Organisée par la Métropole de Montpellier, l’Agora des Savoirs aborde tous les champs de la recherche et de la connaissance (de l’astronomie à la physique, en passant par l’archéologie, le droit, l’histoire, la santé…).
Chaque séance est animée par un spécialiste invité, dans une démarche pédagogique. L’enjeu étant de permettre à chacun de mieux comprendre le monde dans lequel on vit, et le travail des chercheurs, leur motivation, leur organisation, avec une conviction inébranlable, rappelée par Michaël Delafosse, maire de Montpellier, dans son introduction à cette nouvelle édition : « celle que le savoir émancipe, que la connaissance est un puissant ferment de liberté individuelle et collective, qui nous rassemble et contribue au progrès de nos sociétés ».
Plus d’infos sur montpellier.fr/agoradessavoirs
Agora des Savoirs – Centre Rabelais – 27 Bd Sarrail (accès en tramway lignes 1 et 2, arrêt Corum ou Comédie – ligne 4, arrêt Corum).
Visionnez et écoutez toutes les rencontres en direct et en différé sur la chaîne YouTube de l’Agora des savoirs et sur Divergence FM (93.9).
. Mercredi 8 novembre – Nathalie A. Cabrol – « L'énigme cosmique de la vie »
À la suite du formidable succès de son livre À l’aube de nouveaux horizons, Nathalie A. Cabrol, astrobiologiste et directrice du centre de recherche Carl Sagan de l’Institut SETI - nous invite à explorer l’espace à la recherche de la vie dans l’univers dans un ouvrage richement illustré, composé, entre autres, des dernières images spectaculaires des télescopes James Webb et Hubble. De notre système solaire aux confins de l’univers, ce livre est une invitation par les images à partager l’odyssée de la vie. Avec un souci d’une lecture pour tous, Nathalie A. Cabrol présente les dernières avancées de la recherche et de l’exploration de la vie dans l’univers : de la notion de zone habitable aux différentes familles d’étoiles, de l’histoire de Mars aux mondes océans mystérieux de notre système solaire comme Europe, Encelade ou Titan, jusqu’aux exoplanètes lointaines, leur familiarité et leur incroyable singularité nous émerveillent et nous passionnent. En tournant les pages, c’est tout un univers qui s’ouvre à nous, et avec lui, une vision de nos origines cosmiques et de qui nous sommes.
Librairie partenaire : Sauramps.
Astrobiologiste, Nathalie A. Cabrol dirige des projets de recherche pour la NASA depuis 1998, et a été nommée directrice scientifique du Centre de recherche Carl Sagan de l'Institut SETI en 2015. Elle raconte son parcours exceptionnel dans son premier livre, Voyage aux frontières de la vie (Seuil, 2021, Points, 2022). Photo Andrea Frazzetta.
. Mercredi 15 novembre – Giovanna Tanzarella – « L’art et la culture en Méditerranée : des liens solides entre les deux rives ? »
La Méditerranée n’a pas toujours existé : elle est un territoire aux limites incertaines, une mer entourée de terres qui se décline en plusieurs mers, un espace qui a mis longtemps à avoir un nom propre.
En France, ce nom apparaît pour la première fois au XVIIIe siècle. C’est un monde médian traversé par des routes maritimes entre trois continents, un espace d’échanges, de circulations d’idées, d’hommes et de femmes… La Méditerranée a connu des tensions, des divergences et des méfiances. Mais au-delà des dualités, les bords de la Méditerranée partagent un même fond anthropologique et des modes de vie très proches.
Actuellement, la montée des extrêmes droites en Europe et dans le monde arabe a pour première conséquence de fermer l’espace entre les deux rives à la circulation des personnes, dans un cloisonnement de plus en plus pernicieux. Mais si aujourd’hui la Méditerranée existe encore comme espace humain, c’est grâce aux artistes, aux créations artistiques - musique, spectacle vivant, arts circassiens - et aux acteurs de la culture qui sont de puissants moyens pour continuer à se rencontrer des deux côtés de la Méditerranée.
Cette rencontre est programmée dans le cadre de La Biennale des Arts de la Scène en Méditerranée, en partenariat avec le Théâtre des 13 vents CDN Montpellier.
Giovanna Tanzarella est historienne et actrice de la société civile méditerranéenne, vice-présidente du Réseau Euromed France (REF) et membre du Bureau de l’iReMMO - Institut de recherche et d'études Méditerranée Moyen Orient (Paris). Dans ses recherches, elle identifie et analyse les enjeux et les circulations des échanges artistiques et culturels en Méditerranée.
. Mercredi 29 novembre – Julia Cagé et Thomas Piketty – « Une histoire du conflit politique : élections et inégalités sociales en France, 1789-2022 »
Qui vote pour qui et pourquoi ? Comment la structure sociale des électorats des différents courants politiques en France a-t-elle évolué de 1789 à 2022 ? Grâce à un travail inédit de numérisation des données électorales et socio-économiques des 36 000 communes de France couvrant plus de deux siècles, Julia Cagé et Thomas Piketty proposent une histoire du vote et des inégalités à partir du laboratoire français et nous permettent de porter un regard neuf sur les crises du présent et leur possible dénouement.
La tripartition de la vie politique issue des élections de 2022, avec d’une part un bloc central regroupant un électorat socialement beaucoup plus favorisé que la moyenne – et réunissant d’après les sources ici rassemblées le vote le plus bourgeois de toute l’histoire de France –, et de l’autre des classes populaires urbaines et rurales divisées entre les deux autres blocs, ne peut être correctement analysée qu’en prenant le recul historique nécessaire. En particulier, ce n’est qu’en remontant à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, à une époque où l’on observait des formes similaires de tripartition avant que la bipolarisation ne l’emporte pendant la majeure partie du siècle dernier, que l’on peut comprendre les tensions à l’œuvre aujourd’hui. La tripartition a toujours été instable alors que c’est la bipartition qui a permis le progrès économique et social. Comparer de façon minutieuse les différentes configurations permet de mieux envisager plusieurs trajectoires d’évolutions possibles pour les décennies à venir.
Librairie partenaire : La Cavale.
Julia Cagé est professeure à Sciences Po Paris et lauréate du Prix du meilleur jeune économiste (2023). Elle est notamment l’autrice de Libres et égaux en voix (Fayard, 2020).
Thomas Piketty est directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales et professeur à l’École d’économie de Paris. Il est notamment l’auteur de Le capital au XXIe siècle (Seuil, 2013).
Photo Hermance Triay.
. Mercredi 6 décembre – Cynthia Fleury : « La clinique de la dignité »
L’impératif de dignité s’est imposé ces dernières années au cœur de nombreux mouvements (des Printemps arabes à Black Lives Matter) et débats de société (discriminations, travail, condition animale…). Mais simultanément les atteintes à la dignité se sont multipliées dans les institutions et les pratiques sociales (hôpitaux, EHPAD, prisons…). La promesse de dignité que la modernité annonçait semble ainsi avoir été trahie de façon répétée.
Face à cette menace d’un « devenir indigne » de nos sociétés, Cynthia Fleury pose les jalons d’une clinique de la dignité, pour établir un diagnostic philosophique et des solutions thérapeutiques au chevet des « vies indignes ». Convoquant aussi bien les écrits de James Baldwin, les théories du care ou les approches postcoloniales, la philosophe invite à ne pas se résigner à l’inaction ou à la déploration et appelle à refonder le concept de dignité à partir de ses marges.
Passée au crible de la psychanalyse, de la littérature et des sciences sociales, l’exigence de dignité retrouve toute son actualité, et sa radicalité. Cette réflexion signe ainsi l’ouverture d’un nouvel agir politique, entièrement dédié à la reconquête d’une dignité en action à l’âge de l’anthropocène.
Librairie partenaire : l'Opuscule.
Cynthia Fleury est philosophe et psychanalyste. Elle a été également chercheuse au Muséum national d'histoire naturelle. Elle est professeure au Conservatoire national des arts et métiers, titulaire de la Chaire Humanités et Santé. Elle a récemment publié Un été avec Jankélévich (Équateurs – France Inter, 2023). Photo Benedicte Roscot.
. Mercredi 20 décembre – Raphaël Mathevet – « Sangliers, géographies d’un animal politique »
Ils ne causeraient que des problèmes. Collisions routières, dégâts agricoles, raids urbains, transmission de virus... En somme, ils ne seraient rien d'autre qu'une menace. Pourtant, les sangliers ont longtemps été le symbole de la « nature sauvage », un noble gibier, la bête noire des forêts. Que leur avons-nous fait ? Et que font-ils de nous ? Les sangliers sont parmi nous. Ce sont des acteurs à part entière des plaines et des montagnes comme des villes et de leurs banlieues. Ils se caractérisent par leur mobilité, leur capacité d'adaptation, leur imprévisibilité. Ils résistent à la domination et contrarient nos actions. Les sangliers nous déroutent. Mêlant expériences naturalistes, connaissances écologiques et cynégétiques, Raphaël Mathevet nous invite à une immersion littéraire et scientifique dans la vie commune des sangliers. Avec eux, demandons-nous comment cohabiter avec ce vivant qui, bien souvent, nous dépasse.
Librairie partenaire : la Géosphère.
Raphaël Mathevet est écologue et géographe. Chercheur au CNRS, il travaille sur la conservation de la biodiversité, la gestion concertée des aires protégées et des usages multiples des ressources naturelles. Il coordonne et participe à plusieurs programmes de recherche interdisciplinaire sur les interactions entre nature et sociétés. Il est l’auteur d’une centaine de publications scientifiques et notamment de La solidarité écologique : ce lien qui nous oblige (Actes Sud, 2012).
. Mercredi 10 janvier 2024 – Anne Varichon – « Nuanciers, éloge du subtil »
Le besoin de mémoriser, catégoriser et communiquer la couleur a mobilisé́ pendant des siècles savants et praticiens. Nuanciers relate l’épopée des différentes méthodes mises au point depuis le XVe siècle par des médecins, naturalistes, teinturiers ou artistes peintres pour parvenir, grâce à des dispositifs ingénieux, à cataloguer des fragments de couleurs.
Avec l’avènement de la société́ industrielle, la nécessité de présenter l’ensemble des teintes disponibles devient impérative. Fabricants et commerçants élaborent des outils de présentation d’échantillons de couleurs parmi les plus beaux et les plus variés jamais conçus : les nuanciers.
La société découvre grâce à eux la couleur à foison, qui plus est incarnée dans pléthore de matières : découpes de tissu, mais aussi de cuir, de papier ou de caoutchouc, lamelles de bois ou de linoléum, délicats écheveaux de soie ou vaporeux agencements de plumes, déposes soigneuses de peinture ou de pastels, imitations plus ou moins convaincantes de rouges à lèvres ou de pétale de chrysanthème...
Ces échantillons attestent que l’accès à la couleur s’est enfin démocratisé. Au-delà, ils enseignent à toute une société les noms d’innombrables nuances et leurs divers modes de classement. Les nuanciers façonnent ainsi une culture visuelle, un vocabulaire chromatique et au-delà, instillent un désir de couleur, profond, désormais légitime, et qui peut même être comblé.
En partenariat avec le Bistrot des Ethnologues.
Librairie partenaire : Gibert.
Anne Varichon est une anthropologue spécialisée dans la couleur au sein des identités culturelles, ses matériaux, savoirs, procédés, usages et pensées. Elle est autrice de Couleurs, pigments et teintures dans les mains des peuples (Seuil, 2005), elle participe à de nombreux projets de recherche et publications scientifiques.