« Notre métier est de révéler l’immense potentiel des microalgues, a expliqué Vincent Usache, directeur général de Microphyt, implantée à Baillargues, lors de l’inauguration de sa toute première bioraffinerie de microalgues à échelle industrielle au monde, le projet SCALE. Cette bioraffinerie, c’est une nouvelle phase de vie pour la société. Nous concrétisons une vision ambitieuse : celle d’un modèle industriel fondé sur la durabilité, l’innovation et le pouvoir des microalgues. SCALE est bien plus qu’un projet technologique, c’est une réponse concrète aux grands défis contemporains, en termes de santé et bien-être, de transition écologique et de souveraineté industrielle ».
Que fait Microphyt ?
Créé en 2007 à Baillargues, Microphyt produit et commercialise des ingrédients actifs naturels à base de microalgues. Elle valorise la diversité jusqu'alors inexploitée des microalgues pour proposer des solutions uniques en matière de nutrition et de bien-être.
Microphyt passe à l’échelle industrielle
Cette inauguration marque l’aboutissement de quatre années de collaboration scientifique, technologique et industrielle dans le cadre du projet européen SCALE pour Microphyt. L'entreprise produit des ingrédients à haute valeur nutritionnelle issus de la diversité inexploitée des microalgues pour les secteurs de l'alimentation humaine et animale, des compléments alimentaires et des cosmétiques. Le tout grâce à des procédés uniques et respectueux de l'environnement.
Cette usine phare fait passer le processus de production de microalgues de l'échelle de démonstration à l'échelle industrielle, avec une production annuelle de plus de 100 tonnes d'ingrédients à haute valeur ajoutée.
« Ce que l’ont fait ici est unique au monde ! »
« Nous sommes fiers de porter cette dynamique depuis Baillargues et de contribuer activement à la bioéconomie européenne. Ce que l’ont fait ici est unique au monde ! », a insisté Vincent Usache en remerciant tous les partenaires de cette aventure entrepreneuriale, dont la Métropole et le BIC, qui a accompagné Microphyt dès 2009… « L'ouverture de la bioraffinerie SCALE de Microphyt marque une étape importante pour le secteur européen de la biotechnologie », confirme Nicoló Giacomuzzi-Moore, directeur exécutif de CBE JU (Circular Bio-based Europe Joint Undertaking), qui a soutenu le projet au plan européen. Même enthousiasme du côté de BPI France, autre partenaire et financeur du projet : « Microphyt développe une technologie de grande qualité. Elle est présente sur des marchés prometteurs, orientée vers le développement durable et ancrée dans un écosystème très complet sur le territoire. Ce qui promet le meilleur pour la suite ».
Que représente SCALE ?
SCALE a rassemblé 11 partenaires renommés de quatre pays européens à différents stades de la chaîne de valeur. Le projet s’est déroulé sur 48 mois, de juin 2021 à mai 2025, avec un budget global de 24,7 millions d'euros, dont 15 millions d'euros financés par le programme de recherche et d'innovation Horizon 2020 de l'Union européenne et le Consortium des industries biosourcées.
Comment avez-vous créé Microphyt ?
Arnaud Muller - Feuga : J’étais encore chercheur à l’Ifremer et j’avais validé un photobioreacteur de 200 litres, selon la technologie utilisée aujourd’hui par Microphyt. J’ai acquis par modélisation qu’on pouvait passer à une échelle supérieure. Avec Michel, qui était de Sanofi, après avoir réuni le financement, nous avons donc lancé un premier réacteur de 5 000 litres en 2009. Une vraie prise de risque.
Vous avez implanté la société à Baillargues dès ses débuts ?
Michel Lemar : Oui. Ici, c’était un champ d’asperges. Nous avons commencé par construire une première serre. Nous avons été très rapidement accompagnés par le BIC de Montpellier. Mais notre premier lieu de travail était la salle à manger d’Arnaud, et le laboratoire était dans l’arrière cuisine !
Arnaud Muller - Feuga : On a acquis ce terrain car j’ai aussi une qualification d’agriculteur. Mais il fallait créer la société, chose faite en juillet 2007. En 2008, je pars à la retraite, et en 2009, on se rencontre et on décide de travailler ensemble. On commence à trouver des investisseurs pour construire une première serre et un réacteur.
Comment a évolué Microphyt ?
Michel Lemar : Nous, on était dans la technologie. Il fallait quelqu’un pour développer les marchés. Ce fut Vincent (Usache), qui est arrivé en 2015. A suivi la montée en puissance avec les autres investisseurs. On a changé d’échelle. Entre la fondation et le passage à la phase industrielle, il ne faut plus les mêmes personnes. Les contraintes sont différentes. Il faut savoir passer la main en quelque sorte.
Vous êtes fiers de votre création ?
Michel Lemar : Absolument ! Et ému aussi de cette journée. C’est une belle expérience, félicitations à l’équipe. Demain, Microphyt va au moins doubler ses capacités et proposer une gamme de produits plus étendue. Dans le domaine de la nutrition, les produits sont aujourd’hui vendus aux États-Unis dans les parapharmacies. En Europe, les dossiers sont déposés pour avoir les autorisations. En cosmétologie, c’est plus simple, des actifs sont déjà vendus à des entreprises en Europe.
Arnaud Muller - Feuga : On continue à suivre Microphyt. Je suis toujours Baillarguois, j’habite à 1,7 km de Microphyt…
« Je suis impressionnée par Microphyt. Cette entreprise coche toutes les cases de la stratégie MedVallée. Elle est au croisement des trois filières, la santé, l’alimentation et l’environnement. C’est aussi un cas école de l’accompagnement d’entreprise et de l’innovation porté par le BIC de la Métropole. Leur parcours est exemplaire. La Métropole accompagne depuis près de 20 ans la structuration de cette entreprise qui aujourd’hui a développé une industrie moderne, future créatrice d’emplois, et qui démontre que sur ce territoire, nous sommes à la pointe de la santé globale. »
« Grâce à Microphyt, notre commune terre de tradition camarguaise, est au cœur d’une Europe tournée vers l’innovation. Elle montre notre capacité à faire émerger des talents, les soutenir et les retenir. Je me souviens de ma rencontre avec l’équipe fondatrice, dans mon bureau, lors de la présentation de leur projet un peu fou à l’époque. Leur rêve m’a séduit. « Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible », comme disait Antoine de Saint-Exupéry. Aujourd’hui, ils développent une économie innovante, durable et responsable. »
