« Il y a des expos qui ont compté. Mais, celle-ci a un statut très particulier car Germaine Richier fait partie des fondamentaux du musée Fabre. Cette exposition était en gestation depuis près de quinze ans. Elle était très attendue. » Dès son propos liminaire lors du vernissage de la grande exposition estivale, Michel Hilaire, le directeur du musée Fabre, a expliqué la solennité de l’instant. Il était effectivement grand temps de rendre l’hommage qu’elle mérite à Germaine Richier, sculptrice disparue en 1959, à 57 ans. Une rétrospective d’autant plus intéressante que le musée Fabre a réalisé une muséographique remarquable à partir de pièces monumentales pourtant délicates à agencer.
Salle dédiée
Pas moins de 200 œuvres et une centaine de documents sont à découvrir. Longtemps oublié, le travail de cette artiste essentielle est redécouvert en France depuis son exposition à la fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence, en 1996. « C’est à ce moment-là que j’ai pensé qu’il fallait enrichir le fonds montpelliérain », commente Michel Hilaire. Longtemps, le musée Fabre n’a pu compter que sur le Loretto, œuvre majeure de jeunesse, présentée en 1936 lors de la première exposition personnelle de l’artiste. Une œuvre achetée par l’État et dont Germaine Richier avait souhaité la mise à disposition au musée Fabre. D’autres créations ont été acquises (La chauve-souris, L’araignée ou L’escrimeuse), de telle sorte qu’une salle dédiée du musée a été consacrée à l’ancienne élève de l’école des Beaux-Arts de Montpellier.
La Spirale
Divisé en sept séquences, le parcours de visite très riche s’achève sur une pièce étonnante, le fameux Échiquier, grand semblable dans ses formes à celui du jardin des Tuileries à Paris. « C’est un prêt de la Tate modern de Londres. Il s’agit de son ultime installation à hauteur d’homme, conçue comme une réalisation d’art total », poursuit le directeur du musée. Chez Germaine Richier, de nombreuses pièces ont une histoire et la plus rocambolesque est assurément Le christ d’Assy dont la modernité déroutante réveilla à l’époque la querelle de l’art sacré et rappela l’importance de défendre la liberté de créer.
Autre curiosité inspirante : La spirale. Une création de 1956, tirée d’un coquillage brisé par la mer, et qui se dresse depuis 1961 sur le campus de Paris-Saclay. Occasion pour Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de la Métropole, de faire une annonce. « Je veux remercier tous les ayant-droit de Germaine Richier. Avec leur accord, la Métropole va acquérir un exemplaire de La spirale. Elle sera installée en 2025, après les travaux sur l’esplanade Charles de Gaulle. Cette œuvre monumentale de Germaine Richier se retrouvera dans sa ville, celle où elle a étudié à l’école des Beaux-Arts à côté de l’Esplanade. Cela dit aussi tout notre engagement pour l’art et la culture. Outre les fonds publics, une souscription est ouverte pour du mécénat et les noms des participants figureront sur la plaque ». Pour Germaine Richier, la boucle semble bouclée.
Rétrospective Germaine Richier au musée Fabre jusqu’au 5 novembre. Plus d'infos : museefabre.montpellier3m.fr