SÉRIE "CONSULS À MONTPELLIER" // ÉPISODE 6

Consuls à Montpellier : « Les Belges trouvent leur place à Montpellier »

13-05-25 - 06:30
Pierre Chatel, doyen des consuls à Montpellier, représente le royaume de Belgique depuis deux décennies. Guidé par son attachement au pays, il se dévoue au service de ses ressortissants.
Consul Honoraire de Belgique : Bâtonnier Pierre Chatel
Consul honoraire de Belgique : le Bâtonnier Pierre Chatel - © C. Marson
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Pierre Chatel : Je ne suis pas belge, mais il n’est pas nécessaire d’avoir la nationalité d’un pays pour le représenter. Avocat à Montpellier depuis 1978, j’ai été approché il y a vingt ans par le Consul général de Belgique à Lyon, qui m’a proposé de devenir Consul honoraire. Surpris dans un premier temps, j’ai été très honoré par cette proposition. La Belgique est un pays que je connais bien : en tant qu’avocat inscrit au Parlement européen, j’ai plaidé à de nombreuses reprises pour le royaume. Et mon père, officier de marine, a soutenu l’armée belge durant la Seconde Guerre mondiale. En somme, ce n’était pas un territoire inconnu pour moi.

Quelles sont vos missions en tant que Consul honoraire ?

Pierre Chatel : Mon rôle, entièrement bénévole, consiste à être un facilitateur. J’ai été choisi notamment parce que je connais bien Montpellier et ses acteurs économiques, ce qui me permet de jouer le rôle de trait d’union entre les entreprises belges et françaises. Dans l’Hérault, une cinquantaine de sociétés collaborent avec la Belgique, principalement dans le secteur tertiaire et les nouvelles technologies. Elles peuvent compter sur le Business Club Franco-Belge de Montpellier et l'Agence Wallonne à l'exportation et aux investissements étrangers (Awex) qui font office de véritables interfaces économiques et culturelles entre les deux pays. Par ailleurs, j’apporte mon aide aux ressortissants belges en difficulté. Savoir qu’un consul est présent pour les accompagner est souvent un grand soulagement. C’est une mission que j’accomplis avec plaisir.

Combien de Belges vivent dans la métropole de Montpellier ?

Pierre Chatel : On en recense environ 6 000, majoritairement francophones. Beaucoup viennent chercher le soleil, mais ce ne sont pas uniquement des retraités. Grâce au partenariat avec l’université de Liège, de nombreux étudiants belges viennent se former à Montpellier. On retrouve aussi des figures connues, comme la comédienne belge Aurore Delplace, vedette de la série Un si grand soleil, qui vit à Montferrier-sur-Lez. Et bien sûr, il y a aussi des commerces ! À chaque ouverture de restaurant belge, je prends le temps de m’y rendre pour observer la manière dont notre culture est représentée. Les Belges aiment valoriser leur pays à l’étranger, et cela se ressent.

S’adaptent-ils facilement à la vie montpelliéraine ?

Pierre Chatel : Leur nature souriante leur permet de tisser des liens rapidement. Ils sont aussi respectueux des règles et des conventions, au point de toujours lire un mode d’emploi en entier, sans oublier les conditions générales de vente ! (rires). Toutefois, certains peuvent être surpris par certaines habitudes locales, où les actes ne suivent pas toujours les belles paroles.

Que retrouve-t-on de belge à Montpellier ?

Pierre Chatel : Une convivialité chaleureuse, un véritable art de vivre… et un amour croissant pour la bière ! Chaque année, on constate un engouement de plus en plus fort pour les bières à Montpellier. Mais au-delà de la boisson, ce qui compte, c’est avec qui l’on trinque !

Une histoire de solidarité

Montpellier et la Belgique entretiennent une histoire commune où se mêlent guerre et solidarité. 

Dès 1914, alors que la Belgique subit les ravages du conflit, Montpellier devient un refuge pour les soldats belges évacués du front.
Pour les soigner loin des combats, un hôpital militaire voit le jour en 1915 sur un vaste terrain boisé de cinq hectares, au Plan des Quatre Seigneurs. D'abord baptisé « Hôpital militaire belge – Villa Saint-Charles », il prend ensuite le nom d’« Ambulance Élisabeth – Croix-Rouge de Belgique », en hommage à la reine Élisabeth. L’établissement ouvre ses portes en 1915 et accueille, pendant quatre ans, 630 soldats belges. Tous n’auront pas survécu : 107 d’entre eux reposent aujourd’hui au cimetière Saint-Lazare, où un monument aux morts franco-belge perpétue leur mémoire. Sa réfection en 2023 a été possible grâce à l'action d'Anne-France Jamart, Consule Générale de Belgique à Marseille. 
Ce passé commun se reflète aussi dans la ville, notamment à travers la place Albert 1er, qui rend hommage au souverain, surnommé le Roi-Chevalier pour son courage pendant la Grande Guerre.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. En 1940, Montpellier devient une nouvelle fois une terre d’asile, accueillant de nombreuses familles belges fuyant l’invasion allemande. Parmi elles, celle de Jean-Luc Dehaene, futur Premier ministre belge (1992-1999), qui voit le jour à Montpellier le 7 août 1940.

Aujourd’hui encore, plusieurs communes de l’Hérault gardent la trace de cet exode. Des plaques commémoratives rappelant l’accueil des réfugiés belges sont visibles à Palavas-les-Flots, Bessan, ainsi qu’à Montpellier, dans l’ancien hôtel de Ville, place de la Canourgue, aujourd’hui devenu le restaurant Jardin des Sens.