En dix ans, le studio Les Fées Spéciales s’est imposé dans l’univers de l’animation 2D. Son dernier film, La Plus Précieuse des marchandises, réalisé par Michel Hazanavicius, est en lice pour le César 2025 du meilleur film d’animation. Inspiré du conte de Jean-Claude Grumberg, il retrace le destin poignant d’une enfant sauvée des camps de la mort nazis. Si le film décroche la statuette ce soir, il deviendra le troisième long-métrage récompensé par le cinéma français auquel Les Fées Spéciales ont prêté leur concours, après Dilili à Paris de Michel Ocelot (2019) et Josep d’Aurel (2021). La collaboration avec ce dernier se poursuit puisque le studio travaille sur Désert, son prochain film qui devrait sortir en 2027.
Un studio engagé
Ces belles réalisations ne doivent pas faire oublier d’autres œuvres qui ont bénéficié du talent des équipes du studio montpelliérain, comme La Sirène de Sepideh Farsi ou They Shot the Piano Player de Fernando Trueba et Javier Mariscal, des films d’auteurs exigeants, aux thématiques lourdes, comme le signale Éric Serre, directeur artistique et co-fondateur du studio : « Ce sont des films engagés qu'il faut accompagner. Nous mettons notre savoir-faire au service de belles histoires qui ont du sens et qui parlent de l’humain. » Par ailleurs, Les Fées Spéciales est une entreprise de l’économie sociale et solidaire (ESS). Son statut de Société coopérative de production (SCOP) permet à ses salariés d’être sociétaires et de jouer un rôle actif dans les choix éditoriaux et la gestion de la production.
Un travail minutieux
Le travail sur La Plus Précieuse des marchandises a duré de janvier 2023 à janvier 2024… pour seulement 14 minutes de film !
« Plusieurs studios ont collaboré à ce projet, explique Éric Serre. Nous étions responsables de l’assistanat d’animation. Lors de l’animation, la première étape consiste à réaliser le « rough », où l’animateur se charge des poses clés, des dessins les plus importants. Une fois cette étape terminée, l’assistant prend le relais pour terminer les dessins. L’assistant animateur retrace, nettoie les dessins et crée les dessins intermédiaires manquants. C’est un travail minutieux et exigeant : il faut réaliser entre 12 et 24 dessins par seconde. Et tout cela est fait à la main ».
Une équipe formée à Montpellier
Le studio a fait appel à six artistes, chargés de plusieurs scènes particulièrement difficiles, selon Éric Serre. Par exemple, l'une met en scène le père qui jette sa fille du wagon, et une autre illustre le refus initial du bucheron d'accueillir le nourrisson. « Il s'agissait de retranscrire en dessin les émotions et l'humanité des personnages. L'équipe a réalisé un travail remarquable », souligne-t-il. Majoritairement féminines et dans la trentaine, ces jeunes talents, pour la plupart formées à Montpellier, suivront sans aucun doute la cérémonie des César 2025 !
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