Maison des femmes de Montpellier : vous êtes ici chez vous

28-06-24 - 10:55
02-07-24 - 16:14
La Maison des femmes de Montpellier Agnes McLaren a été symboliquement ouverte ce jeudi 27 juin, dans un local du CHU quartier Port Marianne, en présence des nombreuses personnalités et autant de partenaires publics et privés. Un geste fort, au sein d’un nouveau lieu chargé d’espoir et de promesses, en attendant une future inauguration officielle à la rentrée.
ouverture de la maison des femmes
La création de la Maison des femmes de Montpellier a fédéré de nombreux partenaires publics et privés, aux côtés du CHU de Montpellier, dont la Ville et Métropole de Montpellier - © F. Damerdji
Écouter

Chaque année en France, 200 000 plaintes sont déposées par des femmes victimes de violences. On estime qu'il y en aurait cinq fois plus. La moitié d'entre elles ne franchit pas le seuil d'un commissariat. Face à cette problématique importante, c’est un acte fort, emblématique, engagé, porteur de symboles et d’espoir, qui s’est tenu ce 27 juin, quartier de la Pompignane. Et notamment celui de l’ouverture de la Maison des femmes de Montpellier, lieu d’accueil de femmes victimes de tous types de violences, porté par le CHU de Montpellier, avec le soutien de nombreux partenaires et mécènes dont la Ville et la Métropole de Montpellier, à la fois partenaire et soutenant.   

« Ce qui se passe ici est l’engagement tout entier d’une Ville autour de la question des femmes et de la question féministe. Je me revendique comme maire féministe. Je le suis, nous le sommes et nous essayons d’agir », affirmait avec fierté Michaël Delafosse, maire de la Ville de Montpellier et président de la Métropole, lors de cet événement mémorable, tel un manifeste pour les femmes. « Femme seule avec enfant, ce n’est pas un modèle, mais des milliers d’histoires de vie où les violences sont là. Elles peuvent être physiques, psychologiques elles peuvent être culpabilisatrices, avec la charge mentale, le déclassement... C’est à la rencontre des Montpelliéraines que je l’ai mesuré et cela a forgé mes convictions qui m’ont poussé, modestement, à essayer d’aider ce projet, mais qui nous obligent tous à ce que notre ville, et je veux le dire avec force, soit totalement au rendez-vous de ces sujets-là. Je suis très fier, comme maire de la Ville, que ce projet voit le jour. Il vient continuer à écrire la modernité de Montpellier. Une ville qui considère que les femmes doivent continuer à briser les plafonds de verre et que l’égalité s’applique. »

Lieu d’accueil, d’écoute, de soins et d’enseignement

À l’origine de la création de la Maison des femmes de Montpellier, des rencontres humaines, une forte volonté politique, ainsi que la mise en place d’une formidable synergie de coordination de la santé au féminin. Une émulation fédératrice saluée par l’ensemble des acteurs présents lors de l’ouverture.

Anne Ferrer, directrice générale du CHU de Montpellier débutait les prises de parole : « On s’était dit, avec les équipes du CHU et avec tous nos partenaires, que nous allions ouvrir au mois de juin, nous sommes en juin et nous le faisons », en se tournant vers Alexandra Lamy et Ghada Hatem, les deux marraines du lieu, avant de poursuivre, « nous avons nos deux femmes inspirantes auprès de nous. Je suis heureuse de les accueillir. Vous êtes deux marraines formidables, vous êtes deux inspiratrices fortes », tout en rappelant l’importance d’une telle ouverture de lieu, « chaque seconde compte pour que nous soyons tous prêts pour accueillir les femmes victimes de violences, qui éprouvent le besoin de trouver un cocon, des professionnels formés et à l’écoute, des associations présentes. Nous sommes un lieu de soin. Un lieu où l’on va vers, un lieu de lien social. » 

Une co-construction

Le professeur Pierre Boulot, de l’association Maison des femmes de l’Hérault rappelait l’historique du lieu. « Depuis deux ans que nous travaillons là-dessus. C’est une co-construction assez unique en France, qui nous a apporté une connaissance exceptionnelle du tissu social du territoire. C’est un gage de réussite. Nous devons être à la hauteur. » Avant de rappeler également la nécessité que cela soit accompagné de deux axes complémentaires : l’enseignement des violences sexistes et sexuelles, ainsi que la formation face à cela. Et la nécessité de faire de la recherche, pour obtenir à terme une base de données nationale pouvant servir d’indicateur sur où mettre les forces. « On est au-delà du soin. On touche à toutes les dimensions d’une personne qui a été maltraitée. »

Deux marraines : Ghada Hatem et Alexandra Lamy

Une nécessité également soulignée par Ghada Hatem, médecin gynécologue fondatrice de la Maison des femmes de Saint-Denis et également marraine de la Maison des femmes de Montpellier « La vie est faite de rencontres. Sans ces rencontres exceptionnelles, rien ne se serait passé. » Avant de remercier les personnes présentes pour le soutien et de rappeler, « nous devons former tout le monde dans notre milieu et faire de la recherche. » 

Une genèse du projet également saluée par Aline Faucherre, présidente du CIDFF (Centre d'information sur les droits des femmes et des familles) rappelant la rencontre du 8 mars 2022, qui avait réuni les deux futures marraines pour parler du projet, avant la naissance du lieu. Rencontre qui a donné vie au projet et permis sa concrétisation. « Nous avons su nous parler, construire un discours et un projet communs. Vous êtes ici chez vous. C’est le message que nous voulons faire passer aux femmes qui vont pousser la porte ». Une ambition qui se retrouve jusque dans le logo du lieu : un mur pour symboliser le socle, et un toit ouvert qui permet d’imaginer un avenir hors des violences. « C’est aujourd’hui pour nous un grand jour, qui montre comment on peut être solidaires. Comment quand on travaille ensemble, on peut arriver à de grandes choses. »     

« Je suis très heureuse d’être la marraine de ce lieu », affirmait Alexandra Lamy, marraine investie souriante, arrivée sous les applaudissements du public et dont la notoriété pourra contribuer à la bonne visibilité de l’initiative, pour faire des émules. Avant de rappeler avec détermination et authenticité, « je ne lâche pas, je ne lâche jamais. Merci à tous ceux qui ont participé, d’avoir permis que cette maison existe. J’espère qu’il y en aura d’autres. »

Aller plus loin

À Montpellier, ville humaniste où le Prix Nobel de la Paix Denis Mukwege, « l’homme qui répare les femmes », a été fait citoyen d’honneur de la ville ; où la police municipale, les forces de gendarmerie et police nationale sont formées contre le harcèlement de rue ; où les noms des femmes de l’histoire honorent les rues, son maire Michaël Delafosse s’engageait.

« Cette grande ville humaniste qu’est Montpellier doit être celle qui répond à ces défis. La maison s’ouvre. On va ajouter des acteurs pour continuer la dynamique du projet. On veut que, après la Maison des femmes de Saint–Denis qui nous a inspirés, le modèle de Montpellier inspire d’autres », avant d’affirmer également sa volonté d’ajouter, à destination des associations, un nouveau module de lutte contre le racisme et antisémitisme, l’homophobie et les violences sexistes et sexuelles. « Tout argent public doit contribuer à ce que chacun porte ces engagements ».

Accompagnement transversal et lieu unique pour les femmes et les enfants

Le local de 200 m² appartenant au CHU de Montpellier accueillera des femmes à partir du mois de juillet. C'est un lieu unique pour la prise en charge globale des femmes victimes de violences physiques, sexuelles, psychologiques et administratives. Il regroupera des médecins, des gynécologues, des psychologues, des assistantes sociales, des associations, pour un accompagnement transversal et une prise en charge adaptés pour les femmes et leurs enfants. Pour les aider à se reconstruire physiquement et psychologiquement. 

>>> La maison des femmes, 1065 avenue de la Pompignane à Montpellier est ouverte du lundi au vendredi de 9h à 16h30.
Téléphone : 04 67 33 48 83
Mail : secretariat-mdf@chu-montpellier.fr  

Modèle inspirant 

À l’origine des Maisons des femmes, une prise de conscience. Celle de Ghada Hatem, médecin gynécologue-accoucheuse à Saint-Denis : les violences subies impactent la santé des humains, mais ce sujet n’est jamais abordé dans la formation des médecins, et de ce fait, rien n’est organisé pour que les patientes abordent cette question. Naît alors l’idée d’un lieu dont l’existence même serait le début d’une prise en charge, une invitation aux femmes et aux enfants à parler et à demander de l’aide. 

En 2016, La Maison des femmes prend vie. C’est une structure médico-sociale unique, rattachée au Centre hospitalier de Saint-Denis et ouverte sur la rue, où les femmes victimes de violences reçoivent des soins et sont soutenues dans leur reconstruction.

"C'est un lieu unique pour une prise en charge globale pour les femmes victimes de toutes sortes de violences. Adossé à un centre hospitalier, il propose du soin mais aussi tout ce qui permet de retrouver une autonomie au-delà du soin", selon les termes utilisés par sa fondatrice, Ghada Hatem à Saint-Denis lors de la création de la première maison des femmes en 2016.

Avec l’ouverture de la Maison des femmes Agnes McLaren, l'Hérault sera le seul département de France à avoir deux Maisons des femmes. Une Maison des femmes existe déjà à Béziers depuis 2021. 

À Montpellier, une Maison des femmes nommée « Agnes McLaren »

Agnes McLaren (1837-1913) a été, en 1878 la première femme médecin diplômée par la faculté de Médecine de Montpellier. Écossaise et suffragiste, elle a combattu pour les droits des femmes.  

Un « symbole qu’un plafond de verre était tombé », a rappelé Michaël Delafosse lors de l’ouverture de l’établissement. « Et maintenant 60 % des diplômés de la faculté de médecine sont des étudiantes. »