Arts du cirque / Arts en mouvement

Entretien avec Laurie Quersonnier

27-04-24 - 14:30
Laurie Quersonnier est directrice artistique de la coopérative Créatures Créatrices. Cette dernière organise le festival Lun.e.s jusqu'au 19 juin.
Laurie Quersonnier
Laurie Quersonnier, directrice artistique du festival Lun.e.s - © D.R.
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Pourquoi la transition est-elle le fil rouge du festival Lun.e.s ? 

Laurie Quersonnier : C'est la 2e édition du festival qui met en avant les disciplines que sont le cirque et plus largement les arts en mouvement. C'est un festival qui s'appuie sur un postulat de base : c'est que nous sommes en pleine mutation, pour ne pas dire en plein chaos. Il va convenir dans les années à venir d'opérer pas mal de transition, et à ce titre, nous avons eu envie de mettre en lumière toutes les questions de transition liées à ce XXIsiècle. On entend par là tout ce qui est transition de genre, transition climatique, transition migratoire ; pour ne citer que les principaux axes de la manifestation.

 

Quelle est l’intention de Lun.e.s

L. Q. : C'est un festival qui a pour intention de créer des grands moments fédérateurs. L'année dernière il s’agissait de la traversée funambule réalisée à la Mosson, où d’ailleurs notre association est installée. À travers ces grands moments fédérateurs, c'est à chaque fois le désir de créer du lien de crédit, du lien entre les Montpelliérains et les Montpelliéraines, à travers une manifestation qui se déploie du mois de mars au mois de juin. 

Lun.e.s. est aussi un festival qui a une volonté d'être très inclusive, c'est notre endroit. Creature.s. Creatrice.s, le point «.s » joue sur les inclusivités singuliers/pluriels, plus que masculin/féminin finalement. Puisqu'on vient aussi un petit peu déconstruire tout ça. 

funambule
La traversée par la Cie Basinga, réalisée le 7 mai 2023, dans le cadre du premier festival Lun.e.s et du Permis d'imaginer pour La Mosson - © D.R.

Où se jouent les spectacles ?

L. Q. : Pour mettre en œuvre ce festival nous nous appuyons sur une pluralité de partenaires, qui sont les structures culturelles de la métropole essentiellement. On deviendra, je l’espère, plus régionaux l'année prochaine, mais cette année, nous nous sommes associés au théâtre Jean Vilar, au Chai du Terral, au Domaine d'O, au théâtre La Vista, à la Halle Tropisme… pour ne citer qu’eux. Mais il y a une dizaine de partenaires au total. La nouveauté de cette seconde édition, c’est le spectacle dans les communes, Entrailles de la Cie La Carotte, qui sera donné à Lavérune le 27 avril et à Juvignac le 28. L’idée c’est de déployer sur tout le territoire de la métropole une manifestation pour les arts du cirque et les arts en mouvement. 

Les acteurs
Entrailles sera joué à Lavérune et Juvignac par la Cie La Carotte - © D.R.

Quel est votre public et que vient-il chercher ? 

L. Q. : J'interviens dans plusieurs masters à l'université Paul Valéry et je discute avec les étudiants. Il est vrai que j’ai du mal aujourd'hui à trouver des endroits où je retrouve fréquemment ces étudiants. J'entends de leur part le fait qu'il y a une offre qui a du mal aussi à venir en direction de ces jeunes et aujourd'hui moins en tant que professionnelle du spectacle vivant puis une vingtaine d'années. Je suis assez soucieuse du renouvellement du public du spectacle vivant. Sur notre festival, ce qui nous a marqué l'année dernière, c'est que le public avait une moyenne d'âge estimée à 25-35 ans. Beaucoup de jeunes nous ont dit merci de parler de ces questions, merci d'aborder ces thèmes. Je pense notamment au spectacle de Je suis nombreuxses de Lé Henri Serebriyakov, que nous avions diffusé en 2023 au théâtre Jean Vilar, qui parlait des questions de transition de genre. 

Quelle est la marque de fabrique de votre festival ? 

L. Q. : Lun.e.s est un festival qui se veut disruptif par rapport à ce qui est diffusé aujourd'hui avec une programmation énigmatique et surprenante. Nous avons en effet le souci de déconstruire les choses, jusqu’au rapport scène-salle. Dans le master de « Direction artistique » de l’UPV ; tous les étudiants réinterrogent ce rapport scène-salle. Ils veulent des formes plus inclusives, des formes où il n’y a plus cette barrière entre la scène et la salle, mais aussi sur des formes beaucoup plus immersives, le spectacle sort aussi des lieux où on l’attend. 

À l’instar du spectacle Reste qui sera programmé dans le cadre de Lun.e.s à la piscine olympique Angelotti de Montpellier à une date surprise. On veut aller à des endroits qui ne sont pas forcément des endroits comme étant attendus. Nous travaillons donc actuellement avec les équipes de la piscine avec les clubs sportifs, les clubs de water-polo, d’apnée et de natation synchronisée pour mettre au point ce rendez-vous. 

spectacle aquatique
2000 spectateurs sont attendus à la piscine olympique Angelotti de Montpellier pour le spectacle Reste - © D.R.

Quels types de formes de spectacles le festival Lun.e.s présente-t-il ? 

L. Q. : Si le spectacle Reste rassemblera plus de 2000 personnes, en début de festival, nous avons présenté OMA, une circassienne, au théâtre de La Vista, avec petite forme à quatre-vingt personnes. Ici ou ailleurs qui sera programmé dans le cadre de la Grande parade métèque à Figuerolles, le 18 mai (entrée libre) qui parle des transitions migratoires ayant lieu aux Comores, sera une forme assez intimiste. C’est un festival qui se veut protéiforme dans tous les sens du terme. 

J’aimerai aussi parler du spectacle de clôture Ce qui nous lie. Ce sera un moment fédérateur où le public sera amené à se donner la main. Imaginez une ronde de 200 personnes. Il sera donné le 19 juin à la Maison pour tous Léo Lagrange à 14h et à Tropisme à 19h. Nous avions le désir de programmer à la Mosson où nous sommes implantés et très investis avec les acteurs du cirque et à Tropisme, un endroit plus central qui a toujours été à nos côtés dès le début. Ça a été le berceau du festival. 

creaturescreatrices.com

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