Journées du Patrimoine 2023 : le stade Sabathé

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Le plus vieux stade de Montpellier est situé non loin de l’église Saint Cléophas, dans le quartier Croix d’Argent. Il est étroitement associé à l’histoire du rugby montpelliérain.
Stade Sabathé
La pelouse du stade Sabathé a été foulée par plusieurs générations de joueurs de rugby - ©C. Ruiz
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C’était la Belle Époque ! Le début du XXe siècle voit l’engouement pour les pratiques sportives collectives. Et notamment le rugby. À Montpellier, les premiers joueurs s’entraînent sur le Champs de manœuvre, un terrain militaire, sur l’emplacement du parc Montcalm actuel. Le terrain est sommaire et il faut attendre l’après Première guerre pour que le ballon ovale ait un terrain digne de ce nom. 

Stade de la Croix Bonhomme

On le doit à Jean Coll de Carrera, professeur d’obstétrique, catalan de naissance et grand amateur de rugby. Propriétaire d’un terrain au lieu-dit la Croix Bonhomme, proche de la récente église Saint Cléophas, il en fait don à la Ville de Montpellier, sous la condition que cet espace soit exclusivement consacré au rugby. Le terrain est inauguré en grande pompe le 11 novembre 1930 par le maire Benjamin Milhaud. Il se nomme alors stade de la Croix Bonhomme, du nom du patronage qui a pris en charge les pratiques sportives du quartier. Le match d’inauguration oppose l’US montpelliérain, que préside Coll de Carrera, au Racing club narbonnais. Les années suivantes seront fastes pour le club montpelliérain qui atteint les quarts de finale du Championnat de France en 1943. 

Outre Coll de Carrera, la grande figure qui s’impose sur le stade est l’entraîneur Jean Sabathé, ancien international toulousain. Durant l’été 1941, l’ambulancier qu’il est, décède d’une crise cardiaque lors d’une intervention, non loin du stade. Sa mort suscite tellement d’émoi que les autorités de la Ville décident en 1944 de donner son nom au stade qu’il avait arpenté tant de fois. 

Jean Coll de Carrera et Jean Sabathé
Jean Coll de Carrera et Jean Sabathé - ©G.Barcelo

L’après-guerre est moins glorieux. Le public ne suit plus et le stade Sabathé est peu à peu déserté. Le rugby à XV disparait en 1952. Une piste d’athlétisme voit le jour, contrairement au souhait de Jean Coll de Carrera. Cependant, le rugby n’est pas absent mais c’est le jeu à XIII qui a le vent en poupe. Les Diables rouges (surnommés ainsi par un journaliste dans les années 50), se distinguent. Ils évoluent dans ce qui était à l’époque la première division, entraînés par Jean Dop, ancien champion de France avec l’équipe de Marseille. De quoi faire patienter les amateurs du XV jusqu’en 1963 et la création du Stade Montpelliérain, qui deviendra en 1986 le Montpellier Hérault Rugby Club, qui accède à l’élite dans les années 90. 

Stade Sabathé en 1970
Le stade Sabathé en 1970 - ©Ville de Montpellier

Le stade se transforme au cours des années. Pouvant désormais accueillir 8 000 spectateurs, disposant d’un club house et dernièrement d’une pelouse synthétique, ces changements n’empêchent pas le constat qu’il est devenu trop petit pour un club du Top 14 aux grandes ambitions. Avant de rejoindre le stade Yves du Manoir, aujourd’hui GGL Stadium, fraichement construit, le MHRC joue son dernier match à Sabathé le 12 mai 2007, qui se conclut par une dernière victoire en Top 14 face au Biarritz olympique. 

Mélée des joueurs de rugby du MHRC
Le dernier match du MHRC au stade Sabathé, le 12 mai 2007 - ©DR

Une nouvelle page s’ouvre alors pour le stade. Si le rugby à XIII y est toujours pratiqué avec les Diables rouges, il accueille depuis une vingtaine d’années les clubs amateurs, comme Los Valents. Mais surtout, le vénérable stade voit désormais évoluer l'équipe féminine du MHR et ses huit titres de championnes de France. 

L'équipe féminine du MHRC entre sur le terrain de Sabathé?
L'équipe féminine du MHRC porte haut les couleurs de Montpellier - ©C. Ruiz