Promenade historique dans trois quartiers de Montpellier

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Stéphane Sebert Montels a publié il y a quelques semaines un livre intitulé "Promenade historique dans les quartiers Beaux-Arts - Boutonnet - Pierre-Rouge". L'auteur connaît bien ces trois quartiers qui sont ceux de son enfance à Montpellier. Il a rassemblé dans un bel écrin des textes qui étaient à l'origine sur son blog dénommé Arbrier.
Portrait de l'auteur
Stéphane Sebert Montels vient de publier un livre sur les trois quartiers de son enfance - ©C. Marson
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Quels sont les liens qui vous unissent à Montpellier ?

Je suis né à Montpellier il y a 48 ans. J’y ai grandi jusqu’à mes 18 ans et fait mes premières études. Tout en ayant choisi de vivre à d’autres endroits, selon les opportunités professionnelles qui se présentaient, j’ai toujours gardé mon point d’attache ici. Marcel Pagnol disait que nos absences révèlent nos amours. Plus je me suis éloigné de Montpellier, plus j’ai eu envie de garder le lien et de m’intéresser notamment à son passé. Aujourd’hui, je suis proviseur de lycée professionnel et en ce moment j’exerce à temps plein au syndicat national professionnel des personnels de direction. 

Quelle a été le déclencheur pour passer de votre blog Arbrier à ce projet de livre, via la plateforme de financement Ulule ?

L’influence décisive a été celle de l’historien local Fabrice Bertrand qui m’a convaincu non seulement de transformer ce blog en livre (1) et de faire également des itinéraires de promenade. La structure même du livre est venue du contenu de nos échanges. C’est vrai que le blog me permettait parfois de rencontrer des lecteurs, d’avoir des propositions de documents complémentaires ou des corrections de choses que je ne connaissais pas. Mais il y avait aussi l’envie de prolonger cet échange et de le stabiliser dans la forme et de lui donner un bel écrin. Aujourd’hui, je continue d’ailleurs de faire des découvertes alors que le livre est imprimé dans sa forme définitive. 

Pourquoi le parti-pris de vous en tenir simplement à la triplette des Beaux-Arts, de Boutonnet et Pierre-Rouge ?

Ce sont les quartiers où j’ai grandi, où j’ai aimé marcher, d’abord dans les pas de mon arrière-grand-père, puis de mon grand-père, de vieux montpelliérains qui adoraient l’endroit où ils vivaient et qui m’ont peut-être transmis cela. C’est resté le lieu de mes curiosités d’adulte. C’est assez simple en fait avec au sud, le Verdanson, à l’Est, la ligne de chemin de fer, au nord, le Lez et à l’ouest, le faubourg Boutonnet avec d’incessantes promenades. Aujourd’hui encore, il m’arrive de découvrir des choses en prenant une impasse ou une ruelle que je ne connaissais pas, et de découvrir quelque chose qui éveille ma curiosité. 

On le sentiment à vous lire que lorsque vous découvrez une maison particulière, il vous faut aussitôt savoir d’où elle vient, qui y habite ou y a habité, et à quoi ressemblait-t-elle avant. C’est presque de la généalogie bâtimentaire.

Oui, mais peut-être parce que, tout en ayant fait des études d’histoire, j’ai aussi fait de la généalogie familiale pendant longtemps, et il arrive un moment où l’on veut aussi aller au bout de ces choses-là. Ne pas se contenter de mettre un nom ou une date sous les gens, c’est quelque chose qui m’anime depuis des années et ce qui fait que dans le livre, il y a notamment des biographies de personnes inconnues. Il y a par exemple celle d’Albanie Maybout, une sourde muette qui était boursière de la ville de Montpellier. On a son dossier scolaire, les échanges de correspondance, son enquête de moralité sur son grand-père et, grâce à mon réseau de généalogistes, j’ai pu retrouver sa trace dans la région de Toulouse. Le fait de faire revenir au jour ces dits minuscules, et qui méritent parfois autant d’attention que les biographies de notable, il y a un savant mélange entre les deux.  

Dans votre avant-propos, vous dites que depuis de longues années, vous aimez Montpellier en célibataire géographique. Pouvez-vous nous expliquer cette posture ?

C’est sans doute lié à mes années de conseiller carrière syndical, puisque le célibat géographique est un motif de rapprochement dans la fonction publique. C’est comme si Montpellier était une compagne avec laquelle j’avais un rapport de grande fidélité et de grand amour, mais tout en ayant une vie professionnelle ailleurs. C’est souvent comme cela que se justifie le célibat géographique. 

Votre livre est une invitation à la flânerie piétonne. Vous l’avez découpé en cinq propositions de promenade. Pourquoi ?

Ce sont des promenades que j’ai faites avec l’appareil-photo, en compagnie de ma chienne à une époque, de mon père, donc elles sont faisables. Je ne sais pas si le format et le poids permettent de les faire avec le livre à la main. Mais je pense vraiment qu’une ville se découvre en étant piéton. On ne peut pas juste passer à l’intérieur d’un tramway qui ne vous fait pas voir les voies secondaires, ou même rester vissé à son vélo. Il faut avoir le temps de s’arrêter et de se laisser porter par sa curiosité et parfois aussi être ouvert aux rencontres. Quand j’ai découvert l’enclos Laffoux, j’avais une photo de maison ancienne que je n’arrivais à pas identifier. Je suis rentré dans cet endroit, qui est ouvert tout étant privé, et je suis tombé sur une dame qui déchargeait son coffre. Elle avait été la garde-malade d’une madame Laffoux, décédée il y a des dizaines d’années, et a tout de suite reconnu la façade de la maison. Elle m’a raconté plein d’histoires. La marche à pied permet encore de faire vivre la cité, de rencontrer des gens, de discuter avec eux.   

Quels sont vos prochains rendez-vous avec les lecteurs montpelliérains ?

Il y a une signature qui est prévue à la librairie La Cavale le 13 février prochain. Il y aura ensuite une conférence à la cité scolaire Françoise Combes autour des lieux de mémoire de la Seconde Guerre mondiale le 26 mars. La librairie Le Grain des Mots qui me distribue, m’a aussi fait le plaisir de m’inviter pour la prochaine Comédie du Livre. 

  1. « Promenade historique dans les quartiers Beaux-Arts – Boutonnet – Pierre-Rouge », de Stéphane Sebert Montels (Presse-Pluriel). 49 euros.  

Source URL: https://encommun.montpellier.fr/articles/2025-12-31-promenade-historique-dans-trois-quartiers-de-montpellier