En finir avec Babel

29-06-23 - 16:42
13-07-23 - 17:06
Imprimer
Parler une langue universelle commune pour faciliter les échanges et gommer les différences entre les peuples. Le Centre culturel esperanto de Montpellier fait vivre cet idéal humaniste et profondément pacifiste.
Cours d'espéranto.
©C.Marson
Écouter

Avec qui parler esperanto ?  Il est difficile de chiffrer avec exactitude le nombre de locuteurs dans le monde. Présent dans 120 pays, on estime que deux millions de personnes le pratiquent. En France, ils seraient quelques milliers. Parmi eux, Jeannine. Elle a découvert l’espéranto en 1965. « Un article de Midi Libre traitait de cette langue incroyable. Il mettait en avant plusieurs jeunes, de pays différents, qui pouvaient communiquer entre eux grâce à cette langue commune. Cela m’a fasciné. » En près de 60 ans, Jeannine a eu de nombreuses fois l’occasion d’appliquer concrètement cette facilité d’échanges. « Lors du Congrès mondial d’Esperanto à Montpellier en 1998 (le dernier en date tenu en France), 3 000 personnes étaient venues des quatre coins du monde et nous nous comprenions tous. Dans ces moment-là, on touche du doigt l’idéal qui a conduit à son invention ». 

Langue utopique ? 

Inventé à la fin du XIXe siècle par le polonais Lejzer Zamenhof, l’esperanto devait apporter une meilleure égalité entre les hommes en supprimant les différences linguistiques. Il a construit cette langue en la rendant aussi facile que possible à apprendre, sans verbes irréguliers, avec un vocabulaire adapté des racines des langues romanes et une grammaire simple, sans genre. « Les mots sont composés à partir de syllabes de base, explique Gilles Perez, le président du Centre culturel esperanto. C’est l’une des plus anciennes associations de Montpellier encore en activité. Elle date de 1958. J’y suis depuis 2019 mais j’avais déjà appris l’esperanto quand j’étais plus jeune, à Sète. J’adore les langues. Et celle-ci véhicule une utopie qui me plait. »

Une culture esperantiste 

Les cours d’espéranto qu’il donne chaque semaine se tiennent à la maison pour tous L’Escoutaïre, à Montpellier. Il n’a pas beaucoup d’élèves, reconnait-il volontiers. Néanmoins, il juge utile de faire vivre l’esperanto quoi qu’il arrive. Parmi ses élèves, Nicole s’est lancée il y a quatre ans, séduite elle aussi par la philosophie de l’esperanto. « Une langue universelle, cela fait rêver ! J’aime beaucoup le parler car il y a un côté ludique à combiner plusieurs mots entre eux. C’est comme un jeu de Légo. » Cependant les occasions de parler esperanto « en présentiel » ne sont pas courantes. En quelques années pourtant, les conversations en visio-conférences se sont multipliées. Depuis les années 60 s’est développé le Pasporta Servo, un service d’hébergement gratuit à disposition des espérantophones. Ce système propose à ses membres de loger ou de recevoir d'autres membres (généralement pour un ou deux jours). Il existe également toute une galaxie culturelle, composée de magazines, d’une radio Muzaiko, mais aussi d’une littérature propre avec plus de 6 000 romans écrits directement en esperanto. 

Maison pour tous l’Escoutaïre – 67 rue des Razeteurs – 04 48 18 62 10       


Source URL: https://encommun.montpellier.fr/articles/2023-06-29-en-finir-avec-babel