Après une décennie de gestion publique, satisfecit total pour la Régie des eaux

12-05-25 - 06:30
René Revol, maire de Grabels et vice-président de la Métropole en charge de l'Eau et de l'Assainissement, et Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de la Métropole, ont marqué les dix ans de la Régie des eaux de Montpellier Méditerranée Métropole en tirant tous les bénéfices du passage de l'eau, puis de l'assainissement en gestion publique. Et ils ont fixé le cap de la décennie à venir : la réutilisation des eaux usées pour de nouveaux usages.
Conférence de presse sur les rives du Lez
La conférence de presse des 10 ans de la Régie des eaux de Montpellier Méditerranée Métropole s'est tenue sur les rives du Lez - ©L. Séverac
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La Régie des eaux de Montpellier Méditerranée Métropole a dix ans. Le 7 mai 2014, le conseil de Montpellier Agglomération s’est prononcé à l’unanimité pour le passage en régie publique de l’eau. Elle a été fondée un an après. Le 1er janvier 2023, l’assainissement passait à son tour en régie. Un chemin parcouru grâce « à une volonté déterminée, calme et résolue », comme le précise René Revol, maire de Grabels et vice-président délégué à la Gestion raisonnée, écologique et solidaire de l’eau et de l’assainissement, et au travail des agents de la Régie qui compte aujourd’hui près de 200 personnes. 

Gérer de manière plus sobre

Pourquoi une gestion publique ? Pour René Revol, c’est une raison de principe. « À l’heure du dérèglement climatique, l’eau cesse de devenir une marchandise comme les autres, elle ne l’a d’ailleurs jamais été, et devient un bien commun universel qu’il vaut gérer de manière démocratique. L’objectif n’est pas de rentabiliser la régie en vendant plus d’eau. Nous cherchons l’inverse : faire en sorte qu’il y ait moins d’eau consommée pour qu’elle soit gérée de manière plus sobre. » Près de 150 millions d’euros ont également été investis sur la décennie de la Régie. La consommation a diminué, la lutte contre les fuites se poursuit et, depuis le 1er janvier 2023, les quinze premiers mètres cubes sont gratuits pour tous les abonnés individuels.  

Un des objectifs était aussi de sécuriser Montpellier qui ne dépendait que de la source du Lez et n’était pas à l’abri en cas d’incident sur le réseau principal. Ce qui a été fait avec la construction de l’usine Valédeau (24 millions d’euros d’investissements) qui traite l’eau du Bas Rhône Languedoc. 

L’autre gros sujet étant le traitement des eaux usées. « Nous reprenons entièrement Maera. C’est un investissement de 165 millions d’euros qui est supporté par les contribuables et dont l’échéance est en 2027. Maintenant que les objectifs réglementaires ont été levés, nous devons récupérer les eaux usées avec un niveau de performance très élevé. Il est anormal qu’aujourd’hui, les rues de Montpellier soient nettoyées avec de l’eau potable. » 

Maera, le deuxième plus gros chantier sur le territoire
Maera, le deuxième plus gros chantier sur le territoire - ©L. Séverac

En chiffres 

  • La Régie des eaux est l’autorité organisatrice du petit cycle de l’eau dans 14 communes. Cela représente 85 % de la population du territoire. 
     
  • Depuis la mise en place de la tarification éco-solidaire en janvier 2023, la consommation d’eau des usagers de la Régie a baissé de 5,14 %, soit 1,2 million de mètres cubes.
     
  • Avec les travaux de modernisation de Maera (165 millions d’euros), la capacité de traitement de la station devrait augmenter de 50 %.
     
  • La Régie compte 88 000 abonnés en compteurs individuels. Concernant les collectivités et les entreprises, le CHU de Montpellier représente un demi-million de mètres cubes à lui seul. 
La nouvelle unité de production d'eau potable Valédeau à Montpellier a été inaugurée en juin 2024
La nouvelle unité de production d'eau potable Valédeau à Montpellier a été inaugurée en juin 2024 - ©L. Séverac

Le choix de la gestion publique

Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de la Métropole, a lui aussi remercié les équipes de la Régie et l’élu délégué qui en dix ans « ont permis de changer profondément la donne sur ce territoire où il y avait énormément d’enjeux. C’est une signature montpelliéraine. Comme pour TaM qui était une société d’économie mixte (SEM) et que nous avons passée en société publique locale (SPL) au moment où nous avons fait la gratuité. La gestion publique est un très bon choix ». Tout en rappelant « que tous les travaux effectués avec la Régie n’auraient pas pu être menés avec un opérateur privé », il s’est félicité que Montpellier soit passée « de 23 % à 13 % pour les pertes d’eau sur le réseau » et a rappelé « que la stratégie est d’atteindre 6 à 7 % ». Tout comme la proposition du tarif écoresponsable de l’eau qui entre dans le bouclier social. 

Puis, Michaël Delafosse a évoqué l’avenir. « Maera est un chantier gigantesque. C’est un opérateur privé qui réalise l’usine sous pilotage public. C’est vrai que pour nos rues, nos parcs et jardins, on ne peut pas continuer à utiliser de l’eau potable, sinon ce serait contraire à ce que l’on dit sur la sobriété en matière de ressource. Alors, on va lancer le programme Pitot, du nom de celui qui a fait l’aqueduc qui approvisionnait la ville en eau. C’est le défi de la Régie pour les dix ans qui viennent : aller chercher l’eau qui a eu un premier usage pour les nouveaux usages. Nous devons avoir un programme de rupture par rapport aux modèles existants ». À bons entendeurs… 

13 mai : les Rencontres de l’eau

C’est un des temps forts du 10e anniversaire de la Régie. Elles se tiendront mardi 13 mai dans la salle Einstein du Corum suivant deux séquences. Le matin avec François Gemenne, spécialiste des questions de migrations environnementales et climatiques, sur le thème "Comment gérer les interactions entre cycles de l’eau et dérèglements climatiques ?" L’après-midi avec Charlène Descollonges sur le thème "Quelle gouvernance locale pour le partage quantitatif et qualitatif de l’eau sur notre territoire ?"  

Accès libre sur inscription. 
https://forms.regiedeseaux3m.fr/250684396602058