Réalisé par Thibaut Amri, Antoine Guide et Lucas Sénécaut, Khmerica retrace le parcours de trois réfugiés cambodgiens ayant grandi aux États-Unis, avant d’être expulsés vers le Cambodge après avoir purgé une peine de prison. Sous l’œil de la caméra, les trois hommes tentent de reconstruire leurs vies dans un pays qu’ils connaissent à peine, entre la découverte de leurs nouvelles familles khmères, le poids de leur passé et les incertitudes de l’avenir.
En compétition
L’histoire vraie de ces « Khméricains » a attiré l’attention des programmateurs du festival Visions du Réel, rendez-vous incontournable du cinéma documentaire qui se tient chaque année à Nyon, en Suisse. Pour sa 56ᵉ édition, ouverte le 4 avril, le festival propose 154 films issus de 57 pays. Khmerica est en lice dans la catégorie moyen-métrage, face à 34 autres productions internationales.
Des productions montpelliéraines
Deux des réalisateurs, Thibaut Amri et Antoine Guide, sont aussi producteurs via Avant la Nuit, la société qu’ils ont fondée en 2021 à Montpellier. En quelques années, la structure s’est fait remarquer grâce à plusieurs courts-métrages récompensés dans des festivals. Leur dernier film, Les Liens du Sang, a remporté en début d’année le Grand Prix du court-métrage au Festival du Film Fantastique de Gérardmer.
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Une ouverture au monde
Attablé devant un café à la Halle Tropisme, casquette vissée sur une tête qu’il veut garder froide, Thibaut Amri dévoile son parcours qui, d’un master en Droit puis en Cinéma à Montpellier, complété par une formation de l’Atelier Ludwigsburg-Paris de La Fémis, l’a fait passer par Bruxelles et le Cambodge, où il rencontre Antoine Guide en 2018. Ensemble, ils entament la réalisation de Khmerica. « À l’origine, c’était un documentaire d’1h20. Mais les retours du Centre national du cinéma (CNC) nous ont poussés à le resserrer à 41 minutes. C’est cette version qui est aujourd’hui présentée à Visions du Réel ».
Défendre les auteurs
Rejoints plus tard par Benjamin Costes et Romain Rampillon, les deux amis créent Avant la Nuit. « Monter la société à Montpellier s’est imposé naturellement. Le cadre est propice, et bien moins saturé qu’à Paris. On veut défendre un cinéma d’auteur, ancré localement mais ouvert sur le monde, en construisant des ponts entre les artistes d’ici et d’ailleurs ».
Soutenu par la Métropole de Montpellier
La création d’Avant la Nuit a précédé de peu la mise en place du Fonds d’aide à la création ICC par la Métropole de Montpellier, un dispositif destiné à encourager la création, soutenir les auteurs et favoriser l’ancrage durable des sociétés de production sur le territoire. Une opportunité que Thibaut Amri et ses associés ont rapidement su saisir : « L’ encouragement de la collectivité nous a confortés dans notre choix de nous implanter ici ».
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Une structure émergente dynamique ...
Depuis 2022, ce sont déjà huit productions de la société qui ont bénéficié du soutien de la Métropole. Trois (dont Khmerica) sont finalisées. Pour la collectivité, ce partenariat s’inscrit pleinement dans la volonté de valoriser une structure émergente dynamique avec des perspectives de diffusion prometteuses en festival. Avant la Nuit se distingue par la diversité de ses projets qui possèdent une ouverture à l’international, avec des coproductions ambitieuses comme celles menée avec l’Iran ou le Cambodge (Khmerica est co-produit avec Anupheap Production, la société du documentariste Rithy Panh).
... reconnue par les professionnels
À 35 ans, Thibaut Amri commence à se faire une place remarquée dans le milieu. En parallèle de la projection de Khmerica, il fait partie de la délégation des producteurs émergents soutenus par Unifrance au festival Visions du Réel. L’organisme, dédié à la promotion et à l’exportation du cinéma français à l’international, lui offre ainsi l’opportunité de participer à des rencontres professionnelles et des ateliers, renforçant sa visibilité auprès des acteurs clés de l’industrie mondiale.
Une série aux frontières du réel
Un autre projet soutenu par le Fonds d’aide de la Métropole de Montpellier est présenté au festival Vision du Réel. La Vraie Vie, réalisé par Ekiem Barbier et Guilhem Causse, est projetée le 9 avril, hors compétition. Cette série de cinq épisodes de 24 minutes propose une expérience inédite à Victor Assié, un jeune acteur qui se lance dans un rôle aussi original que déroutant : incarner un avatar pour plonger dans un jeu vidéo en ligne, miroir troublant de notre réalité.
Dans la lignée de leur précédent film, Knit’s Island en 2023, également soutenu par la Métropole et primé dans plusieurs festivals, les réalisateurs poursuivent leur exploration des frontières floues entre jeu vidéo et documentaire.