Le jeu vidéo, un outil d’apprentissage à Montpellier

23-11-25 - 06:30
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De l’eau potable au BTP, le jeu vidéo devient un outil clé pour vulgariser la science et former les professionnels. "Drop Odyssey" et "Petocask", deux serious games édités récemment à Montpellier, rendent accessibles des notions techniques tout en captant l’attention des plus jeunes.
Petocask
© DR
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On pourrait croire l’expression contradictoire. Associer jeu et sérieux, vraiment ? Le principe du serious gaming est d’utiliser les mécaniques du jeu vidéo (défis, narration, récompenses, immersion) afin de transmettre des savoirs ou des comportements. Santé, écologie, prévention, sport, formation professionnelle. Montpellier, forte de ses laboratoires universitaires et de ses studios indépendants, s’intéresse depuis quelques années aux serious games. Les deux derniers en date, très différents l'un de l'autre, partagent un objectif similaire, celui de transmettre. 

Drop Odyssey, l’eau potable expliquée en jeu vidéo

Dans les couloirs de l’Institut Européen des Membranes (IEM) à Montpellier, Julie Mendret a transformé la potabilisation et l’assainissement de l’eau, sujets on ne peut plus plus techniques, en aventure interactive. Dans Drop Odyssey, on suit Lézia, une goutte d’eau qui traverse captages, filtres, membranes, stations d’épuration… pour faire comprendre, en 20 minutes chrono, comment arrive l’eau du robinet et ce qui se passe après l’évier.

Quiz et mini-jeux

Là où une fiche de cours ferait bailler, Drop Odyssey embarque les joueurs dans une dizaine de quiz et de mini-jeux bourrés de pédagogie. Il s’agit d’éviter les polluants, de classer des déchets, de filtrer l’eau, de comprendre le rôle des membranes ou d’identifier les polluants éternels. Le tout avec une esthétique plaisante et des explications accessibles. Certaines missions s’inspirent de mécaniques connues du jeu vidéo. Par exemple, Lézia affronte bactéries, virus et protozoaires dans un combat à la façon Pokémon. C'est une manière légère et amusante d’aborder la question de la désinfection lors de la potabilisation.

Lezia
Le nom de Lézia, le personnage de "Drop Odyssey", est directement inspiré du Lez - © Dowino

Vulgariser et s’amuser

C'est dans le cadre de sa chaire de médiation scientifique à l’Institut Universitaire de France, que Julie Mendret a conçu Drop Odyssey. Le projet a intéressé plusieurs partenaires (Régie des Eaux de Montpellier, Centre International UNESCO, Polytech et l’Université de Montpellier). « L’enjeu était d’intégrer des contenus scientifiques denses et complexes, sans perdre en précision et en restant accessible », explique cette maîtresse de conférences à l’université de Montpellier et membre de l’équipe de recherches Génie des Procédés Membranaires de l’IEM . Spécialiste du traitement des eaux usées, elle a conçu ce jeu durant une année, ayant toujours à l'esprit de rester compréhensible et pédagogue. « Il est impératif de vulgariser la science », plaide la chercheuse qui indique que, testé dans des lycées et lors d’événements de médiation scientifique, le jeu fait mouche auprès des jeunes.

>>> Le jeu est disponible gratuitement ici

Julie Mendret Montpellier
Julie Mendret a créé une manière interactive de comprendre les enjeux de l’eau - © L.Séverac

Place aux ouvriers maladroits

Le serious game peut également apporter des outils à la formation professionnelle. C’est le cas de Petocask, une appli mobile qui s’adresse aux nouveaux apprentis et aux lycéens professionnels. C’est la start-up montpelliéraine NaturalPad qui s’est chargée de le concevoir. L’entreprise qui édite des serious games à but thérapeutiques, a franchi une nouvelle étape avec cette commande de l’OPPBTP (Organisme professionnel de prévention du BTP). 

Un jeu de prévention aux risques 

Les joueurs doivent relever des défis qui reflètent des situations très concrètes sur les chantiers. Par exemple, ils doivent choisir les équipements de protection adéquats, sécuriser des outils ou encore éviter des dangers comme les chutes ou les accidents de manutention. Chaque étape réussie leur permet d’avancer dans le jeu et de construire leur propre « merveille », un projet virtuel symbolisant leur progression dans la compréhension des règles de sécurité, et donc leur succès. 

« Le jeu est utile comme outil pédagogique, car il montre bien les problématiques qu’on rencontre sur un chantier », estime François Chambe, adjoint de direction chargé de la pédagogie au CFA BTP de Montpellier. « Passer par le jeu est souvent beaucoup plus efficace que des longs discours, particulièrement pour des élèves qui ont, pour un certain nombre, été confrontés à l’échec à l’école ».

La sécurité du BTP version humour noir

Plus de 800 jeunes en France ont contribué à la conception du jeu. Parmi eux, les élèves du CFA BTP Montpellier. En plusieurs séances, ils ont testé le jeu, donné leurs avis et contribué à l’améliorer. Petocask installe ainsi un humour noir et reprend de nombreux codes des adolescents. C’est volontairement trash, mais terriblement efficace auprès des 15–16 ans. Face au succès, NaturalPad vient d’éditer une deuxième version avec de nombreuses nouvelles fonctionnalités afin d’enrichir le game play et de le rendre toujours plus ludique. Des saisons 3 et 4 sont en préparation...

>>> Le jeu est disponible gratuitement sur Android et iOS.

Petocask
Chaque chantier cache des dangers imprévisibles - © DR

Source URL: https://encommun.montpellier.fr/articles/2025-11-23-le-jeu-video-un-outil-dapprentissage-montpellier