FÊTES DE LA TOUSSAINT
Horaires d’ouverture
Jusqu'au 3 novembre, dans le cadre des fêtes de la Toussaint :
Cimetière Saint-Étienne et métropolitain : de 8h à 18h
Cimetière Saint-Lazare historique : de 8h à 18h
Cimetière Saint-Lazare – extension : 8h20 à 17h50
Cimetière Saint-Lazare - annexe : de 8h10 à 17h40
Cimetière de Celleneuve : de 8h30 à 17h15
Horaires du 1er novembre et 11 novembre (et dimanche 3 novembre)
Cimetière Saint-Étienne et métropolitain : de 9h à 18h
Cimetière Saint-Lazare historique : de 9h à 18h
Cimetière Saint-Lazare - extension : de 9h20 à 17h50
Cimetière Saint-Lazare - annexe : de 9h10 à 17h40
Cimetière de Celleneuve : de 9h30 à 17h15
Visites
Les visiteurs ne sont plus admis 20 minutes avant l’heure de la fermeture.