Montpellier : une nouvelle stèle au monument aux Morts

03-12-25 - 14:00
La stèle à la mémoire des juifs déportés de Montpellier et de l'Hérault a été dévoilée le 30 novembre à côté du monument aux Morts de toutes les guerres. Elle comporte plus de 180 noms dont celui d'un bébé d'un an. C'est une nouvelle pierre mémorielle qui s'inscrit sur cette place chargée d'histoire au fil des conflits meurtiers du siècle dernier.
Stèle des juifs déportés
La stèle des juifs déportés a été installée sur la place de la Légion d'Honneur, à côté du monument aux Morts - © C. Ruiz
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Le 30 novembre, Montpellier a écrit une nouvelle page d’histoire en dévoilant sur l’espace public une stèle « à la mémoire des Juifs déportés de Montpellier et de l’Hérault, victimes de la persécution avec la complicité active de l’État français de Vichy, assassinés dans les camps de concentration et d’extermination de l’Allemagne nazie entre 1942 et 1944 ». Une cérémonie émouvante qui s’est tenue en présence notamment de Haïm Korsia, le grand rabbin de France, auteur d’une prise de parole puissante après la diffusion de El male Rahamim, prière du rite funéraire juif mais aussi chant pour les morts à Auschwitz-Birkenau. Plus de 180 noms, dont un bébé d’un an, figurent sur cette stèle établie en grand partie à la suite des recherches menées par Michaël Iancu, le délégué régional du comité français pour Yad Vachem et directeur de l’Institut universitaire Maïmonide – Averroès - Thomas d’Aquin. 

Une histoire lacrymale 

« Pour la première fois, la liste des déportés juifs de Montpellier et de l’Hérault a été constituée et cela n’a jamais été réalisé auparavant. Juifs, israélites, déportés de 1942 à 1944, ramassés pour reprendre la terminologie de l’époque vichyste, juifs apatrides, réfugiés, français, c’est une histoire lacrymale que celle de la période de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah. Notamment pour la région de Montpellier ou le camp d’internement d’Agde, un des camps d’internement de l’anti France, souvent oublié sur la carte du tour de France de la mémoire », a détaillé Michaël Iancu avant de rappeler que « près de six millions de Juifs ont été anéantis dans 21 pays placés sous la botte nazie et 76 000 juifs français dont 11 000 enfants ont été déportés ». 

Le nom est essentiel

Venu à Montpellier pour le salon du livre des mondes juifs, Haïm Korsia, le grand rabbin de France, a lui délivré un message de fraternité. « La liste des victimes juives, le monument aux Morts des deux guerres, le buste du général De Gaulle, l’appel du 18 juin, le rappel de Bir Hakeim… Au fond, toutes ces pierres se réunissent et elles forment une seule mémoire. Et celui qui oublierait une partie de cette mémoire, quelle qu’elle soit, serait quelqu’un qui nierait l’histoire qui nous lie tous. S’il n’y a pas une histoire commune à partager et une jeunesse pour la porter, alors on ne fait rien et on ne peut plus enseigner. Cette réunion des mémoires nous oblige à quelque chose d’incroyable : l’espérance ultime de la République, l’unité. » Puis, se tournant vers les 180 noms de la stèle, il termina en rappelant que « dans le judaïsme, le nom est essentiel, c’est une trace qui ne s’efface pas. Il rappelle une histoire, une implication dans le monde et, enfin, une fraternité qui nous réunit ».

Complicités zélées

Le maire de Montpellier, lui, a rappelé que ce moment important s’inscrivait à la suite de toutes les cérémonies organisées pour les 80 ans de la Libération et quelques jours après les pavés mémoriels installés sur la place des Martyrs de la Résistance. Tout comme il a insisté sur l’intitulé de cette stèle où est évoquée la complicité active de l’État français. Car le visage du mal n’était pas qu’à Berlin, mais aussi sur le sol de France à la tête de ce qui n’était plus la République mais l’État français, qui trouvait des complicités zélées sur tout le territoire national. Cette pierre doit aider à éclairer les générations futures. 

Moment de recueillement
Cette cérémonie s'est tenue en présence de personnalités dont le grand rabbin de France - © C. Ruiz