Quand la piscine universitaire de la Motte Rouge a été construite en 1968, ce fut un petit événement dans le monde sportif. Elle était la seule du Languedoc-Roussillon à posséder un bassin de six couloirs. À l’époque, les piscines étaient rares sur Montpellier. Il y avait bien celle du Creps, avenue Charles-Flahaut, mais les créneaux étaient restreints. Sa construction a donc été commanditée par l’université de Montpellier, qui s’adresse alors au cabinet d’architecture montpelliérain Jaulmes-Deshons.
Des architectes montpelliérains
Le duo est associé aux grands projets d’urbanisme de la ville des années 60. On lui doit, entre autres, le lycée du Mas de Tesse (actuel Jules Guesde), le campus de la faculté des Lettres et Sciences humaines (aujourd’hui université Paul-Valéry), les cités universitaires du Triolet et de Vert-Bois ou encore l’ancien Hôtel de ville, place Francis-Ponge. « Avant les années 70, les piscines étaient conçues principalement comme des outils sportifs, il n’y avait pas encore la dimension de loisirs qu’elles acquerront par la suite, indique Hervé Marjoux, architecte de l’agence Coste. Il fallait qu’elles soient fonctionnelles ».
Située près des facs, avenue du Professeur Émile-Jeanbrau, sa conception répond ainsi à ces besoins avec un bassin de 25 mètres et un plongeoir qui permettait des plongeons allant jusqu’à 3 mètres. Mais c’est surtout le plafond, à huit mètres de haut, qui retient l’attention. Il est doté d’une voûte dite en berceau, c’est-à-dire courbe, de 35 mètres de long et 22 mètres de large. Les lamelles de bois donnent à la piscine une physionomie audacieuse et unique. La voûte crée une volumétrie particulière et produit une atmosphère particulière.
150 nageurs en compétition
Très vite, la piscine de la Motte Rouge devient extrêmement populaire, étant la seule située au nord de l’agglomération montpelliéraine. Fréquentées par les étudiants et les personnels universitaires, ses six lignes d'eau le sont aussi par les gens du quartier, des associations, des clubs sportifs. « Ici, 35 000 enfants y ont appris à nager », se souvient Yves Jarrousse, ancien président du MUC Natation qui comptait 850 licenciés chaque année, dont 150 nageurs en compétition. « C’était une vraie ruche. Il n’y avait pas de gradins et du coup, les parents se pressaient sur les coursives extérieures. Sa fermeture en 2013, pour des raisons financières, a été un choc. »
Vingt ans plus tard, la vénérable piscine, rachetée par la Métropole de Montpellier, va de nouveau ouvrir. Après plusieurs mois de travaux de rénovation, elle entrera en activité le 7 octobre. Un nouveau départ pour cet équipement qui portera désormais le nom de Françoise et Yves Jarrousse, le couple montpelliérain emblématique. « Cela nous touche, bien évidemment. Nous ne l’avions pas demandé. Je pense qu’à travers nous, ce sont tous les bénévoles du MUC Natation qui sont honorés » remarque avec modestie, Françoise Jarrousse, engagée depuis les années 70 auprès de son mari et tout comme lui, cheville ouvrière de la formidable expansion de la pratique aquatique sur Montpellier.