Accents, dialectes et particularités linguistiques
« Dès ses premiers cours de théâtre, Benjamin Tholozan a bien été prévenu. Pour réussir sur scène, une condition incontournable : perdre son accent du sud. Au bout de plusieurs années passées à gommer, lisser, raboter les dernières traces méridionales, et donc croyant sa mission remplie, le voilà convoqué pour une réunion familiale. L’enterrement de son grand-père. Devant l’assistance, il délivre alors en forme d’hommage, un petit discours en occitan. Au terme duquel un grand silence étonné. Il fallut bien se rendre à l’évidence, personne n’avait rien compris. Stupéfaction pour la famille, l’enfant du pays, s’était mis à « parler pointu ». Dans un one man show truculent, Benjamin Tholozan, co-auteur de la pièce avec Hélène François, interprète tous les rôles, dans la cacophonie qui suit. Soulevant au passage des questions universelles, opposant la culture de l’intime et celle du pouvoir, Paris et le Midi, l’Académie française et les chants traditionnels… Un grand moment de théâtre, présenté les 11, 12 et 13 juin à Saint-Gély-du-Fesc sur La scène en Grand Pic Saint-Loup ».
Cabaret et music-hall : retour en force au théâtre
« Spectacle polymorphe, mêlant récit, musique, tournée de pastis offerte au public, Parler pointu, se déroule, merveilleux et jubilatoire, aux frontières du cabaret. Un genre longtemps négligé et qui revient pourtant en force au théâtre ces dernières années. Peut-être en raison des tensions actuelles, politiques sociales… De cette envie, comme dans le Berlin des années 30, de se retrouver dans des espaces subversifs et poétiques, mêlant poèmes et chansons, en compagnie de fascinantes créatures hybrides. Premier rendez-vous sous chapiteau, avec le Cabaret Renversé proposé par Julien Candy. Un spectacle proposé à partir de 6 ans, rassemblant le public autour de petites tables, dans la proximité de la funambule, du jongleur, de la violoncelliste, du chien savant ou du lanceur de couteaux. »
Life is not a picnic, proposé par le collectif cosmolyglotte, installera en plein air, quant à lui, son kiosque à musique, d’où va s’échapper un orchestre sud-américain, des rythmes de jazz et de samba, des reprises de Dalida, Brassens, Léo Ferré ou Aristide Briand… Le tout mis en images par des grands noms de la danse ou de la mise-en-scène, d’Ariane Ascaride à Jean-Claude Gallotta, Georges Lavaudant, Simon Abkarian, Sylvie Orcier ou Patrick Pineau.
Le troisième et dernier volet de ce triptyque « cabaret », tout droit échappé de chez Madame Arthur ou d’un beuglant des années 30, convie musiciens, danseurs, divas et femmes à barbes. Le secret, cabaret au bon goût d’autre chose, s’annonce déjà comme une « dinguerie scintillante » menée par Jérôme Marin, alias Monsieur K., proposée à l’Amphithéâtre d’O, à partir de 16 ans.
Du théâtre au cinéma : aventure des textes
Tout droit venus de ces mêmes années 30, deux pièces qui ont pour point commun d’avoir été parmi les premières à être adaptées pour les débuts du cinéma parlant. Liliom ou la vie et mort d’un vaurien, de Ferenc Molnár, fut en effet un des grands succès de Fritz Lang. La vie du petit vaurien, saltimbanque, hâbleur, voleur, séducteur jusqu’au meurtre, est ici revisitée par la metteuse en scène Myriam Muller. Qui en propose un spectacle choral, pris dans un tourbillon de manège, qui aborde avec sensibilité la difficile question de la violence conjugale. Autre chef d’œuvre du théâtre et du cinéma, Marius, de Marcel Pagnol, mis en scène par Joël Pommerat. Un spectacle puissant, fruit d’une série d’ateliers menés avec un groupe de détenus de la Maison Centrale d’Arles. Marius fils de César, est partagé entre son amour pour Fanny et l’appel de l’ailleurs, emmuré dans ses silences, son incapacité à dire ce qu’il ressent. Derrière le pittoresque, la profondeur tragique.
Et puisqu’il est question de voyage, acceptons celui que nous propose Lionel Dray et Clémence Jeanguillaume. Madame l’aventure prend pour matériau de départ les textes de grands explorateurs et quelques grands classiques, Don Quichotte ou le Mont Analogue, roman inachevé de René Daumal. Cité perdue, monstres terribles, diseuse de bonne aventure et chasse au trésor… De quoi faire le lien avec le spectacle d’Emma Dante, inspiré de Giambattista Basile, le Perrault italien, qui viendra raconter l’histoire poétique et grotesque du Roi Poule. Re Chicchinella. Où l’on voit un roi, affligé d’une poule en appendice fessier, se mettre à pondre, chaque fois qu’il mange, de scintillants œufs d’or… Au point que bientôt, toute la Cour, ne sait plus, qui du Roi ou de la Poule, elle est prête à admirer.
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