C’est Yennayer, le nouvel an berbère. Bonne année 2974 !

12-01-24 - 10:00
12-01-24 - 13:57
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Le nouvel an berbère plus connu sous le nom de Yennayer, est le premier jour de l'année selon le calendrier amazigh (berbère), dont le point zéro a été défini sur 950 av. J.-C. Cette année, les Berbères d’Afrique du Nord et des diasporas du monde entier fêteront donc l'an 2974, entre le vendredi 12 et le dimanche 14 janvier. À Montpellier, aussi, le nouvel berbère sera célébré. Plusieurs associations montpelliéraines organisent des festivités.
Carte de vœux
Chaque année, pour Yennayer, l’artiste plasticien Denis Martinez crée une carte de vœux inédite. Asgwaz Amegas ! Bonne année ! - ©Denis Martinez
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Le premier jour de l’année

Pas d’inquiétude nous sommes bien en 2024. Mais certaines civilisations, certains peuples célèbrent l’arrivée de la Nouvelle Année à d’autres moments. C’est ainsi par exemple que le samedi 10 février 2024 nous entrons dans l’année du Dragon de Bois, la 4721e année chinoise. Un peu plus proche de nous, les Berbères fêteront quant à eux, Yennayer, leur nouvel an ce weekend. Yennayer marque le Premier jour de l’année selon le calendrier agraire amazigh, remontant à l’Antiquité. 

Célébré entre le 12 et les 14 janvier de chaque année, le nouvel an berbère correspond au calendrier julien, décalé de treize jours par rapport au calendrier grégorien. Son origine remonte à 950 av. JC, coïncidant avec l’intronisation du roi berbère Shehonq en tant que pharaon d’Egypte, marquant ainsi le début de la XXe dynastie égyptienne. 

Symbole de partage, d'hospitalité, de protection la nature 

Yennayer est une tradition importante pour les communautés Berbères. Une nouvelle année accueillie dans un esprit de joie, de bonne humeur, dans différentes régions de l'Afrique du Nord : en Algérie, au Maroc, en Tunisie, dans certaines régions du Mali et de Libye, également sur les îles Canaries et dans toute la France, par les Berbères qui restent toujours attachés à leur culture et à cette tradition millénaire. Les Amazighs (ou Imazighen) louent le labeur des agriculteurs et honorent la terre. Yennayer continue ainsi à être un symbole de partage, d'hospitalité, de protection de l'environnement et de la nature. Il est une occasion particulière pour les familles de se rassembler autour d'un bon repas et aussi l'opportunité de revisiter et transmettre les histoires des ancêtres, de perpétuer des traditions ancestrales. 

Yennayer marque le début de l’année agricole et est souvent associé à la dégustation de plats spéciaux et à des rituels symboliques liés à la prospérité, à la fertilité et à diverses formes de célébrations culturelles. 

Rites, traditions, étymologie

La veille du 12 janvier (ou du 14 janvier selon les régions), les Berbères s'apprêtent à accueillir Yennayer. On privilégie le port des tenues traditionnelles et de bijoux anciens. Pour les enfants, c'est aussi leur premier passage chez le coiffeur. Si la veille, les repas sont plus frugaux, le jour de Yennayer, un repas plus riche est partagé (imensi n yennayer), symbolisant la prospérité et l’abondance. Le dîner familial est le temps fort. On concocte des plats à base de semoule, de grains et de légumes. Ces mets, patrimoine culinaire berbère, sortent de l’ordinaire. Au menu, coucous assortis d’une volaille, du pain à base d’herbes. En revanche, durant cette journée, on ne mange point d’aliments acides, épicés et encore moins amers. Une superstition pour que cette année soit bénéfique. Des rituels de purifications sont également effectuées, comme le minutieux nettoyage de la maison, pour chasser les mauvais esprits et accueillir la nouvelle année sous de bons auspices.

En Kabylie et dans les Aurès, la veille, les maisons sont nettoyées et embaumées avec des herbes et branches d’arbres. Des masques sont confectionnés avec des citrouilles des fèves en guide de dents. Ils sont portés par les enfants qui demandent des friandises de maison en maison… un peu comme lors d’Halloween.

Des festivités partout en France, à Montpellier

En France, chaque année, de nombreuses festivités et animations culturelles sont organisées à l’occasion de Yennayer, rassemblent les Berbères de France, de Navarre et d’ailleurs. Paris, première ville berbère au monde, par le nombre, revêt alors ses plus beaux habits pour réunir tous ceux qui, berbères ou non, souhaitent ouvrir dans la fraternité les portes de la Nouvelle Année. Le Nouvel An berbère est même célébré chaque année, à l’hôtel de Ville de Paris en lien avec la Coordination des Berbères de France. 

À Montpellier aussi, les Berbères célèbreront Yennayer. Plusieurs associations organisent des festivités pour célébrer le nouvel an 2974. 

Affiche Identités et partage
Nouvel An berbère, le samedi 13 janvier, salle Pagézy - ©Identités et partage
Affiche ACBK
Nouvel An berbère, vendredi 12 janvier 2024, maison pour tous Marie Curie - ©Acbk
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Affiche Identités et partage
Nouvel An berbère, le samedi 13 janvier, salle Pagézy - ©Identités et partage
Affiche ACBK
Nouvel An berbère, vendredi 12 janvier 2024, maison pour tous Marie Curie - ©Acbk

Nouvel An berbère à Montpellier

Vendredi 12 janvier 2024
L’association historique ACBK, association culturelle des Berbères de Kabylie organise une soirée festive de 20h à 23h à la maison pour tous Marie Curie. Le clou du spectacle sera assuré par le groupe Kabyl-Oc, qui chantera des chansons kabyles en occitan et vice-versa. Possibilité de restauration sur place. 
Plus d’infos : 04 67 10 04 76 / 06 98 93 39 26 ou acbkm@yahoo.fr
www.acbk.org

 

Samedi 13 janvier 2024
La soirée portée par l’association Identités et Partage se déroulera à la salle Pagézy à partir de 18h. Au programme : rites et histoires de Yennayer, couscous convivial et spectacle musical avec le groupe Tajmilt et Zahir Abdjaoui. 
Plus d’infos : 06 23 76 80 98 / identites.partage@wanadoo.fr
Réservation obligatoire jusqu’au vendredi 12/01 à 23h sur helloasso.com/associations/identites-et-partage/evenements/ennayer-2974-nouvel-an-berbere

 

Samedi 27 janvier 2024
L’IMDH (Institut Méditerranéen du Développement Humain) accueillera ses invités à l’espace Jacques Aragon, de 17h30 à 23h, pour une soirée interculturelle et associative. Défilé de mode berbère, stands d’artisanat, exposition photo (bijoux et portrait de femmes) et projection d’un documentaire sur les origines des différentes tribus et modes de vie sont au programme. Sans oublier le traditionnel couscous. Le spectacle musical sera assuré par la troupe d’Adbelhak Hassioui, Cheb Rachid et DJ Mounia. Réservations au 06 21 13 81 98 / assoimdh.mtp34@gmail.com 

L’ASSAMR34 organise ses célébrations de 16h à 22h30 à la salle Guillaume de Nogaret, espace Pitot. Divers ateliers d’animation (dessin, henné, fabrication de robes traditionnelles…), une tombola et une exposition du peintre marocain Mohamed Ezziani. La convivialité sera célébrée autour d’un couscous et de pâtisseries traditionnelles. L’animation musicale revient à l’orchestre montpelliérain Étoile verte et au groupe Houssain Imazighn, mais aussi à Driss Mazih Inerzaf et Lahcen Bernoussi. Présence de la télévision marocaine et des médias locaux attendue. 
Contact et réservations : 06 28 92 74 05 ou assamr.sud34@gmail.com

Qui sont les berbères ?

Les Imazighen ou Amazighs, plus connus sous le nom de Berbères (en tamazight : Imaziɣen, ⵎⵣⵗⵏ en tifinagh, écriture berbère ancienne) sont un groupe ethnique autochtone d'Afrique du Nord. Connus dans l'Antiquité sous le nom de Libyens, les Amazighs ont porté différents noms durant l'histoire, tels que Mazices, Maures, Numides, Gétules, Garamantes… Ils sont répartis dans une zone s'étendant de l'océan Atlantique à l'oasis de Siwa en Égypte, et de la mer Méditerranée au fleuve Niger en Afrique de l'Ouest. Historiquement, ils parlaient des langues Amazighs, classées dans la branche des langues chamito-sémitiques. La majeure partie des Amazighs vit en Afrique du Nord : au Maroc (Chleuhs), en Algérie (Kabyles, Chaouis), en Tunisie, en Libye, au Niger, en Égypte, au Mali, en Mauritanie, au Burkina Faso, mais aussi aux îles Canaries. De grandes diasporas vivent en France, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Italie, au Canada et dans d'autres pays d'Europe.

Un peu d’histoire : Origine de Yennayer, le Nouvel An berbère

Étymologiquement, le mot Yennayer est composé de yen, qui signifie « premier », et d'ayer (ou ayyur), qui veut dire « mois ». Il correspond au premier jour du calendrier agraire utilisé par les Berbères depuis plusieurs siècles, correspondant au calendrier julien adopté en Afrique du Nord dans la Rome antique et décalé de 13 jours par rapport au calendrier grégorien. Le jour zéro de ce calendrier est choisi pour correspondre avec la victoire de Sheshonq Ier (Cacnaq) sur le pharaon Ramsès III et son intronisation en 950 av. JC, en tant que pharaon d'Égypte. Sheshonq Ier (Cacnaq) est fondateur de la XXIIdynastie qui a régné en Égypte jusqu'en 715 avant JC. La prise de Jérusalem et du trésor de Salomon par Chechonq 1er est inscrite dans la Bible. Le nom Sheshonq figure aussi sur un fragment de pierre, ou stèle, découvert sur le site de la ville de Megiddo, dont parle la Bible. Les historiens affirment que Cacnaq Ier était le fils de Nimlot A et de Tentshepeh A, tous deux issus du peuple libyque Machouach, qui se livrait à des batailles contre les pharaons de l'Égypte. Leur influence grandissante au sein de l'armée égyptienne et des enceintes de pouvoir a mené à l'instauration d'une dynastie aux origines berbères, qui unira une Égypte à l'époque divisée entre Thèbes au Sud et Tanis au Nord.

 

Une tradition et une fête importantes pour les Berbères
Nadir Bettache

Identités et partage est une association loi 1901, à but non lucratif, apolitique et non confessionnelle, que j’ai créée en Juillet 2002 pour faire se rencontrer les différentes composantes amazighes (berbères) vivant à Montpellier et les environs, d’œuvrer à leur rapprochement quelle que soit leur origine nationale et de favoriser les échanges dans le contexte méditerranéen. L’objectif de l’association est de favoriser, développer et promouvoir :

  • La culture amazighe (Berbère) dans un esprit strictement laïque.
  • L’égalité homme/femme, la citoyenneté et les valeurs républicaines. 
  • Les échanges et les liens de solidarité entre les deux rives de la Méditerranée. 
  • Un espace d’échanges culturels afin de faciliter l’intégration et se prémunir de toute forme de communautarisme. 

Notre association organise la soirée de Yennayer, le nouvel an berbère depuis sa création en 2002. C’est la manifestation phare. Cette fête, nationale et nord-africaine, rappelle un héritage, un patrimoine et une culture commune, par-delà la diversité des régions, des pratiques et des langues en usage. Yennayer est l’occasion de rassembler les familles et les communautés installées en diaspora. C’est également un moment privilégié de faire connaitre notre patrimoine culturel à tous les citoyens de la cité sans distinction ethnique ou religieuse. Socialement ces festivités du Nouvel An marquent un temps fort du vivre ensemble au sein de la cité : moment de retrouvailles, de partage et de vœux de prospérité commune. La fête de Yennayer, qui a lieu le 12 janvier de chaque année, est une tradition importante pour les communautés amazighes (berbères), en particulier en Algérie, au Maroc, en Tunisie, et dans certaines régions de Libye et du Mali. En Algérie, Yennayer a été reconnu comme fête nationale et jour férié depuis 2018. Au Maroc, cette reconnaissance a eu lieu en 2023. Cette intégration officielle dans les calendriers nationaux souligne l’importance de la culture amazighe dans ces pays. Bien évidemment, Yennayer est célébré par les associations au sein de la diaspora partout où elles se trouvent : en France, en Europe, Canada, États-Unis d’Amérique et bien d’autres contrées.

Nadir Bettache
Président de l'association Identités et Partage

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