Et si vous remontiez le temps pour partir à la découverte du patrimoine urbain aujourd’hui disparu ? C’est l’expérience que vous propose l’application mobile La place Jean Jaurès au fil des siècles, mise en place par la Ville de Montpellier en partenariat avec le studio Arts Graphique et Patrimoine, pionnier des techniques digitales pour la préservation et la valorisation du patrimoine.
À partir de votre mobile ou de votre tablette, profitez d’un parcours pédagogique en réalité augmentée, qui vous permet de naviguer dans un univers restitué en 360° à travers différentes époques, de 1100 à nos jours. Avec la possibilité de découvrir deux monuments emblématiques de la ville, aujourd’hui disparus : l’église Notre-Dame-des-Tables et la Halle aux colonnes.
Cette application s’inscrit dans le cadre de la labellisation Pays d’Art et d’Histoire, attribué à la Métropole de Montpellier par le ministère de la Culture, pour son engagement en faveur de la valorisation du patrimoine, dans tous les différents champs des politiques patrimoniales : la restauration, la connaissance et la médiation.
L'église Notre-Dame des Tables
Une première église, mentionnée dès 1090, cède la place au XIIe siècle à un édifice plus imposant, étape incontournable pour les pèlerins notamment ceux de Saint-Jacques-de-Compostelle. Idéalement située, richement dotée, Notre-Dame-des-Tables s’impose rapidement comme l’église la plus importante de Montpellier. Deux arcs boutants et une haute tour construite pour abriter le mécanisme de l’horloge municipale, lui confèrent sa silhouette singulière. Pillée, partiellement détruite pendant les guerres de Religion, puis reconstruite, l’église ne survit pas à une dernière démolition ordonnée par les responsables révolutionnaires en 1794.
La Halle aux colonnes
Inaugurée en 1807, sur les plans de l’architecte Jacques Donnat, la halle neuve édifiée à l'emplacement de l'ancienne église devra son nom de Halle aux colonnes à la galerie extérieure ornée de trente-huit colonnes hautes de cinq mètres trente. Trente et une boutiques, complétées d’une cour et d’étals extérieurs contribuent à en faire l’un des marchés les plus vivants de la ville. Une statue de la Vierge, surnommée la « Madone des halles », rappelle la destination originelle du lieu. Mais rapidement décriée pour ses difficultés d’accès et des problèmes d’insalubrité, la halle traverse difficilement le siècle, pour être détruite en 1912.
La place Jean Jaurès au fil des siècles - Disponible en téléchargement.
Pourquoi cette nouvelle application mobile mise en place par la Métropole ?
Caroline Frinault : Dans le cadre de la labellisation Pays d’Art et d’Histoire, obtenue en mars 2020, convention signée avec le ministère de la Culture, la Métropole s’engage à valoriser le patrimoine dans tous les différents champs des politiques patrimoniales : la restauration, la connaissance et la médiation. Avec cette nouvelle application mobile on est clairement sur un projet de médiation. Dans la lignée du travail important de publications que nous avons mis en œuvre, notamment en faveur de la jeunesse, avec tous les ouvrages dédiés ou les visites proposées dans le cadre de l’éducation artistique et culturelle. Avec cette fois l’usage d’un média attractif, dans l’air du temps. Et un apport technologique, la modélisation 3D, qui permet de recréer des monuments aujourd’hui disparus.
Comment s’est fait le choix de la Place Jean Jaurès, pour cette nouvelle démarche ?
C.F. - Historiquement, la place Jean Jaurès a été le cœur battant de la ville de Montpellier pendant des siècles. On l’oublie un peu, parce que progressivement ce cœur s’est déplacé vers la Comédie, puis vers le Lez. Mais jusqu’à la Révolution, aux grandes transformations urbaines du 19e siècle, la vraie centralité de Montpellier, c’est la place Jean Jaurès. Avec une histoire incroyable. Et on trouvait dommage que le promeneur qui vient s’asseoir en terrasse ne sache pas qu’il y avait à l’endroit où il se trouve, d’abord une église, puis une halle.
Pouvez-vous présenter rapidement l’agence Art Graphique & Patrimoine ?
Florian Moreno : L’agence a été créée en 1994. Elle est spécialisée dans la numérisation et la mise en valeur du patrimoine. Avec une activité structurée en deux pôles : l’un consacré à la 2D, la numérisation de bâtiments et création de documents techniques, plutôt à destination de professionnels (architectes du patrimoine, conservateurs etc…) ; l’autre, dont je suis responsable, consacré à la 3D et à la médiation numérique. On travaille à la numérisation d’œuvres d’art ou d’édifices ainsi qu’à la mise en place d’outils de médiation. Parmi nos clients on retrouve les plus grands édifices ou musées internationaux, du château de Versailles au Louvre Abu Dhabi. Notre application « Jumièges 3D », qui permet de découvrir l’abbaye de Jumièges (Seine-Maritime), telle qu’elle était avant sa destruction, a été élue meilleure application mondiale au World Summit Award en 2013.
Quelles ont été les étapes principales de ce travail ?
F.M. : La première étape a consisté à scanner au laser longue portée toute la place, ainsi que la crypte qui se trouve en dessous, pour disposer de données métriquement justes des lieux. Et puis en fonction des ressources documentaires transmises de recomposer en 3D et au plus juste les monuments aujourd’hui disparus, en dialogue constant avec le comité scientifique. Nous avons la chance d’avoir une équipe polyvalente, constituée d’infographistes, mais aussi d’architectes, d’historiens, ce qui nous permet de toujours rester dans une démarche historiquement rigoureuse.