Exposition

MO.CO. : Huma Bhabha et les mondes perdus

21-11-23 - 10:57
23-01-24 - 10:10
Après la Flamande Berlinde de Bruyckere et l’Allemand Neo Rausch, le MO.CO. accueille jusqu’au 28 janvier sa troisième exposition monographique consacrée cette fois à l’artiste d’origine pakistanaise, Huma Bhabha. Dessins, photographies, sculptures en liège, polystyrène, bronze ou céramique… Plus de soixante œuvres rassemblées à Montpellier, soit la plus grande rétrospective de l’artiste jamais présentée en France.
Face à face entre les visiteurs et les sculptures géantes d'Huma Bhabha
Jusqu'au 24 janvier au MO.CO. "Une mouche est apparue, et disparut". Rétrospective Huma Bhabha - ©S.M.
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En préambule de son exposition, Huma Bhabha a accepté de donner une conférence dans le cadre des « Jeudis MO.CO. Panacée ». Et devant une salle comble, elle a commencé sa présentation par la lecture d’un texte signé par le poète anglais Percy B. Shelley : Ozymandias. L’histoire d’un voyageur découvrant dans le désert les vestiges d’un ancien mausolée. Un visage à moitié enfoui dans le sable, deux jambes de pierre sans buste, et cette exclamation arrogante inscrite sur la pierre, d’un roi qui pensait défier le temps : « Mon nom est Ozymandias, Roi des Rois. Voyez mon œuvre, ô puissants, et désespérez ».

Des splendeurs antiques aux films d’Aliens

Le fait que ce même poème, soit aussi repris par l’un des personnages du film  Alien Covenant de Ridley Scott, sorti en 2017 - soit exactement 200 ans après la publication du poème – ne fait qu’ajouter au vertige dans lequel nous entraîne l’œuvre d’Huma Bhabha, qui revendique ouvertement ses inspirations multiples, des œuvres antiques aux films d’horreur ou de science-fiction.

Si bien que le visiteur, se retrouvant confronté à son œuvre sculptée, peut se croire aussi bien dans la peau d’un explorateur, tel celui évoqué par Shelley, découvrant un sarcophage ou une relique oubliée ; ou bien au contraire, propulsé dans un futur lointain, passager d’un vaisseau spatial, et débarqué sur une planète aux créatures inquiétantes. 

Un trouble accentué par le fait que l’exposition présentée à Montpellier – première grande rétrospective européenne de l’artiste – délaissant l’approche chronologique, propose une découverte par strates ou plateaux successifs, mêlant différentes techniques et matières, débarrassée de titres (nombreuses pièces étiquetées « untitled ») et dont les cartels, sur la volonté de l’artiste, ont été regroupés en entrées de salles.

C’est ainsi seulement en milieu de visite, que le visiteur pourra découvrir le poème persan d’Omar Khayyam qui a inspiré le titre de l’exposition présentée au MO.CO. de Montpellier : Une mouche est apparue, et disparut. 

Vernissage de l'exposition, Huma Bhabha aux côtés de Michaël Delafosse, maire de Montpellier et de Numa Hambursin, directeur du MO.CO.
L'artiste d'origine pakistanaise, Huma Bhabha, aux côtés de Michaël Delafosse, maire de Montpellier, président de Montpellier Méditerranée Métropole et de Numa Hambursin, directeur du MO.CO. - ©C. Marson

Un panorama de plus de 20 ans de production

Née en 1962 au Pakistan, formée aux États-Unis à la gravure et à la peinture, Huma Bhabha est aujourd’hui surtout célèbre par ses immenses sculptures, exposées aussi bien à New-York, Londres, Austin ou Oslo. Dans son atelier de Poughkeepsie (État de New-York), à côté des pots de couleur ou des photos et dessins collés sur les murs, le visiteur peut s’étonner d’un arsenal de haches, de scies, de perceuse ou de couteau électrique, utilisés pour tailler dans le liège ou le polystyrène. 

Oeuvre peinte de Huma Bhabha
©C. Marson
Public devant les gravures d'Huma Bhabha
©C. Marson
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Oeuvre peinte de Huma Bhabha
- ©C. Marson
Public devant les gravures d'Huma Bhabha
- ©C. Marson

Diplômée en 1989, il lui fallut attendre les années 2000 pour connaître la notoriété. Une longue période de galère, de petits boulots, qui expliquent sans doute l’usage immodéré qu’elle fait dans son œuvre de matériaux de récupération : sacs plastique, grillage, pneus, boîtes, magazines et même quelques crânes d’animaux, vestiges d’un travail alimentaire chez un taxidermiste. Parallèlement à ses travaux de photos et de gravures, rehaussées de collages, pastel ou peinture, l’exposition de Montpellier permet de mettre en valeur l’inlassable travail d’exploration de l’artiste, la recherche de nouvelles techniques. Sa découverte du liège, qu’elle sculpte, noircit, hybride (souvent de manière accidentelle), ou encore l’usage de l’argile, du bronze. Jusqu’aux dernières productions en terre cuite réalisées pour une exposition organisée au Mexique en 2022. 

Au total, l’exposition montpelliéraine propose un panorama de plus de 20 ans de production, en une soixantaine d’œuvres, dont plusieurs en provenance du musée belge M Leuven, partenaire de l’exposition, avec l’aide des galeries Xavier Hufkens, David Kordansky et David Zwirner.

Direction artistique : Numa Hambursin, directeur général du MO.CO ; commissariat : Vincent Honoré, directeur des expositions ; Rahmouna Boutayeb et Pauline Faure, curators, assistés d’Alexis Loisel-Montambaux.

Huma Bhabha Une mouche est apparue, et disparut. Jusqu’au 28 janvier 2024 au MO.CO. 13 rue de la République – ouvert du mardi au dimanche, de 11h à 18h – moco.art.fr

Salle de sculptures de l'exposition
©S.M.
Sculpture d'Huma Bhabha
©S.M.
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Salle de sculptures de l'exposition
- ©S.M.
Sculpture d'Huma Bhabha
- ©S.M.

Biographie express

. 1962 - Naissance à Karashi (Pakistan)

. 1981 – Études aux Etats-Unis : Rhode Island School of Design (Providence) ; School of the Arts, Columbia University (NY)

. 2002 – Installation à Poughskeepsie (État de New-York)

. 2008 – Première exposition individuelle au Musée d’art contemporain Aldrich de Ridgefield (Connecticut)

. 2018 – Huma Bhabha réalisé l’œuvre We Come in Peace pour le jardin sur le toit du MOMA, New-York

. 2023 – 1ère exposition monographique en France, au MO.CO. de Montpellier

 

Le catalogue de l'exposition

Le catalogue

L’exposition est accompagnée d’un catalogue richement illustré, publié pour l’occasion en français et en anglais par Snoeck Edition. Le design graphique a été confié à l’Atelier Tout va bien. Il regroupe des textes inédits de Numa Hambursin, Eva Barois De Caevel, ainsi qu’un entretien entre Huma Bhabha et Vincent Honoré. 

Autour de l’exposition 

. 1er dimanche du mois : entrée gratuite

. Visites guidées tout public : du mardi au dimanche, à 16h. Tarif compris dans le droit d’entrée. Sans inscription dans la limite des places disponibles.

. Visite famille : tous les dimanches, de 11h à 12h30, une visite suivie d’un atelier à partager en famille. À partir de 5 ans. Tarif : 3 euros par participant. Sur inscription.

. Les ateliers du salon : tous les mercredis, de 15h à 16h. Et les jeudis et vendredis pendant les vacances de Noël. Ateliers gratuits, sans obligation d’entrée dans l’exposition, proposés dans l’espace atelier du MO.CO. Sur inscription.

. Spécial visite des tout-petits : formules spéciales pour les 0 à 3 ans, avec exploration des œuvres, livres, comptines, activités au rythme des bébés. 

Infos – réservations :  mediation@moco.art – reservation@moco.art