Série "Voix d'eau" // épisode 1

Patrice Granier : le capitaine de Port Ariane à Lattes

30-12-23 - 14:00
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Responsable de la Capitainerie de Port Ariane, à Lattes depuis sa création en 1995, Patrice Granier veille au bon fonctionnement de cet équipement municipal, qui accueille à l’année une centaine de bateaux. Avec une attention particulière aux risques de pollution et à la préservation des milieux naturels.
Patrice Granier, capitaine de Port Ariane
Patrice Granier, devant la capitainerie de Port Ariane, à Lattes - ©S.M.
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Comment êtes-vous devenu capitaine du Port de Lattes ?

Patrice Granier : Pendant mon service militaire, dans la gendarmerie, j’ai eu l’occasion de faire quelques missions en « vedette ». L’expérience m’avait bien plu. Alors dès que j’ai su qu’un port allait se créer à Lattes, j’ai postulé. J’ai appris sur le tas, par le biais de différentes petites formations. 

Port Ariane : quatre pontons, une centaine de bateaux, dont ving-cinq réservés à la location
Port Ariane : quatre pontons, une centaine de bateaux, dont ving-cinq réservés à la location - ©S.M.

En quoi consiste votre travail ?

La capitainerie s’occupe de la gestion du port. De tous les liens avec les propriétaires des bateaux, qui y ont un abonnement à l’année. Actuellement, nous disposons de quatre pontons, avec une centaine d’anneaux, dont vingt-cinq sont réservés pour la location. L’essentiel du travail de l’équipe, composée de trois personnes, est donc celle d’un port classique, avec les encaissements, l’optimisation des emplacements, la surveillance. L’autre tâche importante réside dans l’entretien du port. Tous les jours nous procédons à l’enlèvement des résidus et objets flottants. Le port est entouré d’habitations, avec toutes les conséquences que cela entraîne. 

Ecran de contrôle de la commande automatique de l'écluse de Lattes depuis la capitainerie
Ecran de contrôle de la commande automatique de l'écluse de Lattes depuis la capitainerie - ©S.M.
Ouverture de l'écluse depuis la capitainerie par Patrick Granier
L'ouverture de l'écluse : 8 000 m3 d'eau qui partent à la mer - ©S.M.
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Ecran de contrôle de la commande automatique de l'écluse de Lattes depuis la capitainerie
Ecran de contrôle de la commande automatique de l'écluse de Lattes depuis la capitainerie - ©S.M.
Ouverture de l'écluse depuis la capitainerie par Patrick Granier
L'ouverture de l'écluse : 8 000 m3 d'eau qui partent à la mer - ©S.M.

Quelle disponibilité demande votre rôle à la capitainerie ?

En période d’ouverture, la capitainerie demande une présence permanente. Avec des horaires qui peuvent varier selon les saisons, sur le rythme de 8h à 12h30, puis de 14h à 19h30, par exemple pour les mois d’été. On travaille les week-ends. Et nous profitons de la période de fermeture du port, du 1er décembre au 2 février, pour faire les gros travaux de maintenance. Par exemple, nous avons planifié le dragage du canal, en début d’année, pour le remettre à une profondeur de 1,60 m. 

Qu’est-ce qui vous plaît dans votre travail ?

Le contact avec les habitants, les usagers du port. La diversité de nos missions. Gérer un port, commander l’ouverture ou la fermeture d’une écluse, par exemple, c’est passionnant. À chaque fois ce sont 800 m3 d’eau qui partent en mer. Il faut donc organiser les sorties, réunir les bateaux pour optimiser la manœuvre. Nous pouvons activer la mécanique depuis un petit local extérieur, ou depuis le poste de commande, sur l’ordinateur de la capitainerie, grâce à un dispositif perfectionné. 

Images de la crue du Lez en décembre 2003
Images de la crue du Lez en décembre 2003 - ©Patrice Granier - Capitainerie de Port Ariane - Lattes
L'entretien quotidien des eaux du port
Tous les jours, l'équipe de la capitainerie procède au nettoyage du port - ©S.M.
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Images de la crue du Lez en décembre 2003
Images de la crue du Lez en décembre 2003 - ©Patrice Granier - Capitainerie de Port Ariane - Lattes
L'entretien quotidien des eaux du port
Tous les jours, l'équipe de la capitainerie procède au nettoyage du port - ©S.M.

Y a-t-il une expérience qui vous a marqué ?

Sans doute la grosse crue de décembre 2003. Le Lez avait débordé, inondant jusqu’à la route de Palavas qui avait été fermée à la circulation. Nous avions été mobilisés sur place pendant trois jours. De la capitainerie, on apercevait les camions et les bateaux de l’armée apporter les secours. Le port avait été protégé de la crue, grâce à la porte de garde qui sépare les eaux intérieures de celle du fleuve. C’est cette porte que nous pouvons actionner, si nous détectons une pollution sur le fleuve, pour éviter qu’elle pénètre dans le port.

Ce travail de surveillance, notamment contre la pollution s’est-il intensifié ces dernières années ?

Oui, il est même devenu primordial. La gestion d’un port implique une vigilance aux traces d’huile, de gasoil qui peuvent être causées par les moteurs des bateaux. Nous menons une action renforcée auprès des propriétaires pour l’installation de protections, le contrôle et la propreté des cales. Nous sommes équipés d’un système de pompage des eaux noires. Toutes les eaux usées ne doivent plus être rejetées comme autrefois dans le port, mais dans les sanitaires de la capitainerie. Nous veillons aussi à limiter l’usage de l’eau potable. Le nettoyage des bateaux doit être effectué avec les eaux du port et aucun produit chimique ne peut plus être employé. 

Vue du Port de Lattes
©S.M.

Qui sont les plaisanciers au port ?

Essentiellement des Français, des Suisses, des Belges. Les propriétaires naviguent moins qu’auparavant. Ils viennent surtout les week-ends, ou pour passer une semaine à bord pendant les vacances. La nécessité d’avoir un permis fluvial pour remonter le Lez, le temps nécessaire pour rejoindre la mer (3/4 d’heures pour la navigation à quoi il faut ajouter 15 minutes pour le passage de l’écluse) font que les plaisanciers hésitent à sortir à la journée. La hauteur de pont à Palavas empêche aussi le passage de certains bateaux qui sont obligés de se diriger vers Frontignan ou alors vers le Grau-du-Roi, par le canal du Rhône-à-Sète. Beaucoup par contre, s’arrêtent à Villeneuve-lès-Maguelone, prennent les vélos et vont se baigner.

Est-ce qu’on se sent isolé ou relié à la ville, dans une capitainerie ?

Non, pleinement relié. Nous sommes situés sur le chemin de promenade, la piste cyclable. Depuis quelques années, nous gérons aussi la vasque du port, qui est une réserve de pêche. En dehors de la période d’alevinage (du 1er janvier au 30 juin), il est possible de venir s’installer avec ses cannes et ses appâts, à condition de rejeter toutes ses prises à l’eau. Muges, carpes, anguilles, même des silures, peuvent être sortis des eaux et tout de suite replongés. C’est l’AAPPMA – Montpellier Les Chevaliers de la Gaule qui y organise ses activités. Sans parler des nombreuses activités organisées toute l’année par le service des sports de la Ville de Lattes, avec pédalos, canoë, fête des sports... Une animation permanente. 

Port Ariane – Capitainerie – téléphone 04 67 81 86 07 – 06 26 98 55 82 – ville-lattes.fr

La vasque du port, réserve de pêche, gérée par la capitainerie
La vasque du port, réserve de pêche, gérée par la capitainerie - ©Port Ariane, Ville de Lattes

Source URL: https://encommun.montpellier.fr/articles/2023-12-30-patrice-granier-le-capitaine-de-port-ariane-lattes