En quelques années, les Journées du cinéma Indien & Bollywood, portées par l’association So Bollywood Montpellier, se sont glissées parmi les rendez-vous majeurs en France, consacrés aux cinématographies du continent indien. « La plupart des films présentés à Montpellier, ont été repérés par nos équipes, directement auprès des diffuseurs, ou lors de grands festivals internationaux », explique le président de l’association Ravinder Rana. "Homebound", projeté en ouverture le 13 novembre au cinéma Diagonal, a ainsi été présenté dans la section Un Certain Regard au dernier Festival de Cannes. « C’est un film en Hindi, réalisé par Neeraj Ghaywan, auteur en 2015 du film Masaan, déjà récompensé à Cannes ». Il raconte l’histoire de deux amis d’enfance concourant pour le poste convoité de gardien de la paix, mais confrontés aux problèmes des castes et des discriminations…
Un film bouleversant et engagé, qui inaugure en beauté cette 15e édition portée à bout de bras, par la petite équipe de l’association So Bollywood. « Une édition organisée cette année sur le thème de « l’altérité », déclinée en six projections de films en V.O. sous-titrés en français, mais aussi proposant un concert de musique traditionnelle ainsi qu’un spectacle de contes, chants et danses signés par la cie de Flora Devi. »
L’occasion unique de découvrir la mosaïque des cultures et des langues du continent indien. Mais aussi de se pencher sur les problématiques et les tensions liées aux différentes communautés, abordées par le prisme de plusieurs genres, du thriller au drame en passant par le biopic. Ainsi le magnifique Boong, de la réalisatrice Lakshmipriya Devi, met en scène, sur fond de guerre et de tensions ethniques, l’histoire d’un jeune écolier originaire du Manipur, au nord-est de l’Inde, bien décidé à ramener son père à la maison. Un film déjà acclamé dans plusieurs festivals internationaux, de Toronto à Varsovie en passant par San Diego.
Jayan K. Cherian, le réalisateur de Rhythm of Dammam, sera présent à Montpellier le dimanche 16 novembre pour animer une table ronde dans le prolongement de son film. Un récit mettant en lumière « L’Inde noire » et l’histoire méconnue du peuple Siddi, descendants d’esclaves africains, et soumis à de nombreuses discriminations.
Dans un autre registre, « 83 », le film de Kabir Khan, profite de l’actualité montpelliéraine et du 40e anniversaire du club de baseball les Barracudas, pour célébrer un rare moment d’unité nationale : la victoire en 1983 de l’équipe indienne aux championnats du monde de cricket.
15e Journées du cinéma Indien & Bollywood – du jeudi 13 au dimanche 16 novembre – Cinéma Diagonal - Salle Rabelais – Maison pour tous Frida Kahlo.
Journée gratuite le dimanche 16 novembre au Centre Rabelais.
Tous les films sont présentés en V.O., sous-titrés en français.
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Votre parcours ?
Je suis arrivé à Montpellier la première fois en 2007 dans le cadre d’un programme d’échanges entre l’université Paul-Valéry et l’université de New-Dehli. J’y suis revenu pour passer une thèse. J’y ai rencontré mon épouse et je suis aujourd’hui professeur de langue et civilisation à l’université de Montpellier. J’ai rejoint l’équipe de l’association So Bollywood, dont j’ai été d’abord secrétaire, avant d’occuper aujourd’hui le poste de président.
Quelques mots sur So Bollywood ?
L’association a été fondée en 2009 par la journaliste Pascale Orsini. Au départ l’action de l’association était regroupée autour d’un temps fort annuel. Désormais nous essayons de développer des actions tout au long de l’année, dans plusieurs quartiers et en direction de différents publics. En plus du festival de cinéma, nous menons un programme en direction des lycéens, des rendez-vous dans les Maisons pour tous de la Ville, à l’occasion des fêtes traditionnelles, comme la fête des lumières, Diwali, organisée cette année le 1er novembre à la Maison pour tous Marcel Pagnol. L’association regroupe aujourd’hui une cinquantaine de bénévoles.
Vous agissez pour défendre le cinéma indépendant ?
Les grandes productions, du style Bollywood n’ont pas besoin de nous. La richesse et la diversité des cinématographies indiennes est paradoxalement l’un de ses maillons faibles. Notamment en raison de la diversité des langues régionales. Un film en Tamoul ou en Malayalam ne pourra pas être compris par les spectateurs parlant uniquement le Hindi. Se pose alors la question des sous-titrages. Et même à l’intérieur d’une même région, la plupart des films n’ont qu’une chance infime d’atteindre leur public, dans leur version d’origine. Le film Homebound, que nous projetons en ouverture du festival, devra passer en Inde par la censure, et risque ainsi d’être amputé d’au moins une quinzaine de séquences. En fait, en Inde, l’avenir de nombreux films est souvent lié à leur programmation sur les grandes plateformes de streaming. Un festival comme le nôtre est donc une chance unique de découvrir la diversité du cinéma indépendant indien, dans toute sa richesse et son intégrité. Nous sommes d’ailleurs pour cela soutenus par de nombreux partenaires, comme la Ville de Montpellier ou l’Ambassade de l’Inde.
Vous êtes aussi engagé dans le développement du cricket à Montpellier.
Oui, c’est un sport que j’ai pratiqué pendant ma jeunesse en Inde. Aujourd’hui j’officie en tant que coach et je fais partie du comité directeur de la section cricket au sein du club des Barracudas. Nous nous entraînons sur le stade Cholet, actuellement en cours de rénovation. Nous proposons plusieurs entraînements et niveaux, et participons à des matches amicaux et compétitions inter-régionales. Le film « 83 », projeté dans le cadre du festival, rend hommage à cette discipline, à la trajectoire incroyable réalisée par l’équipe indienne. Elle observe aussi l'évolution incroyable d'un sport qui en quelques années a réussi à faire passer les joueurs indiens du statut d'inconnu à celui de véritables icônes, célébrés en Inde comme ici les joueurs de foot.
Du 13 au 18 novembre : Cinémas indiens, perspectives transversales
Dans la continuation des 15e Journées du cinéma Indien et Bollywood qui se tiendront du 13 au 16 novembre (Diagonal, Maison pour Tous Frida Kahlo et Centre Rabelais). Sous l'égide de l'association So Bollywood Montpellier, se tiendront sur le campus de l'Université de Montpellier Paul-Valéry deux journées autour des cinémas indiens en présence du réalisateur Jayan K. Cherian.