Quand avez-vous découvert le sport ?
Christiane Roux : Lorsque je suis entrée en 6e à Montpellier au collège Legouvé (actuel collège Clémence-Royer). C’est devenu une vraie passion. Je n’avais pas de bons résultats à l’école, mais sur le stade, je me dépassais. Mes professeurs, dont Madame Mistral (qui était la nièce de l’écrivain), m’ont encouragée. J’aimais toutes les disciplines. L’athlétisme, le tennis, le basket, le ping-pong, la natation, la gymnastique… Je ne vivais que pour ça.
Faire du sport dans les années 50, quand on était une fille ?
C.R. : D’abord c’était très mal vu. Pour tout vous dire, lorsque nous prenions le train pour partir en compétition, il m’arrivait de me cacher pour ne pas être vue par les autres copines et leurs parents. Sous peine de m’entendre dire que j’étais « garçonnière » … C’était une autre époque. Une année, lorsque j’ai fait les championnats de France de saut en hauteur à Paris, je me souviens qu’il fallait d’abord se faire mesurer la longueur du short qui devait arriver juste un peu au-dessus du genou. Sinon, nous étions exclues.
Lire aussi >>> Mémoire du sport : 10 ans d’histoire pour le Football du peuple
Et matériellement ?
C.R. : Déjà du point de vue financier, comme nous n’avions pas beaucoup de moyens, je faisais du sport partout où c’était gratuit. Lorsque j’ai voulu faire du tennis, il m’a fallu faire les vendanges pour gagner de quoi acheter ma raquette. Et pour les entraînements, on faisait comme on pouvait. Le plus souvent sans entraîneur. C’étaient les garçons qui nous donnaient des conseils, ils étaient plus en avance que nous, leurs professeurs étaient aussi plus ouverts. Pour vous dire, je me souviens d’une enseignante de gymnastique qui faisait les cours en manteau de fourrure !
Pourquoi avoir confié vos souvenirs de sports aux Archives ?
C.R. : Parce que j’aime tout de ma ville. Ma famille est installée à Montpellier depuis plusieurs générations. J’ai vu sur internet cet appel pour la grande collecte du sport, j’ai immédiatement contacté les archives qui ont été intéressées.
Au-delà de votre expérience personnelle, les photos présentées témoignent de nombreux équipements sportifs aujourd’hui disparus ?
C.R. : Il n’y en avait pourtant pas autant qu’aujourd’hui. Les piscines, par exemple, il y en avait une aux Beaux-Arts, mais je fréquentais surtout celle du CREPS, et seulement l’été parce qu’elle était découverte. J’ai fait de l’escrime dans l’ancienne salle Réant, rue d’Obilion. J’ai fréquenté le gymnase du Peyrou, le terrain de volley rue Du Guesclin ou s’entraînait le MUC basket, sans oublier les anciens terrains du Polygone, sous la gare du petit train de Palavas, où se retrouvaient les joueurs de boules mais aussi tous les amateurs de sports…
Vous avez regardé les Jeux Olympiques ?
C.R. : Pardi, tous les jours. Et je vais enchaîner avec les Paralympiques. Et quand je vois les performances des sportives, tout ce qu’elles arrivent à réaliser, je me dis que je suis née trop tôt !
Archives de Montpellier – Grande collecte des archives du sport
Photos, affiches, programmes, cartes de licenciés, films, cassettes vidéo… Pendant plus d’un an, jusqu’au 9 juin dernier, les Archives de Montpellier se sont associées à la grande collecte nationale démarrée à l’approche des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. L’appel à participation lancé à tous les habitants de Montpellier, sportifs amateurs ou professionnels, supporters et passionnés, a permis d’enrichir les collections patrimoniales et la connaissance de l’histoire de notre ville.
Archives de Montpellier, 1 place Georges Frêche – 04 67 34 87 50 – archives.montpellier.fr