Quelles études avez-vous suivies ?
Émilien Faure : J'ai fait un bac SVT classique. Ensuite, j’ai fait un IUT mesures physiques pendant deux ans, puis j'ai intégré une école d'ingénieur ENIT à Tarbes sur trois ans, avec une spécialité BTP la quatrième année. En fin d’études, je devais faire un stage de six mois que j'ai fait chez Eiffage à Bayonne. J’ai pu y découvrir le fonctionnement des agences.
Votre premier chantier en tant que salarié est donc celui du tramway ?
É.F. : Oui. J'ai été embauché en octobre 2024 par Eiffage. Ma première affectation s’est faite sur le chantier du tramway à Montpellier. Pour la construction du tram, c'est un groupement des deux entreprises Eiffage et Razel Bec qui a remporté le lot du marché de la ligne 5. Les deux sociétés de BTP travaillent ici ensemble sur le tronçon 5 - entre Lepic et le stade de rugby à Ovalie -, uniquement sur le sol et la voirie de part et d’autre de la plateforme des rails.
Quel univers avez-vous découvert ?
É.F. : C’est l’univers des grands travaux. Donc par rapport au travail en agence, c'est totalement différent. En agence, on va se charger de plusieurs chantiers en même temps, en général trois chantiers, l’un en phase de production, l’un en train de se finir et le dernier à venir. On est un peu partout, mais avec des petites équipes.
"On gère 50 personnes à deux sur le chantier"
Sur le tramway, il s’agit d’un seul chantier. Nous avons une dizaine d'équipes d’en moyenne cinq personnes. On gère 50 personnes à deux. Par rapport à l’agence, on est plus en production. On s'occupe beaucoup moins d'administratif, de comptabilité... Bien que quand même, on fait toujours du suivi budgétaire. On mesure nos recettes et nos dépenses. Ici, nous avons le bureau topo-géomètre qui va nous aider pour tout ce qui est plan, la compta, le dispatcher qui s'occupe de nos équipes, c'est lui qui commande le matériel. On lui dit ce dont on a besoin et c’est lui qui fait l'intermédiaire pour éviter que l'on ait quinze commandes à passer par jour. Les grosses commandes ont déjà été faites avant le début du chantier, nous commandons uniquement les petites fournitures manquantes.
"Le tramway, c'est l'univers des grands travaux. Sur le terrain et au bureau, ça marche. Les plannings ont été maintenus !"
En quoi consiste votre travail sur la ligne 5 ?
É.F. : Le travail est divisé en deux parties. Je travaille en binôme avec Philippe qui est aussi conducteur de travaux, car il y a beaucoup de choses à gérer sur le chantier.
50 % du temps, je suis sur le terrain. C'est plutôt du suivi de l'avancement des travaux, on va dire de l’expertise technique pour aider les gars. On regarde leurs besoins et on voit comment organiser le chantier. S’ils ont des soucis, ils nous appellent. On est là pour résoudre les problèmes qui peuvent se poser.
Et 50 %, on va être au bureau pour gérer les plannings, les budgets, les suivis de commandes, les réunions avec les clients et les sous-traitants...
Pour l’avancée du chantier, ça a commencé par le dévoiement des réseaux. Car aucun réseau ne doit passer sous la plateforme du tramway. Quand je suis arrivé en octobre, le chantier était sur la partie réseau souterrain sec. C’est-à-dire tout ce qui est l'éclairage, réseaux de télécommunications par exemple pour les feux de tram, routiers, piétons et cycles.
Et une fois qu'on a eu fini les réseaux souterrains, on a attaqué la voirie. À la Cité Créative, il s’agit d’enrobés, de béton et de bordures. On arrive maintenant en fin de chantier (ndlr : juin 2025). Toute la journée, on est à droite et à gauche. On ne travaille pas tous la même chose, en même temps. Par exemple, il y a une partie des équipes sur les réseaux secs d’un côté et de l'autre côté, une autre qui réalise des bordures et des enrobés. Chaque journée est différente, tu ne fais jamais la même chose et il y a souvent des soucis. Mais les problèmes, ça crée de l'adrénaline. On est toujours un peu à fond, c’est ce qui est intéressant ! Et il y a toujours une solution.
"Chaque journée est différente, il y a souvent des soucis. Ça crée de l'adrénaline, mais il y a toujours une solution !"
Qu'est-ce que vous avez appris ?
É.F. : Par exemple, en arrivant je n'avais aucune expertise technique sur les réseaux d’eaux pluviales et usées. Le chef de chantier principal qui, lui, est employé par Razel-Bec, est un expert dans ce domaine. Le fait d'être quotidiennement avec lui m’a beaucoup appris sur ces réseaux. J’ai beaucoup évolué techniquement, j’ai appris beaucoup de termes et de choses. Mais je me suis un peu relâché du côté compta et facturation qui est le gros du métier en agence. Quand je vais retourner en agence, j'aurai un petit peu d'adaptation sur le plan budgétaire, mais j'aurai développé une importante partie technique.
Qu’est-ce qui vous a plu sur cette mission ?
É.F. : J'aime bien le management, gérer les gars, s'en occuper, savoir ce dont ils ont besoin humainement, être à l'écoute. Ça ne me dérange pas du tout de gérer du personnel. Et puis, on est souvent à l’extérieur et dans le Sud, c'est agréable. On passe quand même 50 % de notre temps dehors.
Ce qui m'a le plus plu, c'est l'envergure du chantier. C'est que tu travailles avec beaucoup de monde toute la journée.
Et après la ligne 5, que ferez-vous ?
É.F. : Pour l'instant, je suis sur le chantier de la ligne 5 de tramway jusqu'en décembre. Sur le terrain et au bureau, ça marche . Les plannings ont été maintenus ! Après, j'aimerais bien retourner en agence dans le coin.