Comment avez-vous rencontré Max Rouquette ?
Sylvan Chabaud : Mon premier contact avec Max Rouquette, c’est un livre dans la bibliothèque de mon père, occitaniste militant. J’étais trop jeune pour en saisir toute la portée, mais le nom de Max Rouquette est resté associé pour moi à la poésie, comme celui de quelqu’un qui comptait pour les lettres d’Oc. Plus tard, je me suis intéressé à l’Occitan, à travers la musique, les études. C’est en arrivant à l’Université, au département d’occitan, que j’ai pleinement découvert toute la portée de son œuvre. Grâce aux professeurs qui nous ont fait travailler ses textes. J’ai eu aussi l’occasion de le rencontrer personnellement, lors d’événements organisés sur le campus. Il m’avait même signé une très belle dédicace, sous forme de petit message adressé à la génération à venir…

Pourquoi est-il important de le lire aujourd’hui ?
S.C. : Parce que c’est d’abord un grand auteur, intemporel, universel. Créateur d’une œuvre variée et complexe. Avec une approche que je dirais très « contemporaine » dans son rapport à la nature, au paysage. Dans sa recherche d’une expression pouvant rendre compte d’un monde exprimé dans sa globalité. C’est très présent dans une de ses œuvres majeures, Vert Paradis. Où il nous invite à être tantôt le chasseur, tantôt l’animal pris au piège, la source morte qui semble renaître après la pluie des vendanges… Le poète et écrivain Roland Pécout (1949-2023), autre grande plume occitane, disait qu’il y avait quelque chose de « chamanique » dans l’œuvre de Max Rouquette. Avec aussi cette richesse et puissance de la langue et de la poésie, cette capacité à explorer tous les genres, prose, théâtre, poésie, mêlant érudition et savoirs populaires.
Vous participez à plusieurs événements dans le cadre de l’année Max Rouquette ?
S.C. : Le premier s’est déroulé le 26 janvier dernier à Argelliers, le village natal de Max Rouquette, dans le cadre du festival Mots Parleurs. En préambule de la conversation théâtrale proposée par Jean Claude Forêt et Bruno Cécillon, les étudiants de l’Université ont proposé une lecture de textes, en occitan ou en français, pour montrer la variété de l’écriture de Max Rouquette… Le prochain aura lieu le mardi 18 mars, à 18h, sur le site Saint-Charles 2 de l’Université Paul-Valéry. Il sera consacré à la question de la traduction de la littérature contemporaine occitane. La rencontre est proposée par le département occitan de l’Université Paul Valéry, en partenariat avec l’unité de recherche ReSo. C’est une conférence gratuite, ouverte à tous, assurée en français, par trois spécialistes de Frédéric Mistral, Robert Lafont et Max Rouquette. Ils parleront des enjeux et des difficultés de la traduction, de la nécessité de traduire et retraduire les grandes œuvres. Car la langue évolue. Et certains auteurs, comme Mistral, qui se sont traduits eux-mêmes en français, n’ont pas su rendre le rythme, la beauté, la vivacité du texte d’origine…
Vous serez également à un événement de plein air au mois de juin, à Saint-Saturnin-de-Lucian ?
S.C. : Max Rouquette possédait des vignes et une maison à Saint-Saturnin-de-Lucian. Pour lui rendre hommage, la cave coopérative a créé en 2009 le Sentier du vin des poètes. Un circuit de plein air mêlant découverte du terroir, de la poésie, le patrimoine et les vins de la cave. En 2010, l’association Pierre et Soleil, en partenariat avec la cave coopérative Fonjoya et l’association Les Sentiers d’écriture, a eu l’idée de proposer un concours de poésie : Le Sentier des poètes. Chaque année, le thème est inspiré par l’œuvre de Max Rouquette. En 2025 le thème est « Bestiaire. Bestiari ». Chacun peut y participer et les gagnants voient leur poème inscrit sur une cuvée spéciale ou gravée sur les pierres du chemin. Cette année, pour commémorer les 20 ans de la disparition de Max Rouquette, avec les étudiants de l’Université, nous avons été invités à proposer des lectures de texte en plein air. Et nous y serons accompagnés par le travail de marionnettes de la Cie Théâtre de Mathieu, qui a créé en 2000, dans la mise en scène de Florence Thiebaut, la pièce Médée de Max Rouquette. Rendez-vous le 14 juin. Causerie, concerts, expositions et balèti rythmeront cette journée exceptionnelle à la mémoire de Max Rouquette.
À NE PAS MANQUER
. Mardi 18 mars, 18h. Montpellier - Université Paul-Valéry, site Saint-Charles. Table ronde : Traduire la littérature occitane contemporaine en français : Mistral, Rouquette, Lafont. Entrée libre.
. Samedi 14 juin, de 10h à 22h. Saint-Saturnin-de-Lucian. Journée spéciale autour de Max Rouquette. Entrée libre.
SYLVAN CHABAUD
Universitaire, poète écrivain chanteur, né en 1980
Maître de conférence au département d’occitan de l’Université Paul-Valéry, Montpellier3, membre du laboratoire de recherche ReSo.
Parmi ses travaux en cours pour les Presses universitaires de la Méditerranée :
- Une étude sur le poète provençal du XVIe siècle, Louis Bellaud de la Bellaudière (1543-1588), auteur d’un grand poème carcéral : le « Don-Don infernal ».
- La publication d’une pièce retrouvée de Lazarine Nègre (1848-1899), membre du Félibrige, soutenue par Mistral, auteure de nombreux poèmes sous le pseudonyme de Lazarine de Manosque.