Après la convention citoyenne et l’ouverture d’un guichet unique pour les entreprises, mais aussi la formation en cours de 1 000 agents et le lancement d’une enquête auprès de la jeunesse, la Métropole continue de s’impliquer dans le développement de l’IA sur le territoire avec la création d’une association : IA Montpellier Méditerranée. « La force et la diversité des acteurs de l’IA à Montpellier, avec le soutien des collectivités territoriales, se combinent dans cette structure, qui est à la fois un label fédérateur et une marque reconnue. Il faut continuer à mutualiser nos compétences », estime Philippe Augé, président de l’Université de Montpellier, partenaire de l’opération, tout comme Digital 113 et le CHU.
« Faire émerger les champions français de l’IA »
Arnaud Ioualalen, vice-président French Tech Med, est sur la même ligne. « Il s’agit de fédérer notre écosystème « IA » à Montpellier à travers cette association. Il existe ici de bonnes bases, reposant sur une dynamique singulière, avec des réseaux déjà en place et des acteurs qui ont l’habitude de travailler ensemble. Nous avons besoin de visibilité et de financements dans cette féroce compétition. D’ici trois ans, personne ne pourra faire sans l’IA. Je pense que le champ de bataille de demain ne sera pas forcément le « massive data », où les États-Unis et la Chine sont en avance, mais plutôt des terrains plus spécialisés. Il faut un écosystème solide pour faire émerger les futurs champions français de l’IA souveraine. Avec IA Montpellier Méditerranée, c’est la création d’un « modèle » local pour continuer à relever ces défis », précise le chef d’entreprise.
Montpellier sera au rendez-vous de l’IA
Mettre tous les acteurs autour de la table est une nécessité, car l’IA est un domaine qui évolue très vite et qui aura un impact important sur le destin de chacun. « Je salue les intervenants de grande qualité qui sont venus exprimer la force du territoire montpelliérain en la matière. Nous avons à Montpellier des atouts exceptionnels : le supercalculateur du CINES, 11e plus puissant au monde, l’un des CHU les plus innovants du pays qui devient un IHU (Institut Hospitalo-Universitaire), le BIC et l’excellence de notre recherche et de nos formations… Rassembler les acteurs de l’IA dans cette association est un acte majeur. Les temps sont incertains, mais il faut rester actifs et avancer pour ne pas dépendre des autres. Autrement dit, « chasser en meute », avec une synergie entre privé et public, en mettant l'accent sur la sobriété, afin de mieux se positionner. Toutes nos forces doivent être unies pour répondre efficacement aux appels à projets nationaux et européens. Avec IA Montpellier Méditerranée, nous levons les freins à l'innovation et donnons de la cohérence à notre écosystème afin de le rendre lisible, compétitif et responsable. Il faut planter le drapeau pour qu’il soit visible ! Montpellier sera au rendez-vous ! », assure Michaël Delafosse, président de la Métropole. Celle-ci apportera son soutien financier au projet.
Le 19 mars prochain, l’association IA Montpellier Méditerranée présentera son projet et ses ressources devant un jury international afin de décrocher des crédits supplémentaires pour son développement.
IA : trois succès montpelliérains
Le « Shazaam des plantes », Pl@ntnet, est né en 2011 à Montpellier. Cette application de reconnaissance des plantes est nourrie à l’IA et à la collaboration participative. Avec 25 millions d’utilisateurs dans plus de 200 pays, elle participe au recensement des espèces (déjà 50 000 sur 300 000 dans le monde). « À Montpellier, nous avons bénéficié d’infrastructures et d’un stock de données de qualité, tout en s’appuyant sur une expertise humaine reconnue mondialement », précise Joseph Salmon, chercheur de l'Inria.
DocSimulator, créée en 2022, est une IA générative permettant aux étudiants en médecine et aux personnels soignants de s’entraîner via des consultations virtuelles. L’IA, développée en collaboration avec les équipes du CHU via le programme "ERIOS", analyse ensuite la conversation et apporte un feedback personnalisé à l’utilisateur. Les étudiants entrainés par cette plate-forme étaient moins stressés par leurs examens et ont obtenu de meilleures notes. L’application peut aussi faire gagner du temps dans les diagnostics. Son créateur, Kevin Yauy, généticien et docteur en machine learning, vient de recevoir le prix « Next Gen Leaders » Santé.
PreMeDICaL est un programme collaboratif porté par l’Inria et l’Inserm, en partenariat avec le CHU et l'Université de Montpellier. L’équipe de Julie Josse, récompensée par l’Académie des sciences pour ses recherches, étudie les polytraumas et la prise en charge des patients grâce à des algorithmes de prédiction. L’IA permet ensuite une meilleure évaluation de l’efficacité des traitements. Cette méthode peut aussi prévoir l’impact d’un traitement sur différents publics, même sur un public autre que celui testé lors d'un essai clinique. « C’est plus rapide, moins cher et moins restrictif que les études et essais cliniques classiques », assure Julie Josse, chercheuse de l'Inria.