FESTIVAL

Printemps des Comédiens : « Faire entendre les voix du monde »

28-05-24 - 16:00
31-05-24 - 12:18
Le printemps des Comédiens revient du 30 mai au 21 juin, au cœur du Domaine d’O devenu Cité européenne du Théâtre. Pour sa 38e édition, le festival poursuit ses métamorphoses, s’ouvre à tous les publics et mêle l’allégresse des soirs de fêtes à l’écoute des textes les plus exigeants. Présentation de la saison par son directeur, Jean Varela. Deuxième chapitre : Faire entendre les voix du monde.
Photo du spectacle Les Messagères, de Jean Bellorini
Les Messagères, de Jean Bellorini, avec la troupe de l'Afghan Girls Theater Group - © Juliette Parisot
Écouter

« Résister. En cette année de célébration du 80e anniversaire de la Libération, je le disais, le mot de résistance prend une dimension particulière. En France, à Montpellier, nous avons de la chance. Malgré les temps difficiles que traversent aujourd’hui les institutions culturelles, l’État est à nos côtés, les collectivités locales, comme la Ville, la Métropole, nous soutiennent fortement. Mais il y a des pays où les artistes sont en grande difficulté. Non seulement d’un point de vue économique, parce que les subventions n’existent pas ou sont supprimées. Mais également dans la liberté d’expression, le choix des textes, de la programmation. »

Jean Varela, directeur du Printemps des Comédiens
Jean Varela, directeur du Printemps des Comédiens - © L. Severac

L’hospitalité aux artistes

L’élection en Argentine d’un président d’extrême droite, semblant sortir des pages d’Ubu roi d’Alfred Jarry, a plongé nombre d’artistes argentins en grande difficulté. Comme nous l’avions fait en 2019 avec les artistes polonais lorsque le Parti Droit et Justice (PiS) n’avait pas hésité à licencier ou poursuivre de nombreux créateurs, le Printemps des Comédiens a donc souhaité ouvrir à nouveau ses portes et sa programmation, cette fois vers l’Amérique du Sud. Il y a deux ans nous avions reçu une jeune performeuse argentine, Marina Otero, qui nous avait sidérés par la puissance de son art. Réfugiée aujourd’hui à Madrid, elle va venir créer son nouveau spectacle Kill me. Elle y convoque, parmi ses interprètes, le fantôme de l’immense Nijinsky, pour une pièce conçue comme magnifique et dérangeant tableau vivant de la folie amoureuse. Un spectacle conseillé à partir de 16 ans, et qui sera présenté pour l’occasion à la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, lieu d’accueil emblématique du Centre national des écritures du spectacle. Un bus sera spécialement affrété pour l’occasion, que j’imagine déjà en « bus de la dispute », ou du débat, permettant à chacun de faire entendre sa voix. N’est-ce pas ce qui compte, suite à un spectacle qui s’annonce comme très radical. 

>>> Lire aussi - Printemps des Comédiens, chapitre 1 : Célébration de la Jeunesse // Printemps des Comédiens, chapitre 3 : La grande caravane des diversités

 

Photo du spectacle de Marina Otero, Kill me
Kill me, de Marina Otero - © Sofia Alazraki
Photo du spectacle Gaviota, de Guillermo Cacace
Gaviota, de Guillermo Cacace - © Francisco Castro Pizzo
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Photo du spectacle de Marina Otero, Kill me
Kill me, de Marina Otero - © Sofia Alazraki
Photo du spectacle Gaviota, de Guillermo Cacace
Gaviota, de Guillermo Cacace - © Francisco Castro Pizzo

D’Afghanistan à l’Argentine : un plaidoyer pour la liberté

Autre enfant terrible de la scène argentine, Guillermo Cacace, viendra présenter son spectacle Gaviota, qui signifie « mouette », en français. Comme la pièce d’Anton Tchekhov ? Presque. Certes tous les personnages de Tchekhov seront présents, mais autrement. Tous interprétés par des femmes. Et dans un dispositif scénique original, puisqu’acteurs et spectateurs seront installés autour d’une même table, dans une baraque en bois spécialement aménagée sous la pinède. Un spectacle que l’on pourra prolonger évidemment, par une autre création inspirée de Tchekhov, mais cette fois mise en scène par Cyril Teste : Sur l’autre rive. Variation théâtrale autour de Platonov. La première pièce de l’auteur, écrite alors qu’il n’avait que 18 ans. Et cette fois encore dans un dispositif scénique surprenant, qui dans le principe d’une grande fête, va décloisonner le rapport entre scène et salle, ajoutant au réel un travail de caméra et projection video, marque de fabrique du Collectif MxM. 

 

Photo du spectacle Les Messagères, de Jean Bellorini
Les Messagères, de Jean Bellorini - © Juliette Parisot

Parmi les voix du monde, accueillies à Montpellier, celles des membres de la troupe de l’Afghan Girls Theater Group, qui ont fui l’Afghanistan en 2021, suite à la prise du pouvoir par les talibans. En France, plusieurs structures culturelles se sont engagées à accueillir ces artistes en exil, dont Jean Bellorini, metteur en scène et directeur du Théâtre National Populaire à Villeurbanne. Après une session de répétitions autour d’Antigone de Sophocle, cet ensemble unique, composé de neuf comédiennes, a poursuivi l’aventure. Et livre, un spectacle émouvant et joyeux, Les Messagères, où chaque interprète semble adresser à une sœur lointaine, le témoignage de leur souffrance, de leur amour, de leur engagement.

Photo du spectacle "Une assemblée de femmes"
"Une assemblée de femmes, aujourd'hui", Roxane Borgna ; J.C. Fall ; Laurent Rojol - © Laurent Rojol
Photo du spectacle Balkony, de Krystian Lupa
Balkony, chants d'amour, mis en scène par Krystian Lupa - © Natalia Kabanow
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Photo du spectacle "Une assemblée de femmes"
"Une assemblée de femmes, aujourd'hui", Roxane Borgna ; J.C. Fall ; Laurent Rojol - © Laurent Rojol
Photo du spectacle Balkony, de Krystian Lupa
Balkony, chants d'amour, mis en scène par Krystian Lupa - © Natalia Kabanow

Paroles et combats de femmes

Plusieurs spectacles, programmés dans le cadre de cette 38e édition du Printemps des Comédiens, interrogent ainsi la place et les difficultés des femmes dans le monde. C’est le cas du spectacle « Une assemblée des femmes, aujourd’hui », qui mêle au texte d’Aristophane, films, entretiens, portraits, photographies de femmes de Palestine, dans un travail choral mené par Roxane Borgna, Jean-Claude Fall et Laurent Rojol. À voir également, Balkony, chants d’amour d’après John Maxwell Coetzee et Federico Garcia Lorca, mis en scène par le maître de la direction d’acteurs, Krystian Lupa. Ou encore le magnifique Villa du Chilien Guillermo Calderón, où trois femmes, attablées, revisitent la tragédie de la dictature de Pinochet, le souvenir des victimes torturées, des opposants exécutés. Sans oublier Journée de noces chez les Cromagnons, dernière pièce du Libanais Wajdi Mouawad. Fable à la fois burlesque et tragique, dans laquelle malgré la guerre, la bombe, l’orage, une mère réunit la famille pour marier la fille aînée. 

Printemps des Comédiens Montpellier – 178 rue de la Carriérasse – 04 67 63 66 67 - ligne 1 arrêt Malbosc - printempsdescomediens.com – facebookInstagram

>>> Billetterie en ligne

 

38e Printemps des Comédiens - Programme complet