Marianne était au XVIIIe siècle, le prénom le plus courant pour les femmes.
C’est un prénom qui résumait la religion catholique, puisqu'il était composé de Marie, la mère de Jésus et de Anne, la mère de Marie. La Révolution, qui éclate en 1789, prend un tour inattendu puisqu’en 1792 les gardes du roi tirent sur la foule à Paris. La Révolution devient dramatique. Et c'est dans cette période qu'un événement inattendu se produit. C'est à Puylaurens, la ville natale de Georges Frêche, l’ancien maire de Montpellier, qu’un obscur cordonnier protestant, Guillaume Lavabre, rédige une chanson en occitan, La Garisou de Marianno (La guérison de Marianne). Il y nomme la République Marianne. Alors commence la grande aventure de Marianne, symbole de la liberté.
Depuis cette période, Marianne est l'emblème incontesté de la République.
Elle incarne, suivant les moments, une République guerrière qui défend le territoire et qui brandit le drapeau de la Révolution sur les barricades, mais aussi une République pacifiée symbole de prospérité et d'union nationale au-delà de toutes les différences. C'est pour cela qu'elle n'a pas d'âge et qu'hier, comme aujourd'hui, elle peut prendre les traits de chacun d'entre nous ou même quelquefois de quelques célébrités du cinéma. Elle œuvre pour la paix tant intérieure qu'internationale. Tantôt coiffée du bonnet phrygien, ce bonnet rouge que portaient les esclaves libérés par leurs maîtres dans la Rome antique. Tantôt la tête couronnée de lauriers, pour marquer la victoire sur les violences et les dominations indignes d'une société de fraternité et de compréhension mutuelle.
Marianne enfin, c'est la laïcité.
En 1905, la République française a pris deux décisions. La première, c'est que chacun a droit à la liberté de conscience et de pratique religieuse. C’est la fin de toutes les discriminations qui, pendant un millénaire avaient mis à l'écart les juifs et les musulmans, les protestants et les libres penseurs. Désormais, la liberté de croire ou de ne pas croire, la liberté de manifester publiquement sa foi, peuvent s'exercer sans contrainte pourvu que l'ordre public soit respecté. La deuxième décision, c'est qu'il va y avoir une séparation désormais entre la République et les religions ou les cultes, quels qu'ils soient, anciens ou récents, curieux ou traditionnels. À cette double condition, Marianne est enfin devenue un gage de paix sociale. Elle n'a ni préférence, ni rejet d'une quelconque expression que ce soit, des convictions et des choix de chacun en matière de spiritualité. Elle traite tous les citoyens, toutes les citoyennes de manière égale. Et notamment dans l'école, où elle fait en sorte que rien ne vienne troubler la sérénité qui doit accompagner les enfants venus pour apprendre. De même que les murs et les leçons, les maîtres sont neutres.