Quatre résidences sociales viennent d’ouvrir leurs portes : deux à Montpellier, une à Clapiers et une à Saint-Jean-de-Védas. « Ici, nous avons 25 logements conventionnés, dont six adaptés PMR, et des espaces communs : coin cuisine et salle de vie, potager partagé… Chaque résident accueilli, homme ou femme, dispose de son studio meublé de manière pérenne, via un bail reconductible tacitement. Il peut ainsi se poser au calme et se projeter plus sereinement. Nous assurons la gestion et l’animation, ainsi qu’un accompagnement à la vie quotidienne », détaillent Lison Germain et Daphné Leroy, hôtes de la pension de famille Frères Grimm dans le quartier Consuls de Mer à Montpellier. Les deux éducatrices spécialisées de l’association Habitat et Humanisme insistent sur l’aspect apaisé du lieu et les activités en commun, comme le repas collectif hebdomadaire.
Un cadre apaisant pour reprendre confiance en soi
Cette dynamique de soutien permet de lutter contre l'isolement de la personne. « Nous ne faisons pas de l’insertion sociale, mais plutôt de l’inclusion sociale : les résidents doivent s’approprier leur logement, le quartier, les espaces communs et les règles de vie. Tout cela avec le soutien des encadrants », ajoutent les deux responsables de la structure, qui sont aussi parfois aidées par des bénévoles. « J’ai connu des endroits horribles avant, avec du harcèlement et du vol. Je passe de l’enfer au paradis. Ici, c’est convivial et sécurisé. Avoir une résidence étudiante juste à côté, c’est super : on peut échanger et faire des activités avec les jeunes », témoigne Nicolas, pensionnaire chez les Frères Grimm. « C’est ça l’important, le lien entre les gens, le vivre ensemble. On est en famille. Si on a besoin d’aide, les hôtes sont présentes. Sinon, on s’aide entre nous », ajoute sa voisine Paulette.
« Il s'agit de logements personnels conventionnés à loyers modérés »
À Saint-Jean-de-Védas, la pension Le Patio est gérée par l’association Gestare. « Le projet a été conçu conjointement avec Promologis dès le départ, tant sur le plan architectural, que social. La résidence est 100% PMR et BBC. Tous les mois, nous tenons un conseil de résidence, qui a le pouvoir de prendre des décisions sur la vie de la pension. Mais cela reste du logement personnel : les gens sont chez eux, ils peuvent recevoir leur famille ou leurs amis. Les hôtes sont là avant tout pour réguler les rapports entre les résidents et animer le lieu », explique Pierre Buisine, directeur de la structure. « Les admissions se font sur demande et sur dossier. Il s'agit de logements conventionnés à loyers modérés, grâce aux aides publiques, et avec des APL majorées. Ils sont destinés à un public déjà dans le circuit de l’hébergement d’urgence ou venant de la rue. Comme dans un immeuble classique, il faut respecter le règlement et payer son loyer », précise le responsable.
« Avant, je vivais dans ma voiture. Ici, c’est familial, on se sent entouré. J’ai connu l’endroit par l’association Paniers de l’espoir qui distribue de la nourriture aux SDF. J’espère pouvoir rester », raconte Jean-Jacques, qui vient d’arriver au Patio. « La pension est vraiment bien. C’est apaisant. On reprend confiance en soi et on se libère dans les activités créatives ou collectives. Cela ouvre des perspectives », confie Laure.
11 nouvelles résidences sociales d’ici 2027
Outre les pensions de famille Frères Grimm à Montpellier et Le Patio à Saint-Jean-de-Védas, deux autres structures similaires sont entrées en fonction récemment : la résidence Le Carrousel, installée dans le quartier Gambetta et gérée par l'association Gammes, ainsi que la résidence Thelenious Monk à Clapiers, dont la gestion est assurée par l'association Isatis. L’objectif de la collectivité est de financer 11 nouvelles résidences sociales sur le territoire métropolitain d’ici 2027, notamment en élargissant l’opération au parc privé via les agences immobilières à vocation sociale (AIVS).
Paroles de résidents
Patricia, en chambre PMR avec lit médicalisé dans la pension Frères Grimm : « C’est vraiment le bonheur ici. Il y a un ascenseur et j'ai un petit balcon. Les voisins sont bien. Les responsables sont bien. Il y a vraiment une bonne ambiance. Je me sens apaisée, mieux que dans les structures que j’ai connues avant ».
Rachid, résident de la pension Frères Grimm : « Il faut un peu de temps pour s’adapter, s’installer et se connaître les uns et les autres... Mais cela porte bien son nom je trouve : ici, on retrouve bien l’aspect famille. Il y a toujours quelques chamailleries, mais on bénéficie vraiment d'une bonne ambiance. Toute le monde met la main à la pâte, on partage nos recettes de cuisine, on discute… Tous ces échanges nous renforcent ».
Paulette, résidente de la pension Frères Grimm : « Ici on est en famille, c’est bien. Les gens sont serviables et respectueux. Il y a du partage, de l’entraide, des discussions… ça fait du bien ! »
Laure, pensionnaire du Patio : « La résidence est vraiment bien. Le parcours de chacun n’a pas toujours été évident… mais ici, c’est calme. Cela apaise, cela libère… On reprend confiance en soi. On peut se concentrer sur des activités créatives ou de groupe pour se reconstruire. Cela ouvre des perspectives pour le futur. Une fois par semaine on prépare ensemble un repas collectif. Les activités collectives ne sont pas obligatoires mais je trouve que c’est bien. C’est bien d’avoir les deux : le privé pour chacun et le commun pour partager. Nous avons de la chance, je ne crois pas que cela existe ailleurs »
"Depuis 2018, suite à sa candidature à l'appel à manifestation d'intérêt lancé par l’État, Montpellier Méditerranée Métropole est un territoire de mise en œuvre accélérée du programme Logement d'abord. Un dispositif qui a pour ambition de réduire significativement le sans-abrisme en privilégiant l'accès direct à un logement pour les personnes en grande précarité. Le pari d'un accès direct au logement peut être remporté lorsque les moyens nécessaires sont mobilisés pour accompagner les personnes au plus près de leurs besoins. C'est tout l'enjeu du dispositif Bail d'abord, qui a permis en 2023 à 56 personnes issues de la rue ou de l’hébergement d’urgence d'intégrer un logement via un bail autonome. Le plan Logement d'abord a aussi permis de financer des résidences sociales. Avec en parallèle la mise en place d'un travail de prévention et d'orientation pour éviter les ruptures de parcours. Autant de mesures qui visent à offrir des réponses concrètes à une crise du logement que nous refusons de voir s'installer comme une fatalité."